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Alerte, les véhicules d’entreprises seront plus lourdement taxés. Il est urgent pour les gestionnaires de flottes de changer leur modèle, revoir leur car policy et abaisser leurs coûts de gestion de parc. Pistes.
Les ventes de véhicules aux entreprises se portent bien. Sur le seul mois d’avril, la progression des ventes s’est élevée à 15 %, soit près de 75 000 voitures particulières et véhicules utilitaires nouveaux qui sont allés grossir le parc automobile des entreprises. Depuis le début de l’année, ce sont même 293 000 immatriculations nouvelles qui sont à mettre sur le compte des investissement réalisés par les sociétés, soit une progression de 8,4 %.
Cet engouement en faveur du renouvellement de leur parc masque cependant la volonté des flottes d’anticiper le grand tournant de 2020. À cette date, un nouveau protocole d’homologation des véhicules baptisé WLTP (World harmonized Light vehicle Test Procedure) entrera en vigueur afin d’apporter une mesure plus exacte de la consommation et des émissions de CO2 des véhicules neufs. Son application devrait se traduire par une hausse de l’ordre de 20 % en moyenne de la mesure des émissions de CO2 relevées sur les nouveaux véhicules. De quoi accroître fortement le malus tout comme la taxe sur les véhicules de société (TVS) indexée sur les CO2 des véhicules.
L’entrée en vigueur du WLTP, si elle avait été appliquée en France comme elle l’a été en Finlande l’an passé, aurait provoqué par exemple, une hausse de 1 740 euros du malus à l’achat d’un Peugeot 3 008 BlueHDi 130 ch ainsi qu’une majoration de 1 400 euros de sa TVS. Avec cette nouvelle procédure d’homologation, le degré d’émission actuel de CO2 de 108 g/km, neutre au regard du malus, passe pour ce modèle à 145 g/km et est alors soumis à un malus de 1 740 euros !
Principaux atouts des cartes carburant : éviter aux entreprises de précréditer leurs collaborateurs, éliminer les notes de frais et récupérer rapidement la TVA.
Une bascule du cadre fiscal des flottes
« Des hausses d’émissions de CO2 de plusieurs dizaines de pourcents sont attendues dans les prochains mois sur les véhicules neufs mis en circulation sous le protocole WLTP », confirme bien Ferréol Mayoly, directeur général d’Arval France. « Certains de nos clients transforment cette difficulté en opportunité. Ils s’interrogent désormais sur la nécessité de détenir autant de véhicules de fonction dans leurs flottes et sur la possibilité de passer au crédit mobilité ou de recourir à l’autopartage. »
Chez Holson, cabinet spécialisé dans le conseil et le fleet management, Stéphane Montagnon considère également que « le changement d’homologation va faire basculer le cadre fiscal des flottes et faire bouger les entreprises. Pour compenser le surcoût fiscal à venir, les flottes ont intérêt à intensifier le rythme de mise en concurrence en recourant à plusieurs loueurs et constructeurs et en diversifiant les approvisionnements plutôt qu’en massifiant les volumes auprès d’un seul fournisseur ». Même analyse pour Théophane Courau, président de Fatec, prestataire également spécialisé dans le fleet management et la gestion de parc opérationnelle : « Les entreprises doivent remettre à plat leur modèle et mettre en concurrence les loueurs sur les services. Elles vont aussi gagner sur d’autres postes de coût tels que l’entretien des véhicules ou les sinistres. »
L’heure est à l’optimisation des coûts
De leur côté, les loueurs longue durée (LLD) ne se contentent pas de financer le parc des entreprises et d’assumer ainsi les risques de revente des véhicules, ils proposent également, dans une démarche d’optimisation des coûts, d’apporter du conseil dans le choix des véhicules et dans la gestion de flotte, tout comme une panoplie très large de services, depuis le remplacement des pneus jusqu’à la gestion télématique en temps réel des véhicules. Ils délivrent aussi à partir de plates-formes informatiques des états de gestion des flottes avec des alertes maintenance ou renouvellement des véhicules, tout comme des prestations d’assurances, d’assistance, de gestion des sinistres ou encore de formation à l’éco-conduite. De plus en plus, ce sont les PME et TPE qui se rallient à ce mode de financement et de gestion de parc « full services ». En affichant sur son site un simulateur de gains, Free2Move, l’opérateur du groupe PSA aux fortes ambitions, côté particuliers comme flottes d’entreprise, sait très bien qu’il doit argumenter « budget ». Sa solution Connect Fleet, entre autres, tire parti de l’électronique embarquée en affichant kilométrages, consommations de carburant, les prochaines maintenances ou encore la géolocalisation.
Mais depuis plusieurs années, une nouvelle concurrence émane des loueurs courte durée (LCD), lesquels ajoutent désormais à leur panoplie de services des solutions de mobilité à l’adresse des entreprises. Pour répondre à des besoins saisonniers ou à des missions de courte durée, qu’elles s’appellent Avis Flex, Hertz FlexiRent ou Europcar AutoLiberté, ces nouvelles formules proposées par les loueurs de véhicules portent sur des durées flexibles, de 1 à 24 mois, et offrent une plus grande souplesse aux entreprises. Le loueur Sixt fournit même de nouvelles offres de mobilité aux flottes qui souhaitent réduire le nombre de leurs véhicules de fonction. Avec sa plate-forme de mobilité baptisée One, Sixt propose des solutions numériques de location de véhicules, d’autopartage et de VTC.
Carte carburant : un outil de gestion
Sur un plan plus technique, les responsables de parc disposent aussi d’outils de suivi de l’ensemble de leurs coûts. C’est notamment le cas pour le carburant qui représente 15 % du TCO (coût total d’utilisation) d’un véhicule et subit des variables importantes selon la conduite, la consommation et l’activité de l’entreprise. Pour cette raison, la plupart des pétroliers et des grandes enseignes de la distribution proposent à leurs clients un recours aux cartes carburant.
Principaux atouts de ces cartes « pétrolières » : éviter aux entreprises de précréditer leurs collaborateurs, éliminer les notes de frais et récupérer rapidement la TVA. Mais le principal avantage des cartes carburant tient aussi aux moyens de gestion qui leur sont associés. L’exploitation des cartes pétrolières assure un allègement des tâches administratives et un meilleur suivi du poste carburant de l’entreprise. Grâce aux puces dont elles sont dotées, les cartes se paramètrent et autorisent un contrôle préventif des prises de carburant. Dans les centres Édouard Leclerc, ce sont plus de 100 000 cartes actives qui sont en circulation en France aux mains des collaborateurs des entreprises. Proposée par Siplec qui regroupe les activités « énergie » des centres Leclerc, la carte Energeo se caractérise par l’accès à des carburants parmi les moins chers disponibles dans près de 700 stations-service comme aux stations de lavage, parkings et péages via le badge Liber-t. La carte carburant de Siplec est également modulable et paramétrable selon de nombreux critères sur le portail Web de l’enseigne. De quoi analyser les transactions, créer des reportings sur mesure, accéder à l’historique de facturation ou procéder à l’échange des données informatisées pour l’ensemble des transactions facturées.
Total fleet : des outils de gestion de flottes
Du côté de Total, leader incontesté des cartes carburant en France, le besoin d’outils de suivi de l’ensemble des prestations dans les flottes sera comblé par le pétrolier français. Si la carte carburant Total demeure, elle est intégrée désormais dans un ensemble de services proposés sous la marque Total Fleet au travers d’un portail qui regroupe tous les éléments de la gestion des véhicules : cartes carburant, communication avec les conducteurs, calcul de la fiscalité ou encore gestion automatisée des amendes. Le logiciel de Total Fleet est même couplé à un outil télématique Total Fleet Connect, véritable pilote pour gestionnaires de parc. Lequel intègre la géolocalisation des véhicules ainsi qu’une application mobile consacrée à la sécurité et à l’éco-conduite en proposant aux conducteurs des conseils pour apaiser leur conduite et moins consommer. Cette solution serait capable, selon Total, de réduire jusqu’à 10 % la consommation de carburant et la sinistralité des véhicules d’une flotte. Une promesse de réduction des coûts qui constitue, pour les entreprises, un premier pas en direction de l’optimisation nécessaire de leur parc.
Jean-Pierre Lagarde