Les Outre-mer face au changement climatique

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

Les événements météorologiques extrêmes qui affectent la France ont des conséquences perceptibles dans toutes ses régions. Parmi elles, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion, la Martinique, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna sont en première ligne face aux risques du changement climatique. Par Ezzedine El Mestiri.

Un récent rapport de l’association Le Réseau Action Climat explore les impacts du changement climatique dans les 11 territoires d’Outre-mer, confrontés à des aléas multiples : intensification des cyclones, élévation du niveau de la mer, sécheresses intenses et dégradation des écosystèmes.

Les hausses de températures, combinées à des facteurs comme l’urbanisation ou la déforestation, sont à l’origine de multiples répercussions évoquées dans ce rapport : périodes de sécheresses plus étendues et plus fréquentes, dépérissement des forêts, migrations d’espèces animales et végétales, affaiblissement des récifs coralliens, pertes agricoles ou encore impacts sanitaires.

Un rôle clé dans la biodiversité marine

Toutes les régions d’Outre-mer sont des zones à forte richesse écologique : 80 % de la biodiversité française y est abritée. C’est ce qui place la France au 6e rang mondial pour le nombre d’espèces endémiques. Grâce à ses territoires d’Outre-mer, la France est le 4e pays au monde pour la surface de récifs coralliens, avec 60 000 km2, soit près de 10 % des récifs mondiaux. Ces récifs jouent un rôle clé dans la biodiversité marine et leur dégradation entraîne la disparition progressive des bénéfices liés aux écosystèmes dont dépendent de nombreuses sociétés humaines. Du Pacifique aux Antilles en passant par l’océan Indien, la pêche fait partie du quotidien et de l’économie. Un récif corallien en mauvais état et c’est l’effondrement de la biodiversité marine et la rupture de toute la chaîne alimentaire !

Autre phénomène, celui de la concentration des populations dans les zones côtières qui les expose à la montée des eaux et l’aggravation de l’érosion. D’après le dernier rapport du GIEC28, l’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre jusqu’à +76 cm d’ici à la fin du siècle et 1 mètre en 2100 dans un scénario pessimiste, menaçant dès à présent de vastes zones habitées.

Pas suffisamment protégés

Rappelons que la population totale ultramarine est de 2,7 millions d’habitants, soit 4,2 % de la population française. En termes de superficie, ils couvrent plus de 120 000 km2 soit 18 % de la surface totale du territoire national. Ils représentent également une immense surface maritime, permettant à la France de disposer de la deuxième plus grande zone économique au monde.

Les auteurs de ce rapport constatent que : « Les Outre-mer sont naturellement exposés, de par leurs caractéristiques géographiques : zone tropicale, insularité, reliefs accidentés . Mais leur vulnérabilité s’explique aussi par des facteurs humains et historiques. La plupart des régions ont des niveaux de pauvreté plus hauts que la moyenne nationale, un taux de chômage élevé, des difficultés d’accès à l’eau. Très exposés aux conséquences du changement climatique, ces territoires sont pourtant peu responsables de ce phénomène, leur contribution historique aux émissions de gaz à effet de serre étant dérisoire comparée à celle des pays industrialisés, dits du Nord – y compris l’Hexagone. »

Ces territoires ne sont pas suffisamment protégés pour faire face à l’ensemble de ces impacts. Cette étude doit intéresser l’État et servir de feuille route pour agir et réduire la vulnérabilité actuelle de ces territoires face au réchauffement climatique. Il est urgent de disposer des moyens financiers à la hauteur des enjeux. Inventer des solutions efficaces, soutenables, et surtout ajustées aux contextes locaux avec la prise en compte des savoirs autochtones et des besoins des populations.

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