Assurances-vie, diversification en vue

Quand on met tous ses œufs dans le même panier, le cochon souffre…
Quand on met tous ses œufs dans le même panier, le cochon souffre…

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S’adapter à l’environnement hostile

Les fonds en euros, malgré la forte baisse des taux, ne vont pas disparaître, mais les épargnants doivent apprendre à varier les plaisirs avec les unités de compte.

L’assurance-vie reste l’un des placements préférés des Français. A fin mai, le stock d’épargne s’élevait à plus de 1 600 Md€ et la collecte nette s’affichait à 11 Md€. Mais il faut noter que la collecte de mai était en net retrait. Serait-ce les premiers signes d’un désamour ? « Les Français sont de plus en plus attentistes au niveau de leurs placements en optant pour la liquidité totale. Les dépôts à vue sont au plus haut et le Livret A retrouve même quelques couleurs. L’assurance-vie pâtit légèrement de cette préférence pour la liquidité », analyse Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne. Si l’assurance-vie ne souffre pas encore de désaffection, elle marque indubitablement le pas. « L’effet baisse des taux, renforcé par la communication des acteurs économiques soulignant la nécessité de les réduire à nouveau, se fait ressentir », explique Philippe Crevel. Mais alors investir sur des fonds en euros reste-t-il valable ? Habitués à des rendements de 3 à 4 % par an, nets de frais, les épargnants doivent aujourd’hui se contenter d’une rémunération bien plus faible. En 2015, les fonds en euros ont rapporté entre 2,3 % et 2,5 %. Cette année, la rémunération moyenne pourrait passer sous la barre des 2 %. L’explication est simple : les fonds en euros, investis en obligations d’Etat, sont impactés par la baisse durable des taux d’intérêt à long terme. « En 2015, nous avons servi 2,90 % sans toucher à nos réserves. Certains assureurs servent des taux « artificiels » en puisant dans leurs réserves », fait remarquer Charles Archambeaud, responsable marketing produits à la Carac.

L’avenir est aux UC

Dans ce contexte, les assureurs incitent les épargnants à se tourner vers des contrats en unités de compte, autrement dit des contrats où l’épargne est investie sur une multitude de supports financiers. Le discours semble avoir du mal à passer puisque, entre janvier et mai, les cotisations versées sur les supports en UC s’élèvent à 11,4 Md€, soit à peine 19 % des cotisations. Axa tire son épingle du jeu avec, depuis janvier, 37 % de collecte sur les UC. « Nous avons formé nos équipes pour qu’elles puissent faire un travail de pédagogie auprès des clients », justifie Mathilde Munière.

La directrice de l’offre Investissements d’Axa rappelle que les UC n’offrent pas de garantie formelle en capital. « Les placements sur les UC sont par nature volatiles et la valeur du contrat de l’épargnant peut fluctuer sur certaines périodes. Mais le risque peut être maîtrisé en diversifiant les thématiques d’investissement : actions, obligations d’entreprises, immobilier. Et nous pouvons offrir à nos clients des opportunités avec un investissement sur le long terme », argumente-t-elle. Les chiffres de la Fédération Française de l’Assurance le prouvent : les fonds à risque ont perdu en moyenne 7 % en 2011, avant de gagner 11 % en 2012, 8,20 % en 2013, 5,90 % en 2014 et 4,10 % l’an dernier.

Pour accompagner ses clients vers les UC, Axa a pris une autre initiative, avec le développement de la gestion pilotée. « Désormais accessible aux clients qui ont une enveloppe d’épargne de 10 000 €, cette gestion sous mandat permet de déléguer les choix d’investissement à nos experts. C’est une bonne option car pour faire les bons placements il faut avoir le temps de passer les mouvements et surtout faire preuve de réactivité », fait savoir Mathilde Munière. En 2015, le profil gestion pilotée Fortissimo (100 % UC) a affiché une performance de +6,89 %.

A n’en pas douter, l’assurance-vie se trouve à un tournant. « Dans un environnement de faibles taux, le modèle de l’assurance est amené à évoluer tant pour les assurés que pour les professionnels de l’assurance », affirme Philippe Crevel. Le schéma le plus probable, et aussi le plus sûr, se résume au vieil adage « Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». « Il faut ajuster le curseur entre sécurité et risque pour obtenir la meilleure réponse possible aux objectifs de l’épargnant », conclut Charles Archambeaud.

Trois questions à Charles Archambeaud, responsable marketing produits à la Carac.

« Le bon compromis, c’est un mix de placements »

Quelle est la bonne attitude à adopter dans le contexte actuel de l’assurance-vie ?

Les fonds en euros, sans risque, affichent un rendement faible mais totalement sécurisé, tandis que les contrats multi-supports offrent des opportunités de performance supplémentaire. Le bon compromis, c’est un mix de placements, pour absolument diversifier le patrimoine.

Comment accompagnez-vous vos clients ?

Nous réalisons un diagnostic avec le client pour connaître ses objectifs, son horizon de placement, son appétence au risque et nous étudions son niveau de revenus, niveau de charges, capacité d’épargne, bilan de patrimoine… Avec ce profil, nous proposons une gamme de solutions en fonction des objectifs de l’épargnant et des besoins de financement lors des grandes étapes de la vie.

Quels sont les résultats de la Carac sur les UC ?

Nous avons trois supports en unités de compte dans l’offre d’investissement de notre contrat multi-supports Carac Profiléo : Carac Perspectives Immo, Carac Actions Zone Euro et Carac Actions Internationales ISR. La performance du fonds Carac Actions Zone Euro s’est établie à 9,97 % en 2015 et celle de Carac Actions Internationales ISR à 9,47 %.

Perp

Un complément à l’assurance-vie

Les Français s’inquiètent pour leur retraite. Pour répondre aux problèmes de financement, ils sont de plus en plus nombreux à privilégier une solution privée, notamment le Plan d’épargne retraite populaire qui, en 2015, a dépassé le cap des 12 Mds€ d’encours. « Le bon âge pour commencer à s’intéresser au Perp est 35-40 ans », conseille Mathilde Munière.

Extrêmement flexible puisque l’épargnant choisit la fréquence et le montant des versements, le Perp est aussi un outil de défiscalisation avantageux puisqu’il permet de déduire de son revenu imposable l’intégralité des versements, jusqu’à 10 % du salaire net imposable de l’année précédente. « Ce produit commence à être pleinement intéressant pour les foyers dont la tranche marginale d’imposition est égale ou supérieure à 30 % », estime la directrice de l’offre Investissements d’Axa.

Jusqu’en 2010, la sortie ne pouvait se faire que sous forme de rente viagère. Depuis, cet inconvénient a été partiellement réduit : il est possible de récupérer 20 % de l’épargne accumulée sous forme de capital.

« Le Perp est complémentaire à l’assurance-vie. Ces solutions permettent de combiner revenu complémentaire et capital pour les projets », résume Charles Archambeaud.

Séverine Renard

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