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n°3
PAnoRAMA
Rétrospective
Sommaire
Edito Rétrospective : le scandale en héritage 2 3
Dans chaque numéro, EcoRéseau vous propose de revenir sur un événement ou une institution qui fait l’actualité, en les mettant en regard de ce qu’ils étaient ou auraient pu être il y a un demi-siècle. Pas question de comparer l’incomparable, de fustiger ou de glorifier le passé. Simplement de montrer que non, ça n’était pas forcément mieux avant. ls sont méchants les gouvernants, ils sont meilleurs les électeurs. » telle fut la version 2013 de la fameuse rengaine du Dîner de Cons. Dans le rôle de l’odieux M. Brochant, Jérôme Cahuzac. Dans celui de François Pignon, 65 millions de Français se sentant bernés par une classe politique pratiquant avec cynisme la méthode du « faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ». Résultat, le lancement d’une vaste opération de moralisation de la vie politique, apportant des tombereaux d’eau pas très claire au moulin des partisans du « tous pourris ». Mais pour être pourri, encore faut-il avoir été vert. Puis mûr. en matière de morale, la classe politique l’a-t-elle déjà été ? Depuis Machiavel, on sait que pour entrer dans l’arène du pouvoir, il est préférable de laisser les bons sentiments au vestiaire. Pour autant, on perçoit vaguement, comme le goût de banane dans le Beaujolais nouveau, l’idée selon laquelle nos dirigeants étaient plus vertueux jadis. et grand-mère de confirmer en bout de table… « Les affaires de corruption ont toujours existé », tranche Christian Delporte, historien de la politique, professeur à l’université de Versailles. la fin du XiXe siècle est par exemple
le scandale en héritage
l’affaire Cahuzac a jeté le doute sur la moralité du personnel politique qui, reconnaissons-le, ne semble pas toujours très droit dans ses bottes. Faut-il s’en désoler ? Sans doute. Y voir une déliquescence des mœurs de la classe dirigeante ? non. Comme les erreurs d’arbitrage au football, les affaires ont toujours fait partie du jeu politique. Coup d’œil dans le rétroviseur.
financement du Parti Communiste par Moscou. Pas de quoi fouetter un chat. « Mais ce n’est pas parce que l’on n’a pas de thermomètre qu’il ne fait pas chaud, lâche Christian Delporte. Les gens n’étaient pas plus honnêtes, simplement, personne n’en parlait parce que de Gaulle avait tout verrouillé. La radio et la télévision appartenaient à l’Etat et la presse écrite hésitait à contrapoussent mieux sur un sol de crise. et puis, la politique change de visage après de Gaulle. « C’était encore une époque où on considérait la responsabilité politique comme une charge, alors qu’aujourd’hui, elle est devenue un métier. Les partis devenus des machines électorales s’apparentent aussi davantage à des entreprises qui ont d’abord besoin de beaucoup d’argent. Notamment pour leur communication qui, depuis les années 1970, a acquis une importance considérable. Dans ces conditions, on constate qu’à partir de Pompidou, les grandes affaires sont presque toutes liées au financement occulte des partis. Ce ne pouvait pas être le cas vingt ans plus tôt, où leur force de frappe reposait sur le militantisme. » Last but not least, l’élu des débuts de la Ve République est issu des rangs de la fonction publique. Pour une raison simple : l’assurance de retrouver un job en cas de revers électoral. Aujourd’hui, si les fonctionnaires restent largement représentés, on passe aussi de son fauteuil de PDG aux bancs de l’Assemblée, qui plient sous le poids des comptes en banques affichant parfois jusqu’à six zéros. eux qui, longtemps, n’eurent qu’à soutenir les séants de bons bourgeois de province.
Olivier Faure
PANoRAmA
L’Entretien : Chantal Jouanno Régions & Territoires : toulouse Hexagone : Contre-pouvoirs International : Raison close A la Une : Baby boomers contre baby losers
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