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Décryptage - La FinTech STRATÉGiE & iNNOVATiON NUMÉRiQUE
dre règlementaire. L’ex- ception au monopole ban- caire était la société de gestion de portefeuille, que nous avons donc créée », illustre Arthur de Catheu. La France s’est dotée d’un cadre législatif sur le crowdfunding en 2014. Et si elle tarde à le faire dans le domaine des paiements, le passeport européen per- met de contourner l’obs- tacle. Leetchi est d’ailleurs agréé au Luxembourg. Pour l’heure le paysage financier n’est pas cham- boulé, mais ce système pa- rallèle monte en puissance. « Des entreprises nous benchmarkent avec les fac- tors, mais cela reste anec- dotique. Pouvant se refi- nancer à 0%, les banques restent imbattables sur les sociétés qu’elles jugent at- tractives. C’est une situa- tion de coopétition qui s’annonce », tempère Cé- dric Teissier. Cependant
sations : émettre un paie- ment, gérer des flux, re- cevoir les fonds des parti- culiers », énumère Vincent Marty-Lavauzelle, dont la solution est développée en partenariat avec des acteurs majeurs du paiement en ligne dont le Crédit Mul- tuel Arkea, MangoPay et Payline. La multiplication des acteurs de la FinTech permettra une plus grande efficience dans la fixation des prix, de manière dés- intermédiée. « Les consom- mateurs ont tout intérêt à ce que de nouveaux ac- teurs bousculent les ac- teurs établis du secteur fi- nancier », déclarait à ce sujet Michel Sapin. Les nouveaux consommateurs de la génération Y utilisent des comparateurs, zappent, exigent de la transparence et sont rétifs aux packages et processus de décision à rallonge. Cette nouvelle offre pourrait donc bien
dateur d’Early Metrics, agence de notation de so- ciétés innovantes dans le non-coté. Certaines acti- vités resteront cependant
est question en matière de dématérialisation de la gestion privée », illustre Antoine baschiera. Pour- tant, même si le pays n’a
qui fait chorus avec les propos de la secrétaire d’Etat chargée du numé- rique, Axelle Lemaire, lors d’une cérémonie de Fi-
à l’heure. il n’en reste pas moins que les utilisateurs aspirent à d’autres rela- tions avec les acteurs fi- nanciers, et que la FinTech sera une lame de fond. Certains acteurs tradition- nels cherchent à prendre le train, à l’exemple de Crédit Mutuel Arkéa, d’au- tres ne semblent toujours pas y croire. ils ont tort. A force d’être sollicitée,
A Londres, 100 000 personnes travaillent dans la FinTech qui n’a que deux-trois ans
d’ancienneté !
Banquière agacée par le nuage de FinTech...
Julien Tarby
Le cas d’école Compte-Nickel
Succès inattendu, finalement logique
La France est le seul pays où il est désormais possible d’obtenir un IBAN en dehors d’une banque. Compte- Nickel est un service de compte bancaire alternatif et de moyen de paiement dont les guichets sont des bureaux de tabac. Ce service, créé par l’ingénieur en électronique Ryad Boulanouar et l’ex-directeur de la communication de la Société Générale durant l’affaire Kerviel Hugues le Bret, a déjà séduit 100000 clients depuis son lancement en févier 2014. Les succès fulgurants sont courants dans l’univers FinTech – à l’exemple des start-up londoniennes TransferWide spécialisée dans le transfert d’argent ou FundingCircle dans les prêts qui dépassent la valorisation de 900 millions d’euros –, mais celui-ci étonne parce qu’il se forge dans la brique centrale du service bancaire de retail : la tenue de compte. « Le but initial était de reban- cariser les interdits bancaires, au nombre de 2,5 millions en France. Toucher le RSA, payer la cantine des enfants... autant d’opérations qui étaient compliquées. Il fallait une offre sans condition de revenu, une possibilité de payer et être payé grâce à un outil technologique et bancaire à la fois », raconte Hugues Le Bret. Grâce à une subtilité high tech que n’ont pas développée ses concurrents géants – l’informatique en temps réel – il lui est possible d’avertir le client et de bloquer virements et paiements pour éviter tous les frais de découvert, relances, rejets. Les banques ont une valeur ajoutée de conseil sur le crédit ou l’épargne, mais certainement pas en tenue de compte lucrative pour elles. « Nous avons été surpris d’observer que 50% de nos clients étaient des salariés du privé et du public à revenus modestes (moins de 1600 euros par mois) pour ces comptes dématérialisés qui peuvent s’ouvrir en cinq minutes en présentant une pièce d’identité et un numéro de mobile », déclare l’ancien P-Dg de Boursorama. Les gens – et a fortiori les jeunes de la génération Y – sont en recherche de souplesse, de simplicité et de transparence. Compte-Nickel, premier acteur à obtenir le statut complet d’établissement de paiement européen, répond à ces nou-
la situation pourrait chan- ger plus vite qu’on ne le croit. « Les start-up doi- vent être adossées à des banques. Mais elles vont grossir et prendre des li- cences elles-mêmes. L’Etat voit qu’il existe des freins et va faciliter les autori-
révolutionner les acteurs traditionnels, comme les biotechs l’ont fait pour les laboratoires pharmaceu- tiques. « Les banques de- vront se recentrer sur les sujets où le monopole ban- caire est légitime », prédit Antoine baschiera, cofon-
tard, dans l’évolution du cadre règlementaire mais aussi l’adoption par le grand public. « Les Hexa- gonaux ne sont pas des « early adopters », ils sont même très conservateurs au niveau de leur épargne. Regardez l’inertie dont il
trois ans d’ancienneté ! », martèle Cédric Teissier, l’un des fondateurs du groupement. « Les com- pétences métiers en termes de finance et de logiciels nous placent en bonne po- sition sur le papier », pré- cise Antoine baschiera,
velles aspirations.
l’apanage des grandes banques d’investissement. Le banquier-conseil lors des opérations de M&A restera toujours un maillon essentiel. Quant au reste...
nance innovation, le pôle de compétitivité de Paris Europlace : « Le nombre de mathématiciens et de banques puissantes dont nous disposons peut vite changer la donne ».
Leetchi a l.
son offre MangoPay, nou- velle interface de paiement ouverte aux plateformes de partage et de crowd- funding, ainsi qu’aux places de marché dans toute l’Europe. Autant de flux qui échappent aux banques...
LA FRANCE EN RETARD MAIS
BIEN ARMÉE
Les FinTech, aux États- Unis et en Grande-bre- tagne notamment, ont déjà fédéré leur écosystème afin de lui donner une vi- sibilité mondiale. La France a accumulé du re-
LAME DE FOND
pas encore son Criteo ou blablaCar de la finance, les acteurs sont de mieux en mieux valorisés – à l’exemple de Prêt d’Union, plateforme de crédit entre particuliers – et se struc- turent au travers de l’as- sociation France FinTech. « Nous devons faire connaître aux clients po- tentiels, à la presse et aux pouvoirs publics les atouts dont dispose le pays. A Londres, 100000 per- sonnes travaillent dans la FinTech qui n’a que deux-
ancé en 2013
il est évident qu’une bulle est en train de se créer dans ce secteur, et que l’ajustement boursier pour- rait remettre les pendules
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