Les femmes à la tête des organisations en 2050 ?

Mythe ou futur proche ?
Mythe ou futur proche ?

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Elles arrivent…

Même si les plafonds de verre résistent encore aux niveaux les plus hauts, il est fort à parier que les femmes vont de plus en plus diriger. De quoi remodeler la société de demain ?

Avis d’expert : Viviane de Beaufort, Professeure et directrice du Centre européen de droit et d’économie, ESSEC Business School

« Une gouvernance plus pérenne »

Comment pouvez-vous être optimiste, alors que les plus hauts postes sont encore l’apanage de la gente masculine ?

Je suis sereine parce que les dirigeants du CAC40, SBF120, voire même en dessous, ont tous entamé une politique plus globale pour faire monter des femmes au Comex. Mais des difficultés indéniables retardent le mouvement : le vivier de celles qui ont un parcours correspondant au poste n’est pas encore démesuré. Le «pipe» de n-1 et n-2 idoines est encore réduit. Les RH doivent donc organiser la préparation de profils en amont. Celles qui sont repérées passent par des postes clés comme directrice de BU puis vivent une expérience à l’international… Tout ce travail prend du temps. Ensuite ce sont parfois celles qui sont pressenties qui refusent parce que le poste qui s’annonce à terme n’est pas compatible avec leur vie de famille ou parce qu’elles manquent d’ambition. Enfin beaucoup de femmes ne rentrent pas dans les cases parce qu’elles privilégient des missions qui les intéressent au lieu d’envisager des carrières tracées. Elles cherchent à combler le retard pris lors des maternités en suivant des formations executive ; elles rendent leur profil atypique. Leur parcours n’est pas linéaire. Le repérage des talents doit donc évoluer pour les prendre en compte.

Pourquoi le management féminin aurait-il des vertus supplémentaires ?

Des entretiens qualitatifs avec 50 dirigeantes sur leurs parcours et leurs méthodes de management m’ont appris que les femmes ont un ressenti du pouvoir moins vertical que celui de leurs homologues masculins, du moins d’un certain âge. Elles ont une manière de faire réagir leurs équipes pour les embarquer dans les projets, plutôt que de s’imposer parce qu’elles sont le chef. Les millenials réagissent très bien à cette approche. En outre les études américaines montrent que leur gouvernance est plus pérenne, avec moins de croissance externe, d’endettement, de problèmes d’égo, de distribution de dividendes…

Eléments marquants de la problématique :

Des lois : L’Islande pionnière

Le 1er janvier 2018, l’Islande s’est engagée à rendre obligatoire l’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Plus d’écart de salaire entre les hommes et les femmes à compétence égale dans ce pays qui compte un peu plus de 330 000 habitants. Les entreprises qui ne respecteront pas la règle se verront financièrement sanctionnées. Une première mondiale qui prouve que le problème du déséquilibre peut être traité à-bras-le-corps.

Des entreprises qui conseillent : Egaé

C’est une société de conseil aux entreprises et aux collectivités sur la thématique de l’égalité femmes-hommes. Fondée par la militante féministe Caroline de Haas, elle propose accompagnement, formation et méthodologie participative pour que les femmes et hommes de l’entité quittent « l’illusion de l’égalité » et transforment les pratiques.

Des chiffres : Le CAC 40 fait chou blanc

La France est désormais championne de la féminisation des instances dirigeantes, grâce aux quotas imposés dans les conseils d’administration. Mais les autres hauts lieux du pouvoir en entreprise – les comités exécutifs et de direction – demeurent encore peu accessibles : aujourd’hui, 100 % des PDG du CAC 40 sont des hommes. Isabelle Kocher reste finalement directrice d’Engie et ne récupère pas la fonction de président comme prévu.

Pour aller plus loin : livres, expos, films et séries

Livres :

«Le Pouvoir» (de Naomi Alderman, éd. Calmann-Lévy, 2018) :

Les femmes découvrent tout à coup l’existence d’un courant électrique qui leur court de la clavicule jusqu’au bout des doigts. Le mot se répand à travers la planète, toutes deviennent capables de se défendre, de blesser, légèrement ou plus grièvement, et de tuer. Le monde bascule. L’équilibre des forces est renversé. Dans ce roman que Barack Obama a dit être un des meilleurs de 2017, le matriarcat semble aussi rencontrer des problèmes. En guise d’ordre nouveau s’installe le chaos, puis un glissement progressif vers la violence et la dictature, à l’initiative d’une petite minorité de femmes qui vont abuser de leur pouvoir pour mener les autres à leur perte. Roxy, une fille de mafieux londoniens dont le pouvoir est particulièrement puissant, Margot, une femme politique américaine, et Tunde, un photo-journaliste nigérian qui va couvrir les conséquences politiques du mouvement à travers le monde, guident le lecteur à travers ce renversement des forces sanglant.

«Le rivage des femmes» (de Pamela Sargent, éd. LGF, 2002) :

Dans cette utopie les femmes prennent le pouvoir et les hommes sont dominés. Les féministes du futur ont mis les hommes à l’index, à cause des millénaires d’oppression, des agressions sexistes, des viols et pour finir de la catastrophe nucléaire ! Les femmes s’épanouissent entre elles désormais. Car les Mères des cités, gardiennes des traditions, ont créé une société où les hommes obéissent aux interdits religieux soigneusement édictés pour les maintenir dans l’ignorance et la servitude. Mais on n’arrête jamais longtemps l’Histoire. Birana, expulsée de la ville, parvient contre toute attente à survivre, en apportant à un homme, Arvil, les réponses aux interrogations qu’il nourrit sur son univers. Et leur lutte commune va peu à peu ébranler la structure traditionnelle. Une société meurt, une autre peut se préparer à naître… Écrit par une féministe, ce roman est un véritable bijou d›intelligence, de tolérance et de réflexion sur les rapports entre hommes et femmes. Elle s’oppose aussi bien au machisme satisfait qu’aux thèses des féministes intégristes.

Films :

Numéro Une (de Tonie Marschall, 2017) :

En abordant le thème du pouvoir de la femme en entreprise, Tonie Marshall se penche sur les rapports de force que cela implique. Comment se faire respecter, à quel type d’humiliations quotidiennes est-on confronté ? C’est ce que la réalisatrice a voulu apprendre en côtoyant des femmes occupant des postes importants qui jusqu’à maintenant sont essentiellement dans les mains des hommes. Dans ce film, Emmanuelle Devos joue une femme ingénieure brillante et volontaire, siégeant au comité exécutif du géant français de l’énergie. Un jour, un réseau de femmes d’influence lui propose de l’aider à prendre la tête d’une entreprise du CAC 40. Certains ne l’entendent pas ainsi… Le casting réunit aussi Richard Berry, Benjamin Biolay et Sami Frey.

Potiche (de François Ozon, 2010) :

En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel, Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique… Un casting de choix, avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu et Fabrice Luchini.

Julien Tarby

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