Temps de lecture estimé : 2 minutes
Edouard Challemel du Rozier est président et cofondateur de Bail Art, leader du leasing d’œuvres d’art depuis 2009 et pionnier dans la conception de projets artistiques au service des messages à impact en entreprise.
TRIBUNE. L’art en entreprise a longtemps été réservé aux grandes sociétés, soutenues par des dispositifs fiscaux comme la loi sur le mécénat. Aujourd’hui, avec des formules plus accessibles telles que le leasing d’œuvres d’art, TPE, PME et professions libérales peuvent également intégrer l’art dans leurs bureaux. Un modèle qui va bien au-delà du simple investissement financier et répond à de nouveaux enjeux économiques, sociaux et culturels.
La crise covid-19 a accéléré ce changement. Désormais, les entreprises repensent leur rôle dans la société en adoptant des politiques RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), où l’art devient un vecteur clé pour porter des messages à impact. Le concept de Responsabilité Culturelle des Entreprises (RCE) émerge parallèlement, montrant l’importance pour les entreprises de contribuer à la diffusion de la culture, aux côtés de l’État : près de 76 % des Français estiment que les entreprises ont un rôle à jouer dans ce domaine (étude Havas Paris, CSA 2021).
De l’économie d’usage à l’art circulaire
L’économie d’usage, où la location prime sur la propriété, s’étend désormais à l’art. Covivio, acteur majeur de l’immobilier, proposera cette année un parcours artistique explorant l’économie circulaire à travers des œuvres qui repensent notre rapport aux matériaux et à l’environnement. Une démarche qui dépasse la simple décoration pour devenir un outil de communication et de sensibilisation en phase avec nos défis contemporains.
Au lieu d’acquérir des œuvres, les entreprises choisissent aujourd’hui la location renouvelée, ce qui permet une plus grande flexibilité et une adaptation continue à leurs stratégies QVT (Qualité de Vie au Travail). L’art devient levier au service de la culture d’entreprise, tout en véhiculant des valeurs d’ouverture et de créativité. Groupe Partnaire, acteur historique des ressources humaines, mise sur une curation de photographies d’art pour illustrer ses valeurs de créativité, diversité et collaboration au sein de son nouveau siège près d’Orléans, où les œuvres louées tous les trois ans créent une atmosphère propice à l’ouverture et à l’échange.
Lien social et ressources humaines
Chez Michelin, la fresque collaborative Cosmos au sein du site de Troyes vient signer une innovation majeure pour l’amélioration des conditions de travail en usine. L’art s’impose ainsi comme un catalyseur de relations humaines dans l’entreprise. En réponse à un monde dominé par les algorithmes et la standardisation, il réaffirme l’importance de la créativité et de l’échange et crée de nouveaux espaces de dialogue et de réflexion. Au sein d’une entreprise spécialisée dans le private equity à Paris, les collaborateurs sont invités tous les ans à voter pour leurs œuvres préférées, générant ainsi des échanges spontanés avec les galeristes venus présenter leur artiste. Peu importe si celui-ci est « bankable » ou non, c’est le coup de cœur qui l’emporte parmi les salariés néophytes appelés à voter pour la prochaine œuvre de leur bureau.
L’art solidaire : un engagement concret
L’art en entreprise devient aussi un outil de solidarité. FourStones, jeune promoteur immobilier, a lancé son programme #Art4All. Sur cette première édition 2024, trois photographes capturent différentes phases d’un chantier. Leurs œuvres seront exposées et vendues aux enchères au profit d’une association caritative. Aujourd’hui, les entreprises redécouvrent ainsi le potentiel de communication de l’art, au sens étymologique du terme – communicare, mettre en commun, faire part de, partager. Non plus seulement comme un signe de prestige et d’image, l’art devient un moteur de transformation humaine, sociale et culturelle.
Alors, faut-il investir dans l’art ?
Oui, mais investissons le comme lien émotionnel, comme levier de créativité et comme outil de dialogue. L’art en entreprise est une opportunité de réinventer nos espaces de travail et nos relations sociales.
Et c’est aussi une responsabilité culturelle que nous, chefs d’entreprise, devons pleinement embrasser.
