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Le flux de mots qui a jailli flotte encore un peu dans nos souvenirs : le roi Leon est inoubliable, les frères Lebrun, Céline Dion et ce tableau possèdent l’allure d’une affiche qui coagule les mots qui furent les plus brassés, dits et répétés.
Ces vocables apparaissent toutefois en deux jaillissements dans cette fresque, à gauche et à droite, et ne sont pas porteurs des mêmes champs de sens.
À gauche, on a la flamme : les héros Teddy Riner et Simone Biles qui nous font exulter ! Les mots incarnent les exploits, les médailles les confirment, tout est ferveur. Les paralympiques prolongent cette parenthèse enchantée, car telle fut l’expression consacrée ! La liesse est aussi un mot un peu désuet que l’on a vu réapparaître !
Malgré tout, les mots exprimant des profonds sujets de discorde sont sous-jacents… les médias les laissent rôder, même si nos dirigeants, lors de cette parenthèse enchantée, font tout pour les effacer.
Ils sont là, sur la droite de cette affiche : société morcelée, ensauvagement, mexicanisation. C’est un lexique qui ne peut plus cacher une violence généralisée. On veut pour les JO contenir cette violence, la museler, la masquer… on veut que la joie l’emporte sur la barbarie et que le meilleur gagne sur le pire.
Pourtant, le vrai mot sous-jacent, le mot lourd, peu dit, alors qu’il obsède toutes les autorités, est le mot sécurité. On expulse les migrants, on les déplace. Parler du chaos qui monte n’est pas autorisé en cet été 2024. Paris doit être à la joie, une joie belle, pure et légère comme la joie qui célébrerait une mariée fraîche et innocente !
C’est un été sur lequel tous les mémorialistes reviendront pour narrer l’insouciance des supporters, la cadence apparemment harmonieuse des milliers de paires de baskets qui ont marché et dansé sur le macadam de Paris !
Car même si l’on a tout fait pour nous faire « vibrer », oublier notre époque anachronique, paradoxale et cassée, on doit se souvenir que la soirée d’inauguration d’exception, en dépit de sa splendeur, a créé le débat et révélé des dissensions…
Qu’est-ce que cela exprime ? Sans doute que parfois le plus coûteux des décors, le plus grand magicien en événement, ne peut pas maquiller, malgré tous les moyens déployés, les fêlures d’une société perturbée qui court… Est-ce pour cacher, peut-être, qu’elle boîte !
