Jean-Baptiste Descroix Vernier, PDG de Rentabiliweb

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Jean-Baptiste Descroix-Vernier, boulimique de travail, a fondé Rentabiliweb, sur le point de franchir le milliard d’euros de CA. L’ancien séminariste travaille pour réinvestir… dans le Web ou pour les nécessiteux.

Pas vraiment le même look que ses actionnaires Pierre Bergé, Bernard Arnault ou François-Henri Pinault...
Pas vraiment le même look que ses actionnaires Pierre Bergé, Bernard Arnault ou François-Henri Pinault…

La démarche chaloupée. Le langage empreint de termes anglo-saxons. Le tutoiement facile. Le costume noir de rigueur qui rappelle celui des vies passées et des voies professionnelles écartées pour désormais se concentrer sur l’entrepreneuriat. Les tempes grisonnantes et le catogan qui le figent dans le temps. L’homme a 44 ans. Et Jean-Baptiste Descroix-Vernier est un OVNI dans le paysage entrepreneurial. Elevé dans une barre HLM de Vénissieux par des parents bienveillants, il suit de brillantes études à Lyon : Bac à 16 ans, licence en droit privé, maitrise de droit des affaires, DESS de droit des affaires et fiscalité, diplôme de juriste conseil d’entreprises, certificat d’aptitude à l’administration d’entreprises et certificat d’aptitude à la profession d’avocat. On reprend son souffle. Pourtant, à 18 ans, son cœur balance. Il s’était engagé au séminaire. Il voulait être prêtre. Il met de côté cette voie « pour l’amour d’une femme » et revêtira quelques années plus tard une autre robe. Avocat d’affaires à Lyon pendant six ans, il fait des vagues au Barreau. « La maison des avocats ? Le quartier général des cons », se souvient-il. Baigné dans ce milieu, il choisit de passer du côté des businessmen et tombe la robe d’avocat.

 

Solitaire, mais…

En 2001, au moment où les tours du World Trade center sont victimes d’un attentat et en plein éclatement de la bulle Internet, le jeune dirigeant choisit ce domaine pour débuter une aventure fructueuse. « Alors que tout Internet était gratuit, j’ai eu la vision de dire que ce business model ne durerait pas. Nous avons inventé le mot « monétiser ». » En 2002, Rentabiliweb – pour rentabiliser le Web donc – est lancée. La société propose des services de micro-paiement sous forme de SMS et d’appels surtaxés, et ainsi la monétisation des audiences sur Internet. « Dès le départ, le business model a été très rentable, se souvient Jean-Baptiste Descroix-Vernier. Dans notre premier exercice nous avons réalisé 300000 euros de chiffres d’affaires et une marge de 70000 euros. Nous n’avons jamais eu de dettes, ni besoin de faire appel à des banquiers pour solliciter un prêt. » Tout va très vite pour le trublion du Web. En 2005, il atteint 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, et en 2006, introduit Rentabiliweb sur Alternext Paris. « Nous serons le dernier dossier instruit par la Bourse de Lyon. » Deux ans plus tard, la double cotation se fera sur le marché de Bruxelles. C’est à cette période qu’il décide de quitter la France. Il s’installe personnellement à Amsterdam, sur une péniche, d’où il gère ses affaires. « Je n’ai jamais regretté d’avoir quitté Lyon pour installer mon entreprise à Bruxelles. »

Celui qui se dit profondément solitaire, qui cultive la discrétion et distille ses interventions, est toutefois proche de puissants hommes d’affaires. Son conseil d’administration réunit Jean-Marie Messier (Vivendi), Gilles Lioret (Groupe Numerix) ou encore Georges Pauget (ancien président de la Fédération bancaire française). Ses actionnaires sont Pierre Bergé, Bernard Arnault et François-Henri Pinault. « Ils sont au capital et ils sont actifs. J’apprends de ces hommes. J’ai également connu Steve Jobs. Je suis une éponge et m’imprègne de leurs expériences. »

Fin septembre, Rentabiliweb a annoncé le lancement de sa solution d’encaissement par cartes bancaires Be2bill sur le marché du paiement de proximité. La première étape de cette solution avait consisté à servir les grands du e-commerce français et européens. « Nous avons équipé 1500 sociétés de e-commerce », avance Jean-Baptiste Descroix-Vernier, adaptant le système au commerce physique. Be2bill offre ainsi à tout commerçant une solution unique d’encaissement par carte couvrant l’ensemble de la chaîne de paiement, du TPE au versement de fonds. Le groupe prévoit d’installer les 500 premiers équipements dans des commerces de proximité français d’ici à la fin de l’année. « C’est un marché de 500 milliards d’euros par an, soit dix fois plus important que le Web. Notre objectif est d’atteindre le milliard d’euros dès 2014 et 2 à 3 milliards d’euros en 2015. » L’entreprise a réalisé 71,9 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et emploie près de 300 personnes, dont une centaine en France.

 

L’argent n’est pas si sale

L’enfant de la banlieue lyonnaise aurait-il une revanche à prendre sur la vie pour courir autant après l’argent ? « Je n’oublie pas d’où je viens. J’ai été un étudiant boursier. L’argent n’est pas sale. Ce qui peut être sale, c’est ce qu’on en fait. Je n’ai aucune honte à gagner de l’argent. » Alors il réinvestit tout, reprenant via sa holding (anciennement baptisée « Golden Glaouis Invest », « couilles en or » en argot) le contrôle de son groupe dont il détient désormais à titre personnel 53,5 %. 13% du capital appartiennent aux salariés « les plus essentiels ». Ses ninjas. « Pour avoir des gens brillants, je suis allé les chercher chez les hackers, s’amuse-t-il. La culture d’entreprise est très forte au sein du groupe. Mes équipes ne me voient jamais mais je contrôle tout à distance. Nous avons inventé des outils pour nous parler tout le temps. J’ai besoin de calme et de solitude sur ma péniche. » L’entrepreneur investit dans les outils et les développements pour rester fidèle à la genèse de Rentabiliweb.

Sa fortune personnelle lui sert à financer des causes qui lui tiennent à cœur. La fondation Descroix-Vernier, de droit belge privé, fondée en mars 2007, soutient des actions en faveur « de tous êtres vivants, individus ou animaux, placés dans une situation d’extrême détresse matérielle, physique ou morale. » De la finance des recherches du professeur Baulieu sur la maladie d’Alzheimer à la construction de puits en Afrique, l’homme en noir, qui se dit toujours guidé par Dieu, se veut un entrepreneur philanthrope.

 

 

Article réalisé par Stéphanie Polette

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