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n°18
PaNOraMa Grand Angle - La santé de demain
Valneva révolutionne la fabrication des vaccins grâce aux cellules souches
Depuis 60 ans un grand nombre de vaccins – grippe, oreillons, fièvre jaune – sont fabriqués à partir d’œufs de poule. Cela implique que des centaines de millions d’œufs sont utilisés chaque année par l’industrie phar- maceutique. Un modèle qui, s’il a fait ses preuves et a été considérablement perfectionné, présente des dé- fauts, comme l’explique Franck Grimaud, le directeur général de Valneva : « Surviennent régulièrement des problèmes de contamination des œufs, qui entraînent le rejet de certains lots. Parfois, c’est l’usine elle- même qui est contaminée. Et cette méthode est gour- mande en travail humain. » au début des années 1990, l’INra et l’INsErM en France, et le North Carolina Institute aux Etats-Unis, ont mené des recherches sur les cellules souches embryonnaires du canard, qui leur ont permis de mettre au point un procédé de fabrica- tion du vaccin qui offre une alternative aux œufs de poule : la lignée cellulaire EB66. C’est ce procédé qui a été développé et est aujourd’hui commercialisé par l’entreprise lyonnaise Valneva : « Dans des cuves de 100 à 10000 litres, nos cellules croissent dans un mi- lieu de culture adapté. On y injecte des virus, comme la rougeole, la grippe ou les oreillons, puis nos cellules
vont se multiplier en des mil-
liards d’exemplaires afin de gé-
nérer des milliards de copies du
virus. Puis, le virus est extrait,
inactivé, et mélangé à une sorte
d’huile qui donne le vaccin »,
vulgarise Franck Grimaud.
L’industrie pharmaceutique se
prépare donc à passer graduel-
lement d’un système agricole à
un procédé totalement contrôlé,
fermé et sécurisé. « Deux à trois
nouveaux vaccins devraient être
enregistrés en 2015 », énonce le
dirigeant. La société de biotech-
nologie, née de la fusion en
2013 de Vivalis sa et Intercell
aG, compte 400 personnes
dans ses bureaux français, autri-
chiens, suédois et écossais. Elle réalise 80 millions d’euros de Ca en année pleine, et investit 20 à 35 mil- lions d’euros par en recherche et développement cli- nique de nouveaux vaccins.
AM
même difficile de savoir où nous en sommes exactement et ce que nous pouvons es- pérer des « ingénieurs du vivant ». La démocratisation du séquençage de l’aDN a en fait eu des conséquences incalculables pour l’huma- nité. alors que décoder le premier génome humain dé- codé a nécessité 15 ans de recherches et 2,7 milliards
une manne colossale. De- puis 2000 les labos utilisent les technologies de biocon- version (et plus seulement la chimie) pour fabriquer des médicaments, des vac- cins, des anticorps. Ils uti- lisent les thérapies géniques – qui devraient se banaliser d’ici10à15ans–oucel- lulaires pour soigner des maladies comme le diabète,
conçoit ainsi des antibio- tiques intelligents qui sé- lectionnent les bactéries à éliminer.
les prédispositions des pa- tients, il sera possible de les responsabiliser. « Au XXe siècle il s’agissait d’éviter l’apparition de la maladie,
pondant » au traitement, sont les premières étapes du pas- sage d’une médecine prêt- à-porter à une médecine sur- mesure. aux Etats-Unis, sous l’égide de la Food and Drug administration (FDa), 300 médicaments sont associés à des biomarqueurs et des tests Compagnon. Ce serait
aussi l’avènement du « pay for performance » dans le système français. En effet, « Le fabricant du médica- ment passerait devant l’au- torité de santé, obtiendrait le remboursement selon ce qu’il annonce, puis au bout de trois ans repasserait de- vant une commission qui dis-
Nous serons bientôt tous séquencés, et pourrons donc être traités en fonction
Le géant californien entrevoit aussi le même genre de futur pour la santé. Il suffit de tracer les sommes qu’il a versées pour une flopée de bio- techs. 425 millions de dollars rien qu’en 2014, rap- porte le Wall Street Journal :
CHAPITRE 4
e
au XXI , il s’agira d’éviter
DATA ET MÉDECINE PERSONNALISÉE
Nous serons donc bientôt tous séquencés, ce qui pour- rait signifier être traités en fonction de notre aDN pro-
l’apparition du malade ! Mieux vaut s’y préparer dès maintenant, en ne ratant pas le tsunami des data qui échoue déjà sur nos rivages pour des probléma- tiques de sécurité ou de ré- ticence au changement de la part de l’administration », prévoit celui qui est aussi directeur de la Fondation gé- nérale de santé, qui soutient le don de cellules souches de sang de cordon et promeut la recherche en thérapie cel- lulaire. Le spécialiste évoque la fin des traitements à grande échelle pour une population supposée homogène. Place aux doses personnalisées, en fonction du métabolisme et du patrimoine génétique de
chacun. Les thérapies ciblées, associées à des tests Com- pagnon déterminant si le pro- fil de la personne est « ré-
Google veut vous rendre éternel
de dollars, le séquençage ne prend plus aujourd’hui que quelques heures et ne coûte que 1000 dollars. Les spécialistes tablent sur qua- tre heures et 50 dollars dans un proche avenir. Et ceux qui ne faisaient qu’observer il y a encore quelques an- nées se sont mis à manipuler de l’aDN, ce qui a ouvert la boîte de Pandore des fan- tasmes et appétits en tous genres de la part des cher- cheurs et des entreprises. La recherche contre le can- cer comme les OGM à des- tination des pays les moins avancés sont concernés. Les laboratoires mais aussi les IBM, apple et autre Google mettent leurs deniers dans la génétique, pressentant
de notre ADN propre
Calico : fondée par Google, la biotech cherche rien moins qu’un remède contre le vieillissement. si seulement.
Flatiron : 130 M$ pour cette base de données contre le cancer.
IPierian : 22 M$ pour soutenir les cellules souches pluripotentes contre alzheimer. DNAnexus : 15 M$ pour aider cette société cali-
la maladie d’alzheimer ou la leucémie. Transgène évo- lue dans l’immunothérapie, concevant des virus intelli- gents contre les cancers du poumon et du foie, qui s’at- taquent aux cellules ma- lades. Cellectis (cf. encadré) fabrique pour les labos des cellules immunitaires gé- nétiquement modifiées. La biologie de synthèse, consis- tant à transformer des mi- cro-organismes en usines cellulaires, a tout bouleversé à partir de 2003. On n’a plus manipulé un gène à la fois, on a introduit dans un organisme vivant (levure, bactérie) de nouvelles fonc- tions, comme produire des molécules thérapeutiques par exemple. PhageX
pre. La médecine personna- lisée est pour demain, car l'arrivée de données géno- miques massive constituera la pierre angulaire du dossier médical de chacun. M Tout- le-monde pourra consulter ses données médicales en temps réel, partout et à tout moment. « Une société amé- ricaine donne déjà les pro- babilités de développer telle ou telle maladie en compa- rant par rapport à la moyenne », illustre avec en- thousiasme Grégory Katz, professeur à l’Essec, titulaire de la chaire Innovation thé- rapeutique à l’EssEC. La prévention, qui représente 7% des dépenses de santé en France, pourrait donc bien être décuplée. En identifiant
fornienne à dresser votre profil génétique à l’aide du Big data. Adimab : 14 M$ pour les an- ticorps thérapeutiques.
Rani Therapeutics : 10 M$ pour une pilule d’insuline in- telligente.
Foundation Medicine : Diag- nostic des cancers par le Big data.
Predilitics : Outils d’analyse de données pour les assureurs.
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Mars 2015
Baseline Study : Projet made in Google pour pré- venir le déclenchement des maladies graves.


































































































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