Page 19 - EcoRéseau n°18
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n°18
Pixium Vision et son implant rétinien pour personnes atteintes de cécité
Bernard Gilly n’en n’est
pas à son coup d’essai. En
2009 il vendait à sanofi
une biotech spécialisée
dans l’ophtalmologie,
Fovéa, pour 390 millions
d’euros. Mais cette fois-ci
les avancées que Pixium
Vision laisse entrevoir
sont sans commune me-
sure, apportant une solu-
tion aux patients victimes
de rétinopathie pigmen-
taire, une pathologie qui
provoque la cécité et
touche entre 15000 et
20000 personnes chaque
année, en Europe et aux Etats-Unis. « Nous allons pou- voir nous engager sur le marché de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, une pathologie bien plus répan- due, puisqu’elle touche près de 400000 personnes par an », ajoute celui qui a déjà levé 25 millions d’euros et entre en Bourse. Mais surtout la pépite se place sur le terrain de la neuro-modulation. « Nous commençons seulement à connaître le système nerveux central, à comprendre les signaux que les neurones s’échangent. Le XXe siècle a été celui de la cardiologie, le XXIe sera celui du cerveau », prophétise le chercheur entrepre- neur aidé par une technologie de plus en plus puissante, notamment dans la finesse de l’imagerie médicale per- mettant de voir in vivo la réponse d’un neurone à une cellule de la rétine. « La rétine est la voie d’entrée la plus simple. Les cellules sensorielles déclenchent nos réponses. D’autres équipes travaillent sur les cellules olfactives, auditives, gustatives... », explique celui qui a aussi cofondé Gensight, qui utilise la thérapie gé- nique pour traiter de maladies rétiniennes.
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Grand Angle - La santé de demain PaNOraMa Medtech et son robot d’assistance en
neurochirurgie
Mais pourquoi donc Bertin Nahum, qui dirige une start-up de Montpellier, s’est-il classé quatrième entre- preneur le plus révolutionnaire au monde derrière les Jobs, Zuckerberg et Cameron dans le magazine scien- tifique Discovery series en septembre 2012 ? Peut-être parce que l’assistance robotique à la neurochirurgie va exploser, à 3 milliards aujourd’hui dans le monde, sû- rement à 20 dans cinq ans. En 2007, ce Béninois d’ori- gine, qui est né au sénégal et a grandi en France, passé par l’Institut national des sciences appliquées à Lyon, a mis au point rosa, un robot capable d’assister un chi- rurgien lors d’une intervention sur le cerveau. « Grâce à cette machine, l’opérateur peut atteindre avec pré- cision une zone du cerveau ; et au lieu d’effectuer
l’opération à main levée, c’est le bras du robot qui va agir pour poser une élec- trode ou réaliser la ponction d’une tu- meur. » La liste des hôpitaux qui en sont équipés dans le monde – en allemagne, Etats-Unis, Chine, Moyen Orient... – ne cesse de s’allonger. « Les robots vont aider à relever les challenges modernes de ce domaine : l’inflation du nombre de patients, la pénurie de personnel de soins, l’exigence accrue et la moindre to- lérance à l’égard de l’aléa. La chirurgie doit toujours se montrer moins invasive, avec des incisions toujours plus ré- duites. » La médecine cherchera à l’ave- nir à réduire les effets collatéraux (temps de récupération, infections, esthétique). « Nous allons brûler, désactiver par des champs magnétiques, ionisants... pour toujours plus éviter d’ouvrir le corps. Les capsules intelligentes seront utiles. Les robots aussi... », prévoit l’entrepre- neur. JT
poserait cette fois de data. Et selon le pourcentage de réussites et de rechutes, le taux de remboursement serait maintenu ou diminué », ima- gine Grégory Katz. Cette montagne de données à venir est en tout cas un terrain de jeu colossal pour les presta-
JT
taires de services qui les ana- lyseront. Certains se posi- tionnent déjà dans la santé digitale, à l’instar de la start- up française Betterise. Cette plateforme de bien-être, co- fondée entre autres par Chris- tophe Brun, Paul-Louis Bel- letante et Michel Cymes,
mesure et analyse le com- portement des utilisateurs via tous les supports digitaux (le mobile, le fixe, la télé connectée et les objets connectés) pour leur proposer des conseils ultra-personna- lisés et contextualisés. « Nous délivrons des infos, des
conseils personnalisés sur treize thématiques de santé/bien être. Nous ai- guillons nos utilisateurs, par exemple, sur l’alimentation de la semaine ou les aver- tissons des conditions exté- rieures comme les pics de pollution ou les évènements
autour d'eux », relate Chris- tophe Brun. L’algorithme prend déjà en compte 500 critères par utilisateur, sur sa situation, son contexte, ses habitudes, ses goûts... Celui qui aspire à rester en forme et à modifier ses ha- bitudes trouve là un véritable
lot de débats et de limites à poser, avec au bout de l’en- chaînement les effrayants transhumanisme et eugé- nisme. « Il ne faut pas subir la philosophie californienne et les thèses de l’institut de la singularité. Le débat doit être posé et une législation européenne, voire française doit être mise en place », in- siste Fabien Guillemot. Mieux vaut y penser main- tenant, car l’état d’esprit et d’avancement de ces entre- preneurs nous apprennent
Hôpital du futur
Dessine-moi la chambre de demain
coach santé qui peut aussi fournir des conseils plus curatifs à ceux qui rentrent à la maison après une hos- pitalisation, dans le cadre de la chirurgie ambulatoire ou de la maternité. au tra- vers de tous ces dévelop- pements, on devine une vo- lonté de changer les com- portements, mais aussi le destin biologique et géné- tique. « Aujourd’hui, lorsque nous vieillissons d’une année, nous ne nous rapprochons de notre mort que de neuf mois », constate déjà Laurent alexandre. Ce qui suscite évidemment son
e beau-
Les travaux des designers, praticiens et chercheurs esquis- sent petit à petit les plans. Sans surprise les high tech ont une large place ; tout sera fait pour que le patient soit plus autonome, et surtout reste moins longtemps. Au CHRU de Lille, la salle hybride Discovery IGS 730, mise au point par Healthcare General Electric, combine robotique et tech- niques d’imageries les plus avancées. Le lit est modulable en table d’intervention. Des programmes de rétablissement rapide post-opératoires sont exercés pour faciliter la sortie. La tablette à disposition, pour accéder au dossier médical numérisé, les applications, mais aussi objets connectés et jeux thérapeutiques doivent aider le patient à s’autonomi-
ser. Des entreprises du Clubster Santé d’Eurasanté ont aussi imaginé le « silver concept », un nouvel environnement de vie et de soin pour les personnes âgées dépendantes. Mo- dulaire et personnalisable, la chambre futuriste de l’Ehpad évolue en fonction des besoins de son occupant grâce à des parois coulissantes et à du mobilier adaptable pour faciliter la mobilité des personnes âgées. Sans oublier le sol détec- teur de chutes. Des équipements numériques optimisent la communication entre les résidents, soignants et aidants. Le fauteuil roulant ne se déplace pas avec les bras mais en avançant les pieds.
JT
que la réalité est allé. coup plus loin que ce que les séries B de sciences fic- tion osaient à peine imagi- ner...
(1)«Lamortdelamort– Comment la technomédecine va bouleverser l’humanité », éd. JC Lattès, 2011.
Julien Tarby
Mars 2015
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