Page 20 - EcoRéseau n°18
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n°18
PaNOraMa Régions & Territoires - Le sillon alpin
EcoRéseau s'attache à décrire les forces et potentiels insoupçonnés d'un territoire,
Que la montagne est belle
d'une métropole ou d'une région
Le sillon alpin – qui court de annemasse à Valence –, une réalité avant tout géographique... Mais aussi un long corridor industriel et des territoires qui se cherchent des synergies et, dixit, « un destin commun ». Focus.
«E tre plus fort pour peser en France et en Eu- rope »... Voici en substance le mot d’ordre – en forme d’accroche marketing – que cherchent à afficher les communautés d’agglomération du sillon alpin, réunies sous association Pôle métropolitain depuis deux ans... Un bassin de près de 1,2 millions d’habitants, 70 0000 emplois et 90 000 étudiants... Un long ruban qui s’étire sur plus de 300 kilomètres de la grande banlieue ge- nevoise aux portes du Midi, à Valence... Objectifs de ce Pôle métropolitain : « s’imposer comme un pôle stratège (outil de réflexion), médiateur (parler d’une même voix dans le dialogue avec la Région, l’Etat, l’Europe) et
promoteur (être visible à l’échelle européenne) ». ambitieux. De fait, « ce pôle est une réalité, qui a aujourd’hui besoin politiquement d’être renforcé », reconnaît Christian Dupessey, maire d’annemasse, selon qui le sillon alpin « est une dy- namique parmi d’autres ». Comme l’est, dit-il, l’axe Haute- savoie/suisse ou la (re)construction régionale avec rhône- alpes/auvergne. Mais une chose est certaine, ce corridor qui transperce les alpes abrite de jolis trésors : pôles de compétitivité à vocation mondiale, fleurons industriels et atouts touristiques indéniables. La seule Haute-savoie a ainsi enregistré près de 34 millions de nuitées en 2014 et affiche un solde migratoire positif de près de 12 000
habitants/an. « Nous affichons par ailleurs une balance commerciale positive de 265 millions d’euros », s’enorgueillit Guy Métral, président de la CCI de Haute-savoie. reste, sur le territoire, des disparités économiques fortes... L’écart de taux de chômage entre la Haute-savoie et la Drôme par exemple est de plus de quatre points. « Mais ce taux de chômage reste, sur l’ensemble du sillon, globalement en dessous de la moyenne nationale », précise le même Guy Métral. Et d’insister sur une attractivité économique multi- sectorielle (industrie lourde, nanotechnologies, énergie, agro-alimentaire, etc.), « indéniable ».
Pierre Tiessen
u Valence, la délaissée ?
Le pays valentinois. Une situation (géographique) excep- tionnelle. Une agglomération placée au carrefour du grand sud-Est, entre Lyon, Marseille et Grenoble, et plus loin l’Italie... avec Paris en ligne de mire, à moins de 2h30 en TGV. Et pourtant. « On ne comprend pas com- ment une ville avantagée par un tel positionnement ait pu manquer autant d’opportunités », se désole Jacques Bon- nemayre, vice-président au développement économique de la Communauté de communes Valence-romans-sud rhône-alpes (Vrsra). « En effet, on n’est relativement peu concerné par ce qui se passe en PACA et également peu poussé par la dynamique du sillon alpin », juge-t-il. Et de tacler gentiment, dans un sourire, l’action de pré- cédents responsables locaux qui « ont sans doute manqué de réalisme ». De fait, et ce malgré des filières reconnues (agroalimentaire avec le label « premier verger de France », la sous-traitance industrielle, l’avionique avec Thalès, etc.), le territoire valentinois manque d’une nou- velle dynamique entrepreneuriale. « Les plus gros em- ployeurs sont le Conseil général et la ville de Valence... », précise Jacques Bonnemayre. L’influence (économique) de la savoie, de l’Isère et de la suisse ? « Honnêtement, on ne la sent pas vraiment. On ressent plus l’effet de Lyon que du sillon. » Néanmoins, la ville cherche à se connecter aux terres alpines. Elle est notam- ment classée pôle universitaire décentralisé de Grenoble, abritant ainsi quelque 10 000 étudiants (sur un total de 65000 habitants). « Cela nous fait exister et nous permet de conserver le lien », estime l’élu. Et d’espérer que l’ac- tion commune au sein de la Vrsra génère rapidement d’autres résultats plus marqués.
La plaie des alpes
Transport
Le rail alpin rime au mieux avec TEr quand le réseau routier du territoire, de l’avis de la plupart des édiles locaux, reste insuffisamment équipé en voies rapides...
1992. L’année « du désenclavement » de Valence et de son agglomération. « Tout a alors changé », se souvient Jacques Bonnemayre, vice-président au développement économique de la Communauté de communes Valence romans sud rhône-alpes. Car cette année-là, l’a49 est apparue dans le paysage drômois ; une bande de bitume de 60 kilomètres qui, depuis romans-sur-Isère, trans- perce le nord du département pour rejoindre l’échangeur de Voreppe, puis Grenoble. « Auparavant, la seule solu- tion pour rejoindre au plus court le sillon alpin était d’emprunter une départementale... ». L’enfer des trans- porteurs routiers. Tout est-il vert depuis 1992 aux portes du Vercors ? « Ce n’est évidemment pas si simple. Il manque une dynamique au réseau routier et ferroviaire pour faire de ce sillon alpin un vrai territoire connecté. » Et ce alors que l’a7 et les LGV Méditerranée placent la même ville de Valence à une heure seulement de Mar- seille ou de Lyon. « Nous sommes globalement isolés géographiquement du reste du sillon », tranche Jacques Bonnemayre. Même son de cloche à la frontière suisse. « Le transport ? Définitivement le point faible de toutes
les villes du territoire », commente Christian Dupessey, premier magistrat d’annemasse. Et d’admettre qu’il est toujours plus rapide, depuis sa ville, de rejoindre en train Lyon plutôt que Grenoble... « Un vrai handicap. Le ré- seau ferroviaire et routier donnent pourtant une cohésion à un territoire », affirme-t-il, saluant le projet de rEr transfrontalier (baptisé CEVa), qui reliera en 2019 Ge- nève à annemasse toutes les 20 minutes. « Et reliera en- suite la ville au reste du sillon, via Annecy et Saint Gervais. » Un projet de 1,8 milliard d’euros (financé aux trois-quarts par la suisse). Le nombre de voyageurs en transit à annemasse devrait passer chaque année de 300000 actuellement à plus de quatre millions... « Bien mais toujours pas à la hauteur des enjeux, relève quant à lui Guy Metral, président de la CCI de Haute-sa- voie. Le sillon alpin, c’est en effet la région Rhône-Alpes et demain Rhône-Alpes-Auvergne. Il faut prendre en compte cette nouvelle relation avec Clermont-Ferrand. Or, nous nous sentons loin, très loin... »
PT
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Mars 2015


































































































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