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n°24
CLUb ENTREPRENDRE Leçons de maux - Sylvain Tillon, entrepreneur qui échoue avec succès
Apprendre de ses échecs et utiliser cet acquis dans une nouvelle aventure. Tel est le credo qui est suivi dans cette rubrique,
« J’ai toutes les chances de me planter »
qui retrace une sortie de route pour mieux se tourner vers l'avenir
A 33 ans, Sylvain Tillon dirige sa troisième entreprise. L’échec de sa première TPE, Lucyf’Hair, lui sert encore dans le pilotage de Sydo et de Tilkee.
qui plantent la boite. Nous avons manqué de volonté commerciale par moment. Je m’engluais dans une tonne de choses à faire sans me concentrer sur l’essen- tiel. Surtout, j’avais peur de l’échec... »
« Ce projet innovant ne ré- pond pas à une demande explicitée mais à un vrai besoin. Il faut aller chercher le client. » L’expérience Lu- cyf’Hair n’est jamais très loin. « Les résultats sont bons et je n’ai plus peur de vendre », confie Sylvain Tillon. L’entreprise a levé 500000 euros en juillet 2014 et vise une seconde levée de fonds de l’ordre de 2 M€ pour 2016. Poussé par ses actionnaires, le bouli- mique de business veut aller vite. « Ils me disent plante- toi tout de suite ou réus- sis ! » bien que le démar- rage semble porteur, chat échaudé craint l’eau froide. « Malgré les bons chiffres, je sais que j’ai 60% de chance de réussir et 40% de me planter. » Les levées de fonds lui permettront d’ouvrir des structures en Allemagne et en Grande- bretagne. il estime que l’en- treprise doit réaliser au moins 2 M€ de chiffre d’af- faires pour pouvoir réelle- ment décoller et devenir n°1 en Europe sur ce marché encore naissant mais por- teur, selon l’exemple des Etats-Unis. « Je ne suis pas sûr d’être le meilleur pour faire plus. On verra d’ici là... » Pour aller plus loin dans le partage d’expé- rience, Sylvain Tillon pré- pare l’ouvrage 100 conseils pratiques pour planter sa boite. « La réussite ne s’ex- plique pas et chacun gagne à sa façon. Je n’ai pas de leçons à donner mais il est plus intéressant de parler de ses échecs que de sa réussite. » Le livre, en cours d’écriture, est riche de son expérience mais aussi de celles d’autres dirigeants. L’échec fait aussi partie de
Stéphanie Polette
CM
jets sont réunis au pôle Pixel
Le temps du rebond lui ou- vre les portes de nombreuses entreprises. « Il est facile de trouver du travail en tant que jeune entrepreneur. » Mais est-il vraiment fait pour le salariat ? il bouillonne de projets et se lance rapidement dans une nouvelle activité. Sydo, l’agence de conseil en for- mation et création d’outils pédagogiques, démarre en publiant la bD Lucy et Va- lentin... créent leur entre- prise, destinée à sensibiliser les collégiens de 3 à la création d’entreprise.e« J’ai travaillé dans mon coin, sans beaucoup sortir pen- dant un an et demi. Il fallait que je me prouve à moi- même que je pouvais réus- sir. »
ertaines situations sembleraient plus fortes en apprentissages de vie que d’autres...
ercredi 9 septem- bre 2015. 200 porteurs de pro-
mière année à l’EM Lyon, il transforme son projet d’étudiant en business, ar- rivé pourtant avant-dernier d’un concours interne en création d’entreprise. Lu- cif’hair conçoit et commer- cialise des bijoux de che- veux. « Je me suis abonné à Biba et Jeune & Jolie. J’y croyais à fond mais je ne connaissais rien à mon marché. » Premier ensei- gnement : se lancer sur un secteur totalement inconnu est un risque évident de planter sa boite. « J’ai dé-
tendais qu’on m’appelle ! » Sa soif d’entreprendre le pousse à multiplier les ini- tiatives. « Je commerciali- sais à peine une première gamme de bijoux de cheveux que je pensais déjà aux bi- joux anti-poux et aux bijoux pour chiens... » Parti tout feu tout flamme, sans pren- dre de vacances pour souf- fler un peu, ni de salaire pour vivre au quotidien, le jeune dirigeant perd pied. « L’aventure a duré six ans et nous avons déposé le bi- lan avec un chiffre d’affaires
UN MILLION DE PETITES ERREURS L’expérience du tribunal de commerce marque le jeune entrepreneur. « Six ans de ta vie sont tranchés en deux minutes à la barre, raconte amèrement Sylvain Tillon. Lucif’hair possédait 120000 euros d’actifs dont 80000 euros de brevet. Le liqui- dateur l’évalue à... 3500 euros. » Tout part en fumée en juin 2009. « Même ma copine m’a liquidé... » il perd 200000 euros mais il tient à partir sans dettes.
à Lyon pour parler création d’entreprise dans le cadre de la 2e édition de Lyon Start-up. Parmi les guest- stars, Sylvain Tillon. Sac à dos, jean, baskets et polo griffé du logo Tilkee, il est venu parler... d’échec, sur le thème « Les dix façons de planter sa boite ». Ses multi-expériences défilent sur les slides. il renouvelle le témoignage la semaine suivante lors de la première FailCon organisée à Lyon. Tout droit débarquée des Etats-Unis, la confé- rence réunit des dirigeants qui ont échoué. Là encore, Sylvain Tillon déroule son histoire. Pourquoi lui ? Homme de communication, il a toujours largement ex- pliqué le pourquoi du com- ment. « On apprend plus de ses échecs que de ses réussites. »
Trois entreprises existent : celles qui se plantent, celles qui survivent, et celles qui explosent... Je compte bien essayer les trois genres
PLANTE-TOI TOUT DE SUITE OU
RÉUSSIS !
Le développeur ne consacre aujourd’hui plus qu’un tiers de son temps à Sydo. L’en- treprise lyonnaise a trouvé son marché, son position- nement. Elle a réalisé 1,1 million d’euros de chiffre d’affaires en 2014. « Trois entreprises existent, analyse Sylvain Tillon. Celles qui se plantent. Celles qui sur- vivent. Et celles qui explo- sent. » il a testé la première formule. Sydo fonctionne sur un bon rythme. il compte désormais sur Tilkee pour entrer dans la troisième catégorie. Créée début 2014, elle développe une solution pour améliorer la prospec- tion commerciale, princi- palement des grands comptes, et augmenter le taux de transformation de la proposition commerciale.
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PREMIERS REVERS, PREMIERS APPRENTISSAGES ila21ansen2003.Enpre-
veloppé un concept qui né- de 500000 euros pour un « Je n’ai pas disparu du cessitait un brevet mondial résultat net positif de 10000 jour au lendemain. J’ai avec 15000 euros et deux euros en 2008. La crise est continué à communiquer prêts étudiants. Sans capi- arrivée. Des échéances de auprès de mes partenaires talisation suffisante, les dé- prêts et d’avances rembour- et de mes actionnaires pour veloppements sont limités. » sables allaient tomber. Je leur dire que nous avions Autre enseignement : le n’avais plus d’énergie et tout donné pour sauver l’en- client ne vient pas frapper même les cinq salariés treprise. » Comment ana- à la porte. « J’étais un mau- étaient épuisés. J’ai tout lyse-t-il son échec ? « Un vais vendeur. Je restais au tenté pour revendre ou re- million de petites erreurs bureau de 8h à 20h et j’at- mettre l’entreprise à flot. » le constituent. Des détails
la réussite.
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