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Quand il vous raconte Cityscoot, Bertrand Fleurose évoque tout ce qu’il a appris au
cours de ces huit années, aussi bien les heures florissantes de sa société que les trois
derniers mois où il a tenté de la racheter.
Cet ancien salarié de la finance a sauté le pas de l’entrepreneuriat en 2005 pour d’abord lancer un « Midas du deux-roues ». Huit ans plus tard, porté par la disruption du marché de la mobilité, il crée Cityscoot. Le temps est au développement des platesformes de partage de véhicules, au désengorgement de la circulation dans les métropoles, à la recherche de solutions durables et à la montée de l’électrique. Un timing parfait pour donner vie à son projet : proposer des scooters électriques en libre-service dans les grandes villes.
Les montagnes russes
L’aventure commence sur les chapeaux de roue. Boosté par sa confiance en lui et sa capacité à embarquer les équipes, Bertrand s’entoure. « Très vite, je me suis rendu compte que mes collaborateurs étaient très bons, et plus important encore, qu’ils étaient meilleurs que moi chacun dans leur domaine (finance, marketing, ventes, RH, SI…). C’est cette alchimie entre leurs compétences et mon engagement de dirigeant qui pouvait nous emmener très loin. J’ai adoré travailler avec eux tous, même si parfois nous n’étions pas d’accord », nous confie-t-il. Les résultats sont là : Cityscoot affiche plus de 100 % de croissance chaque année, lève des fonds et pense à l’étranger.
Problème, « scaler » à l’international, ce n’est pas si simple. Cela demande beaucoup de capitaux et peut achopper à cause d’une méconnaissance des marchés et de la culture locale. Quoi qu’il en soit, porté par l’ambition et la vision qu’il a pour son entreprise, Bertrand tente le grand saut et investit, beaucoup. On est en 2019… Quelques mois plus tard survient la crise covid, suivie par l’adoption massive du télétravail et des vélos électriques. Son marché se rétracte, les utilisateurs se font plus rares… mais les remboursements se poursuivent et les charges tombent. L’argent manque. En 2022, pour tenter de maintenir Cityscoot à flot, les actionnaires optent pour un plan d’action très sévère sur lequel Bertrand n’est pas aligné. Il doit quitter l’entreprise qu’il a créée.
Triste épilogue… pour mieux rebondir ?
JE N’AI CESSÉ
D’Y CROIRE
Les enjeux de la mobilité et la volonté d’imaginer des business qui ont un impact continuent de l’animer. Quand en 2023, il apprend la mise en redressement judiciaire de
Cityscoot, il se dit qu’il y a quelque chose à faire. Le contexte est à nouveau favorable (paiement du stationnement pour les scooters thermiques, recul du télétravail, fin des trottinettes, etc.). Alors il prend la parole. Son premier post LinkedIn est vu et repartagé plus de 900 000 fois. Boosté, le voilà qui monte un nouveau business plan et recherche des fonds pour relancer l’entreprise. Il a besoin de cinq millions d’euros. « Pendant trois mois, je n’ai cessé d’y croire, j’ai pris mon bâton de pèlerin, mobilisé une équipe, multiplié les appels. Triste épilogue : je n’ai pas bouclé le financement, les juges donnent Cityscoot à Cooltra, malgré la perte de la marque pour la France et les conséquences pour les équipes. »
Mais là encore, s’il espérait une autre issue, Bertrand a appris beaucoup. Outre connaître ses forces et ses points d’amélioration, il mesure combien rester connecté à l’écosystème entrepreneurial est essentiel – sur LinkedIn ou via les associations comme les Rebondisseurs Français où il retrouve ses pairs. Ayant vécu aussi bien l’hypercroissance et la réussite que les pivots, les prises de bec, les trahisons, Bertrand a cette conviction forte : avec le temps et l’expérience, on rebondit de mieux en mieux et de plus en plus loin !
CLAIRE FLIN