Page 21 - EcoRéseau n°18
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Régions & Territoires - Le sillon alpin PaNOraMa
u Chambéry, au cœur du sillon alpin
« Il y a 150 ans, la Savoie était rattachée à la France. Au- jourd’hui, Chambéry, préfecture bordée par deux voisines poids lourds, Lyon et Grenoble, doit lutter contre un faible taux de croissance de sa population : seulement 0,37%, contre 0,7% pour la moyenne nationale », résumait il y a tout juste cinq ans un supplément éco rhône-alpes de l’Ex- press. Et de citer, pour parvenir à garder le cap de la crois- sance, une politique locale de mise en valeur de secteurs dits d’avenir grâce notamment à l’Institut national de l’énergie solaire (Ines) hébergé sur place et « au technopôle Savoie Technolac (3000 salariés, dont 700 enseignants cher- cheurs) ». aujourd’hui, les défis restent les mêmes. La ville- métropole compte par ailleurs sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, via Chambéry – projet contesté mais qui pour- rait entrer en service, si les travaux sont validés, à l’horizon 2025/2030. L’agglomération, naturellement et fortement an- crée dans le sillon alpin, pourrait alors jouer un rôle de pivot régional.
u Grenoble, terre d’innovation
Le paradis pour laborantin. Car avec son centre du CEa et quantité de multinationales spécialisés dans l’industrie numérique, les biotechs et les nouvelles technologies de l’énergie, Grenoble – désormais « ville verte », placée sous la férule de son nouveau maire écolo Eric Piolle – est l’un des premiers bassins d’emploi en France dans la recherche. La capitale des alpes s’est de fait hissée en 2013 à la 5e place des villes les plus innovantes au monde, d’après un dernier classement de la revue américaine Forbes. La ville est ainsi le 1er pôle de recherche publique du pays après l’Île-de-France – on y recense 220 laboratoires publics, compte près de 25 000 chercheurs, 62 000 étudiants et quatre pôles de compétitivité. Nouvelle métropole, Grenoble vient par ailleurs de recevoir le précieux label French Tech. Une labellisation dont l’objectif est d’identifier, rappelle le Dauphiné Libéré, « des écosystèmes dynamiques en France, de les encourager, de les mettre en réseau pour former un collectif national autour de l’écosystème parisien et francilien et de les accompagner pour leur expansion internationale ». reste que le territoire grenoblois, certes attractif, souffre comme l’ensemble du sillon alpin d’un problème d’accessibilité depuis Paris (plus de trois heures
de train) et peine à garder ses start-up qui préfèrent parfois rejoindre Lyon, mieux connectée. « Il faut mettre en place une vision du territoire pour les 20 prochaines années et surtout, raisonner en englobant l’ensemble de la région », confiait l’an dernier à Eco- Réseau, Jean Vaylet, président de la CCI locale. a bon entendeur.
u Annecy ou les Alpes haut-de-gamme La « Rome des Alpes », ainsi que la préfecture de Haute- savoie est parfois surnommée, est-elle une belle endor- mie ? Une destination pour « gros portefeuilles », comme l’évoquait en 2013 l’hebdomadaire local, L’Essor sa- voyard ? Et de résumer : « Annecy a toujours fait partie des villes où le prix du mètre carré se situe dans les four- chettes les plus hautes, s’alignant parfois sur les tarifs pra- tiqués dans la capitale. Son lac, son cadre de vie et les équipements proposés expliquent parfois ces prix exorbi- tants ». Il n’empêche, la ville – classé 2e destination tou- ristique en rhône-alpes après Lyon – veut aussi jouer collectif avec le reste du sillon. « S’isoler serait de toute façon une erreur pour Annecy », relève le président la CCI du département. Et de rappeler que le bassin annecien re- groupe plusieurs pôles d’excellence – en lien avec l’en- semble du territoire – dont la mécatronique, qui génère localement quelque 20 000 emplois.
u Annemasse, dans l’ombre de Genève Un gros bourg. Une population active estimée à 18 000 ha- bitants, dont près de 10 000 prennent quotidiennement la route de la suisse voisine et de Genève en particulier, à moins de dix kilomètres. annemasse, une ville française donc, portée par une Confédération helvétique au PIB par habitant (plus de 80 000 dollars/an) deux fois supérieur au même PIB français. « Le rapport de revenus est parfois de trois ou quatre selon qu’un annemassien travaille de tel ou tel côté de la frontière », précise Christian Dupessey, maire de la ville. Mais au moins, se réjouit-il, proximité oblige avec Genève, « nous sommes une des rares régions qui crée de l’emploi ». Et de reconnaître que sa ville s’associe plus na- turellement à ce territoire dynamique plus qu’au sud du sillon alpin. « Nous sommes en train de nous constituer un nouveau Pôle métropolitain autour du Grand Genève » ; une agglomération transfrontalière d’un million d’habitants regroupant le canton de Genève, le district de Nyon et une partie de la Haute-savoie. « Nous sommes le point d’équili- bre de la partie nord du sillon alpin et estimons être en ca- pacité de parler d’égal à égal avec Lyon », analyse l’élu, en place depuis 2008. revers de cette proximité avec la « lo- comotive genevoise » : le prix local du foncier qui atteint plus de 3000 euros le mètre carré en moyenne (autant qu’à Lyon et deux fois plus qu’à Valence, à l’autre bout du sillon).
Mars 2015
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