references
CLUB ENTREPRENDRE
Leçons de maux
n°3
Coup de chaud sur Photowatt
C’est l’histoire d’un pays, leader du nucléaire civil, amoureux de l’atome, qui a bien failli devenir le numéro un du photovoltaïque. Et le récit d’une entreprise qui fabriquait des panneaux solaires alors que les énergies renouvelables n’étaient encore qu’un sujet confidentiel, mais qui a été à deux doigts de disparaître. Heureusement, l’énergie solaire n’a pas dit son dernier mot, Photowatt non plus.
tionné ». En 2000, le gouvernement Jospin a bien introduit des tarifs de rachat pour soutenir l’émergence des nouvelles énergies... mais ils sont trois fois moins élevés qu’en Allemagne ! Il faudra attendre watt, avec une production de 60 mégawatt, fabrique à 2 euros/watt alors que la concurrence chinoise se contente de 1,3 euros. Les installateurs et développeurs de parcs remercient et achètent, y compris jadis 5e, se retrouve à la 72 e place du classement mondial des producteurs de modules, carnet de commande vide et 442 salaires à verser. ATS veut se débarrasser de ce fardeau et annonce le dépôt de bilan le 4 novembre 2011. Rideau !
rachat profitent plus aux producteurs chinois qu’à la filière française
2004 pour que le crédit d’impôt recherche soit instauré, et 2006 pour que les tarifs s’alignent sur ceux des pays voisins, permettant enfin à l’entreprise iséroise de développer son activité et doubler ses effectifs. Elle n’oublie pourtant pas la R&D et lance en 2007, en partenariat avec EDF Energies Nouvelles et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le projet PV Alliance pour développer des cellules solaires à haut rendement : l’avenir frappe à la porte. en France. Finalement, les tarifs de rachat profitent davantage aux producteurs chinois qu’à la filière française. Pire, malgré une visite du président Sarkozy en 2009 dans ses locaux, le leader français ne semble pas être au cœur des préoccupations de l’Etat. Dans un rapport parlementaire en octobre 2010, l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Geneviève Fioraso dénonce le manque de réactivité de l’Etat : « Deux ans en ce qui concerne Photowatt, toujours en attente de renforcement de ses fonds propres et d’un financement d’une unité pilote de démonstration ». Vains mots. Le célèbre et contesté rapport de l’Inspecteur général des Finances Jean-Michel Charpin, qui pointe leurs insuffisances, ouvre la porte à la fin des aides au secteur. En novembre 2010, le gouvernement annonce un moratoire de trois mois sur toute nouvelle installation photovoltaïque, ce qui coûte à Photowatt trois gros clients, soit 40 mégawatts de commandes. Suivent une baisse du tarif de rachat et un durcissement global de la réglementation du secteur. Le propriétaire, ATS, n’apprécie guère. Dans la foulée, il annonce un plan social concernant les 670 salariés de l’entreprise et délocalise une partie de la production en Pologne et... en Chine ! Photowatt,
“Finalement, les tarifs de ”
Photowatt a eu son lot de nuages noirs n janvier dernier, la France introduisait des mesures pour favoriser les panneaux photovoltaïques made in Europe. Aujourd’hui, c’est l’Union Européenne qui voudrait intervenir en la matière, pour protéger les industriels du continent. Trop tard ? Une question à poser à ces pionniers qui, dès 1979, fondaient près de Caen celui qui deviendra rapidement le fleuron des énergies renouvelables de l’Hexagone.
E
1979-1996 : l’étincelle
goin-Jallieu, dans l’Isère, pour se rapprocher des industriels des semi-conducteurs et des prestigieux centres de recherche en énergie solaire de Lyon et Grenoble. Car Photowatt a faim d’innovation, tant dans le produit que dans le process. Dès 1984, à la pointe sur son domaine, l’entreprise développe son propre procédé de fusion pour fabriquer le silicium multi cristallin des cellules. Alors qu’elle n’est pourtant encore qu’une PME de 80 salariés dotée d’une capacité