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La valeur ajoutée des femmes dans les métiers de la tech est indéniable, mais leur accès à ce secteur reste entravé par des stéréotypes persistants. Par Éloïse Ghertman, CEO de Gymglish, société spécialisée dans les cours de langues en ligne
TRIBUNE. Ada Lovelace, Grace Hopper, Anita Borg… la technologie moderne leur doit tout. Pourtant, leurs noms sont tombés dans l’oubli, à mesure que l’informatique devenue stratégique et lucrative, reléguait les femmes vers des postes secondaires. Leur effacement ne doit pas laisser croire que les femmes n’ont pas leur place dans ce secteur.
En France, seulement un quart des emplois dans la tech sont pourvus par des femmes[1], malgré la croissance exponentielle de cette filière. Pour leur offrir de réelles opportunités, il est urgent d’agir et de lever les obstacles à chaque étape, de la formation à la carrière. La solution ? La discrimination positive.
Créer les conditions d’une tech inclusive
Depuis 30 ans, la proportion de filles en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) reste figée à 30,9 %[2]. Les quotas ont déjà prouvé leur efficacité pour promouvoir l’égalité des chances. Pourquoi ne pas les appliquer également afin d’atteindre la parité hommes-femmes dans les formations scientifiques et technologiques ? En instaurant un taux de recrutement de 50 % de femmes, nous pouvons envoyer un signal fort aux jeunes filles : elles sont non seulement attendues, mais encouragées à participer à la révolution numérique !
À terme, les quotas dans le système scolaire mèneront à un rééquilibrage dans les métiers du numérique. En attendant, il faut les appliquer dès maintenant au secteur privé. Treize ans après l’adoption de la loi Copé-Zimmermann, il faut faire de la parité dans les instances dirigeantes un objectif pour toutes les entreprises de la tech, y compris les plus petites.
D’ailleurs, cette féminisation doit se concrétiser à tous les niveaux, en particulier dans les équipes techniques. Pour les grandes entreprises, fixons un objectif de 30 % de femmes dans les équipes d’ingénieurs et de R&D, soutenu par un programme de formation interne. Pour les plus petites, commençons par les inciter à prendre part à l’effort collectif en leur faisant bénéficier de mesures fiscales avantageuses.
Des « rôles modèles » pour inspirer les générations futures
Les quotas favoriseront aussi la rétention des femmes dans la tech : minoritaires dans les équipes, celles-ci souffrent au mieux d’isolement, au pire de pratiques sexistes, et quasi systématiquement de disparités salariales et d’un manque de perspectives. Ces conditions les poussent à quitter le secteur, renforçant l’idée que la tech n’est pas pour elles.
Leur fidélisation sera favorisée dès qu’elles seront entourées de collègues femmes, de manageuses et de dirigeantes, créant un climat de travail plus favorable. Qu’elles soient manageuses, mentors, dirigeantes ou personnalités publiques, la visibilité des femmes dans la tech est essentielle. À tout âge, disposer de modèles féminins inspirants est décisif pour se projeter. Mettre en lumière leur réussite est primordial pour déconstruire les stéréotypes de genre.
Ainsi, en instaurant des quotas de représentativité, nous affirmerons notre détermination collective à bâtir une industrie technologique véritablement diversifiée et équitable.
[1] Les femmes restent très minoritaires dans les métiers de la transformation numérique et du développement durable − Emploi, chômage, revenus du travail. Édition 2023 | Insee.
[2] La Femme Invisible dans le numérique : le cercle vicieux du sexisme. 2023. Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes.