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n°24
CLUb ENTREPRENDRE Electron libre - Guillaume Roland inventeur du réveil olfactif
Dans cette rubrique EcoRéseau met à l'honneur un(e) entrepreneur(e) parce qu'il (elle) a un profil atypique, parce que son entreprise
Parfum de réussite
À 19 ans, Guillaume Rolland réveille le Concours Lépine ou Google en douceur avec son innovation SensorWake...
«J
du quotidien avec des gad- gets »... À 13 ans, Guil- laume Rolland dépose son premier brevet pour une machine à infuser le thé, lors du concours organisé par le magazine Science & Vie Junior qu’il emporte haut la main. « Chaque mois, j’achetais cette revue scientifique juste pour voir qui avait gagné le prix de la meilleure invention. Mon rêve, c’était d’y figurer un jour aussi. Je pense que c’est ce genre de challenge qui m’a donné envie de créer d’autres choses ! » En effet, pour lui, les concours couronnés de suc- cès s’enchaînent : de nou- veau celui de Science & Vie Junior, cette fois avec une ébauche de réveil ; puis celui des Jeunes tes- teurs de l’institut national de la consommation, grâce à un essai comparatif des serviettes de plage pra- tiques.
Fin 2013, alors qu’il est encore scolarisé en termi- nale S, une nouvelle petite ampoule de génie illumine l’esprit du Nantais – un ré- veil olfactif !
alarme sonore se met en route », rassure l’inventeur, pour les sceptiques. Le ré- veil olfactif épate, les suc- cès s’enchaînent. Une mé- daille d’or au Concours Lé- pine, une victoire au concours de création d’en- treprise « Grain boss » en Suisse, et une sélection à Google Science Fair, où il a été le premier Français à avoir la chance de participer au programme « We can change the world » consa- cré aux innovateurs. «Mêmesijenel’aipas gagné, j’ai bénéficié d’une belle visibilité dans les mé- dias français et internatio- naux. Pour moi, c’était un grand tremplin », sourit le jeune optimiste.
grande victoire ! Il est né- cessaire de se voir confronté à des défaites, sinon tout serait trop facile. Plus haute est la chute, plus forte est la douleur ! Mais on continue d’avan- cer ! », ajoute l’entrepre- neur, en philosophe.
’ai toujours aimé résoudre les problèmes
sont en effet récoltés par le biais de la campagne de crowdfunding qu’ils ont lancée. « Maintenant, nous avons une nouvelle stra- tégie : lever des fonds de manière traditionnelle cette fois, pour accélérer la croissance. » Le réveil se vendra avec des packs de capsules (continental breakfast, nature, busi- ness...) qu’il faudra rache- ter une fois la cartouche finie. SensorWake sera d’abord disponible en vente sur un site web dès la fin de l’année et à l’avenir distribué dans les grandes surfaces spécialisées. « L’entreprise est une grande famille dans la- quelle les jeunes de moins de 25 ans ont une place. Leurs idées fusent, et cer- taines pourraient aboutir à de grands projets. C’est le meilleur âge pour se lancer. Il n’y a pas de risques, pas de pertes énormes ! Les jeunes ont un potentiel fou, et si on les associe à ceux qui ont déjà de l’expérience, on pourra former une com- plémentarité assez dingue. Malheureusement, ce n’est pas dans les mœurs de la France, où on nous dit qu’il faut faire d’abord des études, puis chercher du travail et se construire. Il est intéressant de prouver qu’on peut s’épanouir au- trement, en gardant toute- fois à l’esprit que les études sont un élément primordial de la construction de notre monde. »
évolue dans un secteur unique ou parce qu'il (elle) a eu l'idée de sa boîte d'une manière peu conventionnelle
PLUS QU’UN RÉ- VEIL, UN “INFLUEN- CEUR” DE BONNE HUMEUR
« L’idée est venue d’une expérience personnelle. À l’époque, j’étais lycéen, je me levais tôt pour aller en cours et ce n’était pas évi- dent tous les jours. C’est dur, c’est frustrant et on n’a jamais envie de sortir de son lit le matin. Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, ce sont les plaintes de mon père, directeur d’une mai- son de retraite, au sujet du réveil difficile et quasi im- possible des personnes âgées (surtout les malen- tendantes). Les deux pro- blèmes se sont croisés et je me suis dit : pourquoi
ne pas se réveiller avec une odeur de parfum per- sonnalisée ? Le réveil pour- rait devenir positif et chan- ger le cours de la journée », raconte le Géo Trouvetou nantais. En mai 2014, après avoir mené de front pendant plusieurs mois l’avance- ment de son projet et ses révisions assidues au bac- calauréat (qu’il a d’ailleurs décroché avec mention « très bien »), c’est plein d’espoir que Guillaume présente le prototype de son réveil olfactif au Concours des jeunes créa- teurs et inventeurs de Monts (indre-et-Loire). Comme une machine à ex- presso, le réveil fonctionne avec des capsules de par- fums différents (croissant, chocolat chaud, menthe
poivrée, ylang-ylang, can- nelle et thé, pêche...). « Le matin, une diffusion d’odeur s’actionne et passe par la capsule. Le jet d’air parfumé s’éjecte par le dif- fuseur pendant deux mi-
Les jeunes ont un potentiel fou en création d’entreprise ; si on les associe à ceux qui ont l’expérience, la complémentarité est dingue. Mais cela ne se fait pas en France
nutes. Les odeurs très France, l’échec est très byk, un entrepreneur Nan- concentrées stimulent les mal vu. C’est même dé- tais. Ensemble, ils co-fon- récepteurs du nez et sortent plorable ! J’ai plutôt une dent la marge juridique et la personne du sommeil. vision américaine : l’échec, montent une équipe qui Le seul cas où l’échec est cen’estquedubon!Je compte aujourd’hui trois possible survient quand le pense que sur un CV, il nouvelles recrues. Quant nez de la personne est bou- équivaut même à un bonus. aux fonds levés, c’est aussi ché. Dans ce cas, une Les petits échecs font la une belle victoire. 200000$
Fidèle à ses opinions, Guil- laume Rolland a décidé de conquérir la « French Tech » et a pris une année de césure pour se consacrer pleinement à son entre- prise, espérant développer un large portefeuille de nouveaux produits Sensor-
Un jeune homme qui a du flair et qui le prouve...
UNE NOUVELLE FRENCH APTITUDE La peur ? L’échec ? Dès le départ, tout était clair. « Quand tu es jeune, tu n’as pas d’enfants, pas d’engagement, donc tu n’as pas peur de te ruiner et de perdre quelque chose », sourit-il. En creusant un peu, l’interlocuteur com- prend vite que Monsieur Rolland est un peu tombé dans une sorte d’ « ameri- can dream »... « En
C’est dès la première année de formation d’ingénieur à l’Université de techno- logie de Compiègne (UTC), qu’il a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat.
« Ma famille ne m’a pas mis de bâtons dans les roues, même si elle s’in- quiétait pour mon avenir en me disant que les études étaient très importantes. J’ai été bien accueilli dans le monde de l’entreprise sans pour autant avoir un mentor référent. Beaucoup de personnes ont été très attentives à mon cas, no- tamment le patron de la banque Julius Bär, et le dirigeant de Sage, qui four- nit le logiciel gérant les capsules de café Nespresso. Axelle Lemaire, la secré- taire d’État au Numérique, s’est également intéressée à moi. Elle m’a fait ren- contrer du monde et des investisseurs. C’est une personne qui ne laisse pas tomber l’entrepreneur fran- çais et qui pousse la France à aller plus loin dans l’innovation. Il était rassurant d’être aussi bien entouré dans cette jungle des start-up, que je ne connaissais pas. » Contacts en poche, statuts de son entreprise « SensorWake » rédigés, Guillaume Rolland s’associe avec ivan Sky-
40 OCTObRE 2015
Wake...
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Anna Ashkova


































































































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