Ne laissons pas aux seuls hommes le soin de créer le numérique de demain

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Frédéric Meunier : (Crédits : Philippe Piedelievre)

Plus de femmes dans le numérique. Par Frédéric Meunier, directeur général de l’Efrei.

TRIBUNE. La question de la parité dans les sciences n’est pas nouvelle. Selon l’Unesco, on compte environ 30 % de femmes dans la recherche scientifique en France, contre 41 % dans les pays arabes, 44 % en Amérique Latine et les Caraïbes, ou encore 47 % en Asie Centrale. Dans le numérique aussi, les femmes doivent être plus nombreuses.

Un secteur en plein essor

Si l’on s’intéresse plus précisément au numérique, on dénombre environ 24 % de femmes en activité en France, un chiffre qui augmente peu malgré les initiatives de nombreux acteurs. Pourquoi, dès lors, est-ce que les pays européens et plus particulièrement la France ont autant de difficultés à attirer les femmes dans les carrières scientifiques, et par extension à les intégrer dans la révolution numérique ?

D’abord, il faut souligner que ce problème ne devrait, en théorie, pas exister. Les femmes comme les hommes ont les mêmes compétences pour exercer des métiers des plus accessibles aux plus techniques. De plus, le secteur du numérique reste en croissance, poussé par l’intelligence artificielle, le cloud, la cybersécurité… Les entreprises sont toujours en pénurie de profils qualifiés sur le marché, dont la croissance est estimée à plus de 4 % en 2025 par Numeum.

Les femmes sont donc peu représentées dans des domaines qui construisent pourtant notre avenir. L’IA générative en est un bon exemple, car elle connaît un développement rapide et tout semble indiquer que, d’ici à quelques années, elle fera partie intégrante de notre quotidien. Si les questions de diversité et de parité ne sont pas prises en compte durant la conception et l’entraînement des modèles d’IA, ils peuvent alors perpétuer des biais – par exemple  représenter un ingénieur informatique comme masculin, ou encore privilégier des CV d’hommes dans des logiciels de recrutement.

Sensibiliser au plus tôt

Mon constat, après des années d’effort pour promouvoir les matières scientifiques auprès des jeunes filles, c’est qu’il est nécessaire d’agir le plus tôt possible si l’on souhaite féminiser le numérique. En effet, si le choix des spécialités scientifiques, nécessaires pour travailler dans le numérique, se fait au lycée, il découle d’une réflexion qui démarre dès le collège si ce n’est à l’école primaire. Or, dès le plus jeune âge, les filles peuvent être exposées à des stéréotypes et être découragées à se tourner vers les domaines scientifiques.

La parité dans le numérique n’est atteignable qu’avec une mobilisation continue de l’ensemble des acteurs évoqués plus tôt : l’État, les entreprises, les établissements d’enseignement du primaire jusqu’au supérieur… C’est une question qui touche à notre culture, aux modèles que nous souhaitons transmettre à nos enfants. La charte sur les jouets non-genrés est un bon exemple d’action concrète, et la mise en avant de « role models » féminins est également efficace pour montrer aux jeunes filles les possibilités de carrière dans le domaine. Enfin, les professeurs des écoles, mais aussi les parents ont plus particulièrement un rôle à jouer pour orienter, dépasser les clichés et encourager les jeunes filles à casser ce plafond de verre.

Le numérique est le secteur d’avenir, qui offre une multitude de métiers passionnants et bien rémunérés. L’enjeu est bien réel : ne laissons pas aux seuls hommes le soin de créer le futur du numérique !

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