Le plastique nous étouffe

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Les scientifiques ne cessent de nous alerter sur la présence nocive du plastique dans l’air, dans l’eau, dans les sols, mais aussi dans nos poumons, nos artères et notre cœur, et même jusque dans notre cerveau !

Après deux ans de pourparlers, les 175 pays réunis à Busan, en Corée du Sud ne sont pas parvenus à trouver un accord pour terminer la rédaction du premier traité international sur le plastique (INC-5). En mars 2022, lors de la cinquième session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement, une résolution historique a été adoptée pour l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant sur la pollution plastique, y compris dans le milieu marin, basé sur une approche qui aborde le cycle de vie complet du plastique de sa production à son élimination.

À Busan, l’obstruction est venue de certains pays pétroliers, menés par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran, qui estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage et non la production. Un groupe d’une centaine de pays favorables à un texte ambitieux s’est clairement déclaré en faveur d’une réduction chiffrée de la production de plastique, une démarche non soutenue par la Chine et les États-Unis. Les États pétroliers et les grands fabricants du plastique ne veulent pas d’un traité recouvrant l’ensemble du cycle de vie du plastique.

Jusque dans notre cerveau !

Cette rencontre internationale fut aussi une occasion d’évoquer des témoignages et récits sidérants sur les méfaits du plastique pour la santé. En Alaska, une crise de cancer s’est développée dans plusieurs des communautés indigènes. Au Népal, des déchets plastiques ont inondé des villages de montagne et le bétail ingère ces débris et meurt. Au Brésil, des micro-plastiques ont été repérés jusque dans le cerveau humain. Une étude parue dans The Lancet montrait qu’une naissance prématurée sur dix aux États-Unis était associée à l’exposition des femmes enceintes aux phtalates. Les scientifiques ne cessent de nous alerter sur la présence nocive du plastique dans l’air, dans l’eau, dans les sols, mais aussi dans nos poumons, nos artères et notre cœur, et même jusque dans notre cerveau !

Bon élève et exemplaire de cette conférence : le Rwanda qui a été félicité pour sa politique environnementale efficace. Kigali a mis en place une initiative unique, l’umuganda, qui incite, chaque dernier samedi du mois, les citoyens à participer à des actions de nettoyage, comme le ramassage des déchets plastiques dans les espaces publics. Un hommage a été rendu aux 20 millions de ramasseurs de déchets dans le monde qui sont souvent issus de communautés pauvres et marginalisées. Selon l’Alliance internationale des ramasseurs de déchets, ces travailleurs collectent environ 60 % de l’ensemble du plastique destiné au recyclage dans le monde.

90 % des plastiques ne sont pas recyclés

« Le plastique nous étouffe. Chaque année, l’humanité produit plus de 460 millions de tonnes de plastique dont la moitié est conçu pour un usage unique, c’est-à-dire qu’il est utilisé une fois et jeté. D’ici à 2050, il pourrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans », a souligné António Guterres, secrétaire général de Nations unies.

Selon une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), si rien n’est fait, la pollution plastique pourrait tripler dans le monde d’ici à 2060. Rappelons que plus de 90 % des plastiques ne sont pas recyclés ! Et il ne faut pas compter sur le recyclage pour échapper à cette pollution massive car les plastiques recyclés ne devraient représenter que 12 % en 2060.

Donc, il est urgent de mettre fin à la pollution plastique tout au long de son cycle de vie, de la production à l’élimination, afin de protéger l’environnement et la santé humaine. Les États doivent cesser de tergiverser dans des négociations internationales sans tenir compte des conséquences désastreuses de cette pollution sur la santé humaine et l’environnement. Personne ne peut admettre que des particules de plastique envahissent son sang et ses organes !

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