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n°14
PANORAMA Regard sur l’Actualité - Jacques Séguéla
nerait « La France d’après ». Le pays est au bout du rouleau, et il im- porte d’imaginer la suite. Une sorte de prospective, comme je m’y étais déjà
n°2, que 70% ne croient plus en leur parti politique, que 75% pensent qu’il n’y aura jamais réconciliation au sein du parti socialiste, que 65% des parents sont
a toutes ses chances. Elle vit seulement un problème économique, donc poli- tique. Si François Hollande avait choisi Manuel Valls dès le début, nous n’en se-
les bonnes, mais elles sur- viennent trop tardivement. Il n’y a plus que 18 mois. Tout commence en 2015, mais il faudra 6 mois pour que les réformes commen- cent à faire effet. Puis en septembre 2016 plus rien ne bougera parce que le pays entrera en campagne. Je rêve d’un véritable so- cial libéralisme, mais le ti- ming et l’ampleur des mesures laissent dubitatif. Songez que nous cherchons à économiser seulement 17 milliards par an. Un détail par rapport au budget na- tional. Une entreprise cotée en difficulté qui applique- rait un remède aussi faible serait dénigrée par les mar- chés. Il aurait aussi fallu que François Hollande joue la carte de la réconciliation en appelant des personnalités expérimentées au gouverne- ment, comme Bertrand De- lanoë ou Gérard Collomb. Je reste optimiste pour le pays, mais nous perdons du temps à cause de ces er- reurs.
Et pourtant la France est, malgré son pessimisme légendaire, toujours à même de faire rêver via la publicité ? C’est justement un fran- çais, Charles Havas, qui l’a inventée il y a 180 ans, en 1835. La publicité reste une marchande de bonheur, et plus la crise sévit, plus il
Dixit...
Les citations du fils de pub qui ont fait date sont nombreuses. Petite sélection en toute subjectivité
« La vie est trop courte pour travailler triste »
« Faire une élection, c'est raconter une histoire de telle façon que l'enfant qui sommeille en tout électeur croie que le can- didat est le seul héros crédible de cette histoire »
« Sida : baisons futé »
« Ne dites pas à ma mère que je suis dans la pub, elle me croit pianiste dans un bordel »
« Les publicitaires se prennent pour des procréateurs. Ils ne sont que des accoucheurs »
« La mondialisation, de fait, entraîne la régionalisation »
« Euro : Au lieu d'investir des millions dans des campagnes de communication, il faut donner un convertisseur à chaque Français »
« Nous percevons toujours ce qui est nouveau chaussé de nos lunettes du passé et notre vue s'y déforme »
« La communication d'aujourd'hui sort des tripes, pas des neurones »
"Il faudra beaucoup plus d'ordina-coeurs que d'ordinateurs dans la communication de demain"
bre de récompenses, nous sommes cinquièmes au- jourd’hui, alors que nous représentons seulement 2% du commerce mondial. C’est une performance. Le film de l’ours pour Canal+, réalisé par BETC, reste le plus primé de tous les temps. Autre exemple, cette année l’agence Les Gaulois a gagné 10 Lions au festival international de la publicité à Cannes. Et ces efforts finissent par payer. Ce premier semestre nous enregistrons les meil- leurs chiffres du monde, devant WPP. Le combat de ma vie consiste justement à
patron de publicité, et qui m’a appris à mettre ensem- ble images et mots pour faire passer des messages. Vient aussi l’américain Bill Bernbach, l’un des fonda- teurs de DDB, inventeur de la publicité moderne. Je lui ai demandé s’il avait un conseil : « Toi tu n’as qu’un job à assurer : faire régner l’esprit créatif dans tes agences, et c’est bien suffisant », m’a-t-il ré- pondu. Des artistes comme Salvador Dali, Serge Gainsbourg ou Jacques Prévert m’ont impres- sionné et influencé. Ma vie consiste à être une éponge, et il me faut prendre le meilleur à chaque fois.
La relève est-elle assurée en termes de créativité ?
Les créatifs français de la jeune génération ne se met- tent pas autant en avant que moi (rires), mais sont très brillants. Les années 80 ont été un âge d’or pour la pu- blicité, car la télévision, véritablement apparue en
adonné dans « le futur a de l’avenir ».
Vos voyages vous mon- trent-ils à chaque fois la morosité dans laquelle baigne la France ? J’ai écrit un livre sur le sujet, « Merde à la déprime ! ». Mais il apparaît que la France est actuellement à son degré d’insatisfaction maximal. Moi-même, je suis déçu de ce qu’est devenu le socialisme. L’incrédulité règne en maître. Songez, d’après les récentes études, que 80% des Français pen- sent que le président n’est pas le bon, que 75% n’ont aucun espoir quant à Valls
contre la modification des horaires scolaires alors que Najat Vallaud Belkacem l’impose. Le moment est explosif, tout peut dégéné- rer. Pour l’instant les trou- bles surviennent dans chaque secteur séparément, mais il en faut peu pour que les mécontents se regrou- pent. Le mariage pour tous a failli mettre le feu aux poudres, l’école sera peut- être l’élément déclencheur. Les feux follets auront alors tôt fait de devenir in- cendie...
L’optimisme n’est donc vraiment pas de mise ? La France reste un pays qui
rions pas là. Mais il a mis 2 ans et demi à détricoter ce qu’avait instauré Nico- las Sarkozy, avant de re- faire peu ou prou la même chose. La France est lyo- philisée. La consommation est atone, la croissance
La publicité reste une marchande de bonheur, et plus la crise sévit, plus il faut forcer le trait
aussi, le pouvoir d’achat diminue et le chômage aug- mente. Les mesures prises par le gouvernement sont
faut forcer le trait, faire rire et rêver la ménagère. En créativité nous étions troi- sièmes au regard du nom-
prouver la créativité excep- tionnelle de la publicité française. Je n’ai jamais voulu céder aux proposi- tions lucratives formulées par les Anglais ou Améri- cains. Je suis le seul des 4 fondateurs d’Euro RSCG à être resté jusqu’au bout.
Avez-vous des mentors, des pères spirituels ? Ce sont avant tout des hommes à qui je dois beau- coup : Roger Thérond de Paris Match qui m’a appris le choc des images lorsque j’étais reporter, Pierre La- zareff qui m’a enseigné à France Soir le poids des mots, et enfin Robert Del- pire qui a été mon premier
is 10 ans avant
Jeu
68,am.
d’être réellement intégrée. Mais aujourd’hui, en ces années plus difficiles, cer- tains s’en sortent très bien à l’exemple de Rémi Babi- net chez BETC, qui a prouvé son talent au travers des publicités Evian ou Canal+.
Tous ces slogans résonnent dans les têtes parce qu’ils ont façonné le marketing publicitaire et politique des 30 dernières années en France. On les doit à Jacques Séguéla. Saurez-vous les retrouver ?
Slogan Club Med
g. Slogan Citroën
h. Slogan Alain Afflelou
Propos recueillis par Julien Tarby & Jean-Baptiste Leprince
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OCTOBRE 2014
1. "Un café nommé désir" a.
2. "La force tranquille" b.
3. "Demain, j'enlève le bas" c.
4. "Présider autrement une France plus juste" d.
5. « Le bonheur si je veux » e.
6. «Afondlaforme» f.
7. « On est fou d’Afflelou »
8. « Les chevrons sauvages »
Slogan de François Mitterrand à la présidentielle de 1981 Slogan Carte Noire
Slogan Décathlon
Slogan afficheur Avenir
Slogan de Lionel Jospin à la présidentielle de 2002
(solution:1b;2a;3d;4e;5f;6c;7h;8g)


































































































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