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La pratique de la marche demeure imparfaitement évaluée par les enquêtes de mobilité. Marcher prend plusieurs formes. Aller au travail, à l’école, faire ses courses ou rejoindre un bus, une gare… On appelle cela « marche intermodale ». Viennent ensuite la marche de loisir et enfin, celle plus discrète : la marche dans les espaces privés, effectuée au quotidien à l’intérieur d’un logement, d’une entreprise ou d’un centre commercial. Par Ezzedine El Mestiri.
Une récente étude, inédite réalisée par l’Agence de la transition écologique (Ademe) distingue ces différentes marches afin de mieux les mesurer. En intégrant ces trois particularités, elle présente une approche pragmatique de la marche comme pratique quotidienne, qu’elle soit utilitaire, divertissante ou simplement ordinaire. En prenant en compte les trajets effectués à pied, la marche intermodale et la marche dans les espaces privés, l’enquête parvient à chiffrer pour la première fois ses bénéfices socio-économiques.
Un bien-être et une performance au travail
Nous marchons en moyenne plus d’une heure par jour : 12 minutes pour nos déplacements à pied, 18 minutes pour la marche de loisir et 42 minutes dans les espaces privés. Cela représente 3,5 km parcourus quotidiennement. Et chaque kilomètre à pied rapporte plus qu’on ne le croit à la société. Les politiques publiques favorables à la marche généreraient 57 milliards d’euros de bénéfices chaque année !
L’étude indique que les bénéfices économiques de la marche reposent sur des résultats concrets et mesurables. D’abord, un effet positif sur la santé, en marchant régulièrement, nous réduisons les risques de maladies chroniques (cardiovasculaires, diabète, obésité). C’est un gain quantifié à 16,7 milliards d’euros par an de bénéfices pour la collectivité. Marcher fait augmenter notre bien-être et notre performance au travail. La marche entraîne une hausse de la productivité d’environ 3,3 %. Le coût total de l’absentéisme est estimé à environ 184 milliards d’euros par an. En étant physiquement actif, moins souvent malade, cela permettrait un gain estimé à 20 milliards d’euros supplémentaires. On éviterait 10 500 décès prématurés chaque année.
Une ville où tout est accessible à pied
Un citoyen qui marche rapporte aussi des bénéfices à sa ville. Moins de voitures en circulation, moins d’entretien de voirie, moins d’aménagements lourds, moins de nuisances à réparer, des espaces publics végétalisés, plus attractifs contribuant à une vie plus douce. Ces économies sont chiffrées à 7,5 milliards d’euros par an.
Ainsi chaque pas compte et nos trajets à pied évitent l’émission de 1,2 million de tonnes de CO2. C’est un gain évalué à près de 4 milliards d’euros pour la collectivité. N’oublions pas que la marche stimule le tissu économique local. Elle fait revivre les commerces de proximité et les marchés. Ce levier de vitalité urbaine représente près de 870 millions d’euros de retombées économiques.
Favoriser la marche, c’est opter pour une politique publique au service de la santé, de l’économie locale et du cadre de vie. L’enjeu est de rapprocher les lieux de vie et d’activité : commerces, écoles, services publics, transports. Une ville écologique où tout est accessible à pied. Cela profite à la fois à notre santé des habitants, à la vitalité économique et à la réduction des émissions de CO2. Cette étude de l’Ademe a le mérite de nous rappeler que l’enjeu de la mobilité est une affaire de santé publique et de cohésion sociale et qu’un geste aussi simple que marcher est un investissement rentable pour la société.
