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n°24
ART DE ViVRE & PATRiMOiNE Patrimoine - Immobilier haut de gamme
L’offre « on line » à la rescousse
Le marché français de l’immobilier prestige et ultra-luxe retrouve le chemin de la croissance. Les nouveaux services en ligne n’y sont pas totalement étrangers...
moyens : compter 4000 eu- ros pour le matériel et en- viron 1 euro par mètre carré scanné pour le traitement des données. Un budget qui convient particulièrement « au segment haut de gamme », admet le jeune entrepreneur.
main ou encore Champs- Elysées) environ 17000 eu- ros/m2. « Les acheteurs, pour ce genre de biens, sont plus au fait des prix que nous. Ils veulent bien payer un prix fort mais pas un prix déraisonnable. Nous avons ainsi un bien, dont le propriétaire exigeait au départ 45 millions d’eu- ros, que nous avons été obligés de faire descendre à 25 millions. Il faut en général, sur ce marché, trois visites « physiques » de biens différents pour dé- clencher un achat. A la condition évidemment que les biens visités soient fi- dèles à ce que les clients recherchent et qu’ils soient au juste prix... »
U« Quand je vous disais de concevoir le bien de vos rêves sur le logiciel, je ne pensais pas que vous feriez un château dans les nuages... »
n vent de change- France à 300000 ménages, être fidèles à la réalité et alors le site spécialisé ment soufflerait-il active (66%) et plutôt ma- susciter l’envie, la projec- www.observatoiredelafran- sur l’immobilier de ture. « 78% des acheteurs tion. Mais aussi mettre en chise.com.
Une chose est sûre : pour être performant, il faut aussi savoir suivre le rythme (sou- tenu) de l’innovation « on line ». Sur Google en par- ticulier, qui change régu- lièrement les règles de son algorithme. il s’agit d’être « balayé » par ce dernier et ainsi d’être bien référencé. Ce qui implique parfois « des frais conséquents ». Car même dans l’immobi- lier de prestige, la course aux « clics » et aux pages vues compte. Etre vu pour mieux vendre... « Mais il faut aussi donner à voir », relève Marko Kulundzic, de l’agence 20000lieux, po- sitionnée sur des biens « grand luxe » mis à dispo- sition pour des tournages, des séances photos ou des soirées lancement. « Nous avons ainsi 3500 lieux ré- férencés à la location et de- puis quelques temps nous mettons à disposition de nos clients ce réseau dans le cas de vente immobi- lière. » Cette agence pari- sienne, que fréquenteraient Gérard Depardieu ou encore Woody Allen, récupère ainsi de ses propres clients entre 50 et 80 mandats à la vente par an. « Le marché de l’ul- tra-luxe se porte très bien », reconnaît Marko Kulundzic. A la condition de respecter certaines règles. Côté agence : pouvoir déployer ce qu’il faut pour mettre en valeur le bien. « Nous avons un photographe salarié et proposons également des films de très haute qualité, tournés à l’aide de drones. Cela fait aujourd’hui la dif- férence. » Côté client ven- deur : savoir s’inscrire dans le prix du marché, soit pour un appartement d’exception à Paris (secteurs Saint-Ger-
SECRETS DES TRANSACTIONS
Mais qui au juste sont ces Crésus capables d’aligner ainsi de pareilles fortunes ? Nouveaux riches chinois ou russes, peoples, entrepre- neurs ?... « La règle d’or du secteur, celle qui dépasse toutes les autres, c’est la discrétion », esquive Marko Kulundzic. Même son de cloche chez bellavista. « Il y a certes des améliorations techniques possibles – à l’instar des drones ou des nouvelles applications per- mettant par exemple vir- tuellement de décorer un appartement ou d’assurer des suivis de devis « on- line », etc. – mais rien ne remplacera sur ce marché le lien humain », confirme Marc Roussel. La confiance est un impératif pour qui veut durer sur ce marché des grandes fortunes. « Inu-
prestige en France (locatif ont plus de 50 ans », relève confiance. « Nos équipes
DRONE ATTITUDE
et vente), marché naturel- lement confidentiel ? D’au- cuns évoquent même une véritable révolution... nu- mérique qui secoue le sec- teur du luxe, lequel retrouve quelques jolies couleurs après des années plombées par la crise. Visite virtuelle à 360 degrés, nouvelles ap- plications mobiles, guerre du référencement... Alors que 2015 marque, selon la dernière étude du portail d’annonces Lux-Resi- dence.com, un retour de la confiance sur ce marché, ses acteurs recourent à la « techno » pour capter l’in- vestisseur fortuné capable de dégager « plusieurs uni- tés » dixit, dans un bien de prestige (comprendre « plu- sieurs millions d’euros »). Un client plus que jamais connecté au monde (virtuel notamment), dont les reve- nus annuels dépassent gé- néralement 200000 euros, précise la même étude. Soit une population évaluée en
Lux-Residence.com.
visitent tous nos biens avant de les mettre en ligne. C’est absolument indispensable, en particulier dans le cas de locations à l’autre bout du monde. Nous nous as- surons ainsi de la qualité du bâti et de l’environne- ment, mais aussi de celle des prestations fournies ». Rien, sur ce marché (locatif et vente) particulièrement exigeant, ne peut être laissé
Une expérience accrue qui suppose donc, côté opéra- teurs, des développements techniques importants. En particulier dans les do- mainesdela3Detdela réalité augmentée, dans les- quels se sont engouffrées de nombreuses start-up amé- ricaines, et quelques pépites françaises. « Nous mettons en place une solution qui
CLICHÉS CHICS
« Il faut indéniablement être au point techniquement : proposer un site internet doté d’une navigation er- gonomique et investir dans le SEO (référencement), sans quoi le business peut être fortement impacté », reconnaît Marc Roussel de l’agence bellavista, spécia-
Les films de très haute qualité, tournés à l’aide de drones, font aujourd’hui
la différence
une mul-
lisée dans la location haut de gamme de villas et cha- lets de charme en Europe et en indonésie, au Sri Lanka et en Thaïlande. idem pour les visuels. « Nous fai- sons appel à des photo- graphes professionnels. La photo est en quelque sorte la porte d’entrée d’un bien. » Ces clichés doivent
au hasard. D’autant plus que l’expérience des acqué- reurs ne cesse de se renfor- cer, ceux-là cumulant dés- ormais les achats. « 77% des futurs acquéreurs in- terrogés possèdent déjà plus de deux biens. Ceux qui en possèdent de six à dix ont même progressé par rapport à l’année passée », précise
permet de scanner une pièce vierge, sans les meubles, de modéliser le volume et d’obtenir ses métrés », dé- taille ainsi Jérémy Guil- laume, co-fondateur de Napskin, jeune pousse ins- tallée à Montpellier qui pro- met de révolutionner les métiers de l’immobilier. A la condition d’y mettre les
tile de développer. titude d’outils internet si l’on ignore les codes de ce milieu feutré », appuie le conseiller de l’agence 20000lieux. Avec en pre- mier lieu la confidentialité. « C’est aussi ce point qui justifie le prix de certaines transactions... »
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OCTObRE 2015
Pierre Tiessen


































































































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