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… Pas comme homme-oiseau, mais en prenant les commandes d’un biplace. Ceux qui obtiennent le brevet de pilotage sont de plus en plus nombreux. Où ? Comment ? À quel prix ? Décollage.
«Traverser la France à 250km/h, sans embouteillage et sans risque de se faire flasher, c’est possible… en devenant pilote privé. » « Et si un kilomètre de route ne mène nulle part, une piste de la même distance peut vous conduire partout. » N’en déplaise aux amoureux des belles voitures, les supports de communication de la Fédération française aéronautique diffusent des messages bien rôdés. S’il était encore nécessaire d’entretenir ce qui demeure l’idéal de la plupart des Français. L’un des derniers sondages sur le sujet, réalisé par LinkedIn auprès de 8000 personnes, révèle en effet que le métier n°1 dont rêvaient les jeunes garçons dans leur enfance était de devenir pilote d’avion. « Malgré les difficultés économiques, c’est une activité qui continue de faire rêver », confirme Loïc Logeais, directeur technique national de la FFA qui précise : « La France possède une culture de l’aéronautique forte, qui s’est construite durant l’entre-deux-guerres autour d’une aviation populaire. On dénombre 42000 pilotes en France, soit la moitié des pilotes européens, ce qui fait de nous la première nation aéronautique en Europe et la deuxième au monde derrière les États-Unis. »
Contexte facilitateur
Longtemps le discours a été de rappeler : « Vous avez un terrain à moins de 50km de chez vous, alors n’hésitez pas », parce que cela crée de la proximité et apporte de la sérénité. Se lancer dans une formation près de chez soi évite la perte de temps, l’un des biens les plus précieux aujourd’hui.
Avec un ticket d’entrée de 3000 euros environ pour le Brevet de base (voir par ailleurs), « soit quasiment le budget annuel d’un fumeur » précise-t-on à la Fédération, ils sont plus de 800 à réussir leur examen chaque année, auxquels il convient d’ajouter les 1300 nouveaux PPL (Private Pilot Licence »). « Voler, c’est s’offrir une parenthèse de quelques heures, témoigne Nicolas Auger, chef pilote et instructeur à l’aérodrome régional de Caen. Dix minutes pour s’équiper et faire sa météo, et vingt minutes plus tard, on se retrouve en l’air ! C’est moins long que la préparation d’un bateau, et cela reste une sensation unique, et une vision de la terre vue d’en haut dont on ne se lasse pas. » Une formation PPL, c’est un engagement d’environ un an et demi, pour une moyenne de 150 heures de cours (un logiciel d’apprentissage permet, en sus, de travailler en ligne et de réviser chez soi) et 60 heures de vol… aux tarifs les moins chers d’Europe. Un milieu beaucoup moins corporatiste qu’il ne pourrait le laisser croire, notamment parce qu’il possède une vraie culture associative, sans doute liée au fait que 10% seulement des 2000 instructeurs de l’Hexagone sont salariés. « Il ne faut pas se mettre de barrière, rassure Nicolas Auger. Nous accueillons beaucoup de gens qui n’y connaissent rien en franchissant la porte de l’aéroclub. Mais ils sont en général très motivés, ils ont du bon sens et de la rigueur, deux qualités à partir desquelles nous pouvons construire un projet commun. Apprendre à piloter, c’est quasiment du cours particulier. Nous sommes là pour réussir ensemble. D’ailleurs, à Caen comme dans la plupart des aéroclubs, c’est du 100% de réussite. Les seuls cas où nous n’aboutissons pas à un examen réussi sont liés à des changements de situation personnelle ou professionnelle. » Un plaisir à la hauteur de l’investissement financier et surtout personnel. Le meilleur moyen de vous lancer reste de pousser la porte d’un des nombreux aéroclubs français.
Comment s’y prendre ?
Premier réflexe : direction un aéroclub proche de chez vous. C’est l’une des forces de l’aéromodélisme français : 450 terrains accessibles pour 600 aéroclubs. Un maillage solide qui permet d’effectuer un vol d’initiation avec un instructeur, bénévole ou professionnel, souvent un ancien pilote de chasse de l’armée ou d’Air France, sur une machine bien entretenue (des petits bijoux à 200000 euros tout de même !).
Quelle formation ?
Les aéroclubs dispensent deux formations : le Brevet de base (BB) et le PPL. Le premier (accessible dès 15 ans) est en général une première étape qui conduit ensuite au PPL. Il permet toutefois de voler en autonomie dans un rayon de 30km autour de l’aérodrome de départ. Son obtention nécessite une formation théorique et un volet pratique avec un minimum de 6 heures de vol en double commande avec instructeur, 4 heures de vol en solo et 20 atterrissages.
Le PPL comporte également une formation théorique et un examen sous forme de QCM, un minimum de 45 heures de vol dont au moins 25 heures en double commande et 10 heures en solo supervisé. Ce brevet est délivré à l’issue d’un vol d’examen. Cette formation plus complète, qui permet de voyager sans limitation de distance et d’emporter des passagers (sans rémunération), demande une préparation qui dure entre un et deux ans.
Des qualifications portant sur d’autres formes de vol peuvent être obtenues après avoir décroché le PPL : vol de nuit, vol de montagne, voltige, hydravion, pilotage de précision ou encore rallye aérien.
Quel est le vrai prix ?
Pour préparer un Brevet de base, il faut compter un budget de 2000 à 3000 € pour un adulte (les moins de 21 ans bénéficiant d’aides spécifiques de la part de la Fédération). Le coût du brevet de pilote privé (PPL) varie quant à lui entre 5000 et 7000 €. Quelle que soit la formation, le coût dépend du nombre d’heures de vol dont l’élève aura besoin pour assimiler le programme, comme pour un permis de conduire, et du prix de l’heure de vol variable selon les aéroclubs (entre 75 et 115€ l’heure), ainsi que du type d’avion utilisé.
Pour conserver son PPL, 12 heures de vol minimum par année sont exigées, soit un investissement de 900 à 1400 € par an auxquels il faudra ajouter votre licence fédérale à 55€..
Olivier Rémy