Page 37 - EcoRéseau n°24
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Interview croisée - Femmes qui osent CLUb ENTREPRENDRE
moins mais mieux : par souci écologique d’une part, mais surtout économique. Lucky- Loc, c’est un peu tout ça : on permet aux agences de location de résoudre leur problématique de rapatrie- ment tout en comblant le besoin des particuliers de se déplacer pour moins cher. C’est gagnant-gagnant car tout le monde fait des éco- nomies, et c’est écologique car on évite que des voitures circulent à vide ! Je ne me voyais pas entreprendre n’importe quoi, je suis donc satisfaite de cette voie.
être exemplaire en toutes cir- constances. Je pense l’avoir été avec mes huit équipiers de la Patrouille de France. CC : Avec nos collabora- teurs, nous appartenons à la génération Y. Nous avons donc une vision très colla- borative du travail : nous consultons, nous demandons l’avis, nous réfléchissons ensemble à la stratégie de demain. Avec mon associé, bien sûr, nous dictons la voie à suivre, mais notre démarche consiste à associer l’ensemble de l’équipe à no- tre réflexion. Cela nous sem- ble une évidence.
Quelle est votre perception de l’échec ? Y avez-vous déjà réfléchi ?
ble. En réalité, j’avais peur de décevoir si je devais échouer. Mais au fond de moi, j’ai toujours su où était ma passion. L’échec n’est pas une peur qui pétrifie, au contraire, c’est une peur qui motive.
fiasco général. D’ailleurs, les incubateurs existent pour cela, pour nous aider à être vigilant, à prendre les bonnes décisions, et à éviter le pire.
Un bon chef d’entreprise est un leader. Quelles qualités doit-il avoir ? VG : Pour moi le leadership est quelque chose de très personnel, il n’y a pas de modèle « tout fait ». J’ai beaucoup observé mes su- périeurs hiérarchiques, je me suis inspirée d’eux. Cer- tains étaient parfois très au- toritaires mais ils étaient respectés pour autant. C’est à chacun de trouver sa voie, sa façon de se faire respecter, et cela s’apprend sur le ter- rain avec de l’observation, du bon sens et de la sincérité. S’il n’existe pas de modèle parfait, le leadership doit être en cohérence avec sa propre personnalité. Et puis, un bon leader doit avoir de l’audace, il doit oser ! il doit être tenace aussi pour
ments où il rentrait à la mai- son avec un énorme sourire parce qu’il venait de signer un contrat. En créant ma boîte, j’ai voulu revivre ces sentiments.
En tant que femme, pensez-vous avoir eu plus de mérite que
les hommes pour entreprendre votre vie, votre carrière ?
VG : Honnêtement, évoluer en tant que femme dans un milieu d’hommes n’a pas toujours été facile pour moi, même si avec 22% de femmes, l’Armée de l’air est aujourd’hui le corps de l’Armée le plus féminisé. Mais quand on est jeune pi- lote de chasse, on doit faire ses preuves, peu importe que l’on soit un homme ou une femme. J’ai eu la chance d’évoluer dans un milieu très professionnel qui juge sur les compétences avant tout. Personne n’a jamais essayé de me mettre des bâ-
à mon égard. Tous m’ont fait confiance. Le vrai sujet serait plutôt : pourquoi y a- t-il encore si peu de femmes qui entreprennent ? Je ne me l’explique pas vraiment.
Quels sont vos projets pour l’avenir ? VG:À38ans,jesuisune toute jeune retraitée. J’ai des projets de reconversion dans l’aviation civile, je suis en train de passer des qua- lifications en ce sens. Je suis par ailleurs sollicitée par des entreprises qui me demandent de témoigner sur mon parcours. Je trouve in- téressant de partager des sa- voir-faire, des valeurs, de croiser les regards. Je dé- couvre d’autres métiers, je rencontre des gens formi- dables, ce qui m’ouvre l’ho- rizon et l’esprit. Sinon, je prends un peu de temps avec ma famille. Avant de repartir pour de nouvelles aven-
Vous avez l’une et l’autre dirigé des équipes. Quelle est votre vision du mana- gement ?
CC : Oui, j’ai déjà réfléchi au fait que peut-être, l’aven- ture ne finirait pas comme je l’entendais. Finalement, nous vivons plein de petits échecs au quotidien : des marchés que nous perdons, un partenariat qui n’aboutit pas. Mais le gros échec serait que l’aventure se termine. Je vous avoue que je ne l’envisage pas très sereine- ment. Un échec devient dra- matique si nous emmenons des gens avec nous. Nous avons une responsabilité so-
VG : Je crois qu’un leader,
Je revois mon père rentrer heureux à la maison grâce à un contrat signé. J’ai voulu revivre ces sentiments en créant ma boîte
faire face aux moments de doute et de découragement. Et j’en ai eu quand j’étais jeune pilote ! Tenir son cap, ce n’est pas toujours facile ! CC : Je suis d’accord...
Claire Cano
tures...
CC : Aujourd’hui, notre
tons dans les roues. Au quo- tidien, j’ai rencontré des hommes qui m’ont appris mon métier, sans se soucier de mon genre.
principal enjeu est de faire connaître notre concept, car même si nous sommes en pleine croissance, LuckyLoc
relativement peu
©O.EZRATTY
même s’il doit fixer un cap, donner des objectifs et pren- dre des décisions, doit être avant tout fédérateur. C’est dans ce sens que je pense avoir été un bon leader, qui doit savoir être à l’écoute, responsabiliser ses équipiers pour les mettre en confiance et les impliquer. Ainsi, chacun doit se sentir indispensable à la réussite collective de la mission. Un bon leader doit aussi savoir bien communi- quer, c’est un point clé du management. Enfin, il doit
25 ans, a co-fondé LuckyLoc en 2013. Après une levée de fonds de 300000 euros huit mois après sa création, l’entreprise poursuit son développement. Elle compte huit salariés, 80000 inscrits sur son site et 200 agences de location partenaires partout en France. Depuis début 2015, LuckyLoc a développé « Expedicar »,
une offre dédiée aux particuliers.
CC : Franchement ? Je ne vois aucune différence. Quand une femme entre- prend, elle ne pense pas à son statut dans la société, elle pense à développer son projet. Je ne pense pas qu’il y ait d’obstacle lié au genre. L’automobile est un métier très masculin, tous mes clients sont des hommes. Pourtant, je n’ai jamais re- levé une quelconque re- marque sexiste ou déplacée
est encore.
connu ! Et puis, dans un coin de nos têtes, nous ré- fléchissons à nous ouvrir à l’international et à dévelop- per des trajets avec nos voi- sins : l’Allemagne, l’italie, l’Angleterre ou encore l’Es- pagne. La route est encore longue...
VG : Pour réussir, il faut forcément vivre des échecs. On ne peut pas être bon dès le début. Ces échecs doivent déclencher une réflexion, une prise de conscience voire une remise en question, pour progresser et s’élever. Mais l’échec me fait peur, je l’avoue. D’ailleurs, quand j’étais jeune, je ne voulais pas dévoiler mes ambitions, j’avais peur que mon en- tourage me prenne pour une folle car je m’attaquais à quelque chose d’inaccessi-
ciale. Nos salariés savent qu’il y a un risque, mais nous faisons tout pour le li- miter en étant responsables de nos actes. Mais vous sa- vez quand nous sommes en- trepreneurs, nous n’envisa- geons pas autre chose que de développer notre entre- prise. Si cela devait m’arri- ver, je pense que mon opti- misme me pousserait vers autre chose. J’espère être assez vigilante sur les petits échecs, ne pas reproduire les erreurs, pour éviter le
Pour moi, un bon chef d’en- treprise doit être à l’écoute de ses équipes, de ses clients, de son marché. Résolument optimiste, il doit savoir gar- der la tête froide et posséder ce petit grain de folie qui fait entreprendre de grandes choses. J’ai la chance d’avoir un père entrepreneur qui m’a donné une bonne vision des galères, et la passion de ses succès. il m’a commu- niqué sa passion. Enfant, je regrettais qu’il ne soit pas plus disponible, mais j’ai des souvenirs forts des mo-
Propos recueillis par Anne Diradourian
Evènement au salon des micro-entreprises
Journée Nationale des Femmes
entrepreneures
Cette manifestation – dont Claire Cano est la marraine cette année - est devenue le point de rencontre de milliers d’entrepreneures.Vous êtes créatrice d’entreprise ? Dirigeante de TPE ou indépendante ? Rdv le 7 octobre à Paris au Palais des Congrès pour des conseils d’accompagnement, des Speed Business Meeting® au féminin et du partage d’expérience lors des conférences.
salonmicroentreprises.com/espace-visiteurs/journee-des-femmes.php
OCTObRE 2015 37