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Interview croisée - Start up frenchies présentes au CES 2015 de Las Vegas CLUB ENTrEPrENDrE
de la pertinence de sa tech- nologie. Il existe toujours le frein du premier client. Une fois que la technologie est intégrée, tout avance plus vite. sur un plan finan- cier, j’avais la chance d’avoir des fonds propres. Début 2014, nous avons lancé une levée de fonds mais nous l’avons faite un peu trop tôt. Une erreur de jeunesse. Cette fois, nous sommes prêts et nous réité- rerons l’expérience au cours du deuxième semes- tre 2015.
Êtes-vous satisfait de l’image véhiculée par l’entreprise ?
RO : Giroptic est une vieille start-up, mais aux yeux des gens elle n’existe que depuis six mois. Nous
briques technologiques que n’importe quel industriel pourra adapter à ses be- soins.
Comment définiriez- vous votre style de management ?
RO : Très horizontal ! Je partage tout, je ne cache rien à mes salariés, je veux qu’ils sachent tout, les bonnes comme les mau- vaises nouvelles. a Eura- technologies, où nous sommes installés depuis quelques mois, nous tra- vaillons en open-space pour que l’information cir- cule le mieux possible. Il faut de la fluidité dans l’or- ganisation : je refuse de m’isoler et même si je passe beaucoup de temps à l’étranger, je reste en
uns des autres, c’est pri- mordial.
LL : J’avoue que je ne me suis jamais posé la ques- tion. Je dirais qu’il règne un esprit très start-up dans l’entreprise. J’ai plutôt une vision américaine du mana- gement, où les salariés re- çoivent peu de directives, sont très autonomes. Ça me convient bien.
Quelle est votre perception de l’échec ? RO : J’aime dire que Gi- roptic s’est construite sur un échec. Car finalement, notre idée de départ, des solutions pour les agents immobiliers, a vite été ba- layée. Cet « échec » nous a permis d’apprendre et de corriger le tir. Une start-up est une succession de pi- vots, elle doit être agile pour rebondir. Finalement, l’échec c’est répondre avec agilité à une situation don- née. Je rejoins complète- ment Emmanuel Macron quand il dit que l’entrepre- neuriat est d’abord une af- faire d’humilité. Un vrai entrepreneur va se lancer
juste avant le CEs, a cer- tainement contribué à la soudaine « notoriété » des entreprises françaises à Las Vegas.
Giroptic ressemble à GoPro, qui est une réfé- rence pour nous tous ici. C’est ce que nous aime- rions devenir, en termes de marketing et d’image. Nous allons y travailler. D’ailleurs les derniers re- crutements sont des postes dédiés au marketing et au business development.
technologie pour les smart- phones et tablettes, notam- ment des objets connectés. Fred Potter, fondateur de Netatmo, apporte son expé- rience d’ingénieur, sa vi- sion et sa passion pour réinventer les objets du quotidien. Ces deux créa- teurs, comme d’autres, ont des visions intéressantes que je partage. En re- vanche, je ne suis pas plus admiratif que cela d’un Bill Gates. Ce n’est pas mon « père », même si j’admire ce qui a été fait de Micro- soft. Je pense qu’il est plus compliqué de créer une grosse boite aujourd’hui que de son temps. a l’époque, il y avait une es- pèce de bulle au-dessus de la silicon Valley. Les choses sont moins simples aujourd’hui.
Nous avons quitté Las Vegas avec 150 cartes de visites en poche, dont 50 de hauts dirigeants d’entreprises cotées en Bourse Loïck Lecerf
LL : Je pense que smart me up a l’image d’une start-up très technologique et très innovante. Il faut dire que nous avons en notre sein une très bonne équipe de chercheurs dont trois docteurs en intelli- gence artificielle. Le mo- dèle vers lequel nous aimerions tendre est inspiré d’une entreprise améri- caine : Nuance Communi- cations. Cette entreprise est
LL : C’est vrai qu’on par- lait beaucoup français cette année à Las Vegas. Je crois qu’une entreprise sur quatre était française. smartmeupaeula chance d’être sélectionnée par Ubifrance, l’agence française pour le dévelop- pement à l’international des entreprises, parmi 18 autres entreprises, pour ex- poser au sein de l’espace Eureka Park, ce qui nous a offert une belle visibilité. Nous avons quitté Las Vegas avec 150 cartes de visites en poche dont 50 contacts de hauts diri- geants d’entreprises cotées en Bourse.
LL : J’admire beaucoup
Elon Musk, cet entrepre-
neur sud-africain cofonda-
teur de Paypal, spaceX,
Tesla Motors et solarcity. Il
est aussi à l’initiative du
projet Hyperloop, qui est
un projet de recherche d’un
mode de transport sub- doivent maintenant se
Pensez-vous que le label French Tech va booster la créativité des entrepreneurs français ?
RO : C’est un label très jeune. Les entrepreneurs
©Biais Jean Marc HEC Paris
commençons à être connus partout dans le monde, le CEs Las Vegas nous a donné une grande visibi- lité. Il est encore trop tôt pour parler d’image de marque mais j’aimerais que
leader sur les marchés des solutions vocales et d’ima- gerie numérique destinées aux professionnels et aux particuliers du monde en- tier. Nous avons le même business model fait de
contact permanent avec mon équipe. Nous sommes une communauté de four- mis : chacun a sa tâche, son objectif et s’organise pour le réaliser. Et surtout nous sommes tous solidaires les
tenaces, qui ne lâchent rien. En France, j’admire le tra- vail et l’état d’esprit d’Henri seydoux, co-fon- dateur de Parrot qui conçoit, développe et com- mercialise des produits grand public et de haute
créativité des en. neurs, mais il ne peut que leur donner l’envie de réussir. On voit de plus en plus de jeunes qui ont envie de créer leur start- up. Ce label je le vois plu- tôt comme un soutien à une dynamique, à une dé- marche collective.
Loïck Lecerf,
34 ans, fondateur de Smart me up, annonce un CA de 250 000 euros en 2014. La start-up, qui emploie à ce jour huit salariés, lancera une levée de fonds cette année avec l’objectif d’atteindre 20 salariés fin 2015 et 40 fin 2016.
quotidien et dans tous les domaines.
LL : Le Label French Tech montre des exemples d’en- trepreneurs français qui réussissent et c’est en soi une bonne chose. Je ne sais pas s’il va booster la
sans savoir si son projet va fonctionner.
LL : Dans la culture fran- çaise, l’échec reste mal perçu. aux Etats-Unis, c’est le contraire, l’échec est valorisé car il permet de rebondir. J’ai l’habitude de dire : soit tu réussis, soit tu apprends ! Des échecs, on espère ne pas en subir trop, mais au fond, on en vit au
sonique, à mi-chemin entre le Concorde et le chemin de fer. Cet entrepreneur est avant tout un scientifique qui a les pieds sur terre et qui n’a pas peur de penser les choses différemment. Tous ses projets sont en rupture par rapport à ce qui se fait, à ce qui existe. C’est un entrepreneur inno- vateur.
Pourquoi les start-up françaises ont-elle tant créé le buzz à Las Vegas ? RO : Le CEs Las Vegas, c’est le salon qu’il ne faut pas rater, c’est une rampe de lancement pour les start-up, la Mecque incon- tournable de l’électronique grand public. En 2014, nous avons investi près de 100000 dollars pour y être. Mais ce fut un investisse- ment rentable car il nous a apporté une visibilité in- croyable. Le label French Tech, lancé en novembre
l’approprier. Las Vegas a été son baptême du feu et c’est pourquoi on en a tant parlé. Mais ce label ne fonctionnera que s’il est porté par les start-up qui sont labellisées. Il y a en- core beaucoup de choses à mettre en place et une dy- namique à créer.
Y a t-il des personnes qui vous inspirent ? RO : J’admire les personnes
trepre-
Propos recueillis par Anne Diradourian
Mars 2015 31