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n°24
STRATÉGiE & iNNOVATiON NUMÉRiQUE Décryptage - La FinTech
L'occasion pour EcoRéseau d'expliciter en détails le sujet principal de Stratégie & Innovation Numérique
« Faites sauter la banque ! »
KLongtemps parent pauvre de la révolution numérique, cette filière explose. Retour sur ce qu’elle représente en France, et surtout ce qu’elle va changer...
antox (échange conduit Vincent Marty-La- de devises) ou vauzelle à fonder Paycar, Lendix (prêt aux qui propose une solution
PME), noms modernes à de paiement dédiée aux
consonance anglo-saxonne et sibylline, n’évoquaient pas grand-chose il y a en- core quelques mois. Mais les pépites de la FinTech – en l’occurrence ici une start-up évoluant dans l’échange de devises et une autre dans le prêt aux PME – commencent à faire parler dans les chaumières. Le 11 décembre 2014 a peut-être été le vrai coup d’envoi de la FinTech. C’est le jour de l’entrée en bourse de Lending Club, cette plateforme de prêts entre particuliers créée en 2006 à San Fran- cisco par le français Re- naud Laplanche et pesant près de 6,3 milliards d’eu- ros ! L’ancêtre Paypal, va- lorisé à 40 milliards d’eu- ros cet été, a encore un peu plus aiguisé les appé- tits autour de cette filière longtemps restée dans l’ombre du e-commerce ou de l’économie du par- tage. En 2014, l’investis- sement dans la FinTech mondiale a triplé pour at- teindre 11 milliards d’euros selon une étude Accenture. Cette industrie qui se nour- rit de la maturité des nou- velles technologies et d’un dynamisme d’innovation en berne de la part des banques, éclot partout, aux Etats-Unis, en Russie, en Afrique ou encore en Chine... où Lufax, équi- valent de Lending Club, pèse 9 milliards d’euros.
Des start-up qui se distinguent des acteurs traditionnels par leur offre et leur positionnement...
transactions de véhicule d’occasion, constituant donc une alternative simple et sécurisée au chèque de banque. « Avec mon asso- cié nous avons vécu des expériences hasardeuses en achetant un véhicule, car le conseiller bancaire n’est pas toujours joigna- ble pour valider le chèque qui peut être un faux. Nous visions à la base le CtoC, mais les professionnels in- termédiaires, comme les sites de vente, nous ont sollicités, ayant besoin de tiers de confiance », ex- plique celui qui a passé plusieurs années dans le milieu bancaire de Paris et Londres. Tout part à chaque fois d’un besoin non satisfait du client. il existe 5,4 millions de transactions de voitures d’occasion par an dont 3,5 millions (65%) uniquement entre particuliers. « Cet achat est la dépense la plus importante d’un mé- nage français derrière le logement », rappelle l’en- trepreneur.
des particuliers avec des portefeuilles électroniques, des cagnottes en ligne (Leetchi), des services en tenue de compte, une dé- matérialisation et flexibi- lisation apportée sur les transferts d’argent de tous les jours. « Faites l’amour, pas les comptes ! », énonce le slogan de SharePay, start-up tricolore qui aide les jeunes couples à par- tager leurs dépenses en douceur. Elle évolue aussi dans les prestations aux acteurs financiers, à l’exemple des robots conseillers en investisse- ments, des plateformes de trading, des programmes nouveaux pour les salles de marché. Mais elle four- nit aussi des services à toutes les entreprises, in- tervenant sur les prêts, l’entrée au capital ou en-
core le financement du be- soin en fonds de roule- ment. Dans chaque niche apparaît désormais une multitude de start-up au gré des changements de règlementation. « Brique
« Arthur a travaillé dans le retournement et a constaté les affres des re- tards de paiement. Pour résoudre ce problème continu, la banque propose d’une part un crédit ban-
analysé le besoin – il existe 90 trilliards de dollars de créances commerciales dans le monde –, les deux associés créent une offre dématérialisée grâce à un fonds d’investissement
CONCURRENCE
AUX BANQUES EN GESTATION
La crise a aussi été un élé- ment déclencheur : nombre de cadres expérimentés de chez Visa, Goldman Sachs, Société Générale... ont tenté l’aventure entrepre- neuriale, et s’affairent au- jourd’hui sur les différentes briques de l’offre bancaire. Les institutions financières traditionnelles, qui se croyaient à l’abri derrière une réglementation lourde et coûteuse, s’aperçoivent que des pans se libèrent et que ceux qui leur font face sont expérimentés et rencontrent les aspirations des clients. « Nous sommes restés dans le ca-
Dans chaque niche apparaît désormais une multitude de start-up au gré des changements
OBSERVATION
DU BESOIN, POSITIONNEMENT MALIN
après brique les métiers de la banque sont atta- qués : la tenue de compte, l’assurance, le crédit... », constate Hugues Le bret, fondateur du moyen alter- natif de paiement Compte- Nickel (cf.encadré). Cédric Teissier et Arthur de Ca- theu, cofondateurs de Fi- nexcap, voulaient toucher le concret des entreprises, à savoir leurs créances.
de règlementation
caire très lourd engageant tous les flux, d’autre part l’affacturage contraignant au niveau des commis- sions, garanties, cautions personnelles et engage- ments sur une durée de 12à18mois.Lamiseen place prend quatre à six semaines et il faut en prime ouvrir un compte dans cette banque », décrit Cé- dric Teissier. Après avoir
adossé. 100% du CA peut être cédé dans l’instant, sans caution ou nantisse- ment du dirigeant, avec une tarification lisible (commission de 2,49%). ils ont épluché cinq mil- liards de factures pour met- tre au point leur algorithme calculant le risque de dé- faut. C’est cette même ob- servation des manque- ments de l’offre qui a
bien avisé celui qui par- viendrait à donner une dé- finition précise de la Fin- Tech, tant ses domaines d’intervention sont nom- breux. Cette grande famille intervient sur les besoins
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