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Réseaux et influence - Cercles confessionnels rH & FOrMaTION Décryptage d'un groupement ou cercle en particulier, de son dynamisme et de sa capacité à favoriser le networking
Communautés de convictions
aJuifs, catholiques ou musulmans... Certains réseaux invitent les dirigeants à parler religion – et quelquefois affaires.
u pays de la laïcité, éthique sur leur rôle de di- ciations chrétiennes d’aide nement régulier, « Pitch my il est mal vu d’af- rigeant. En revanche, l’af- à la recherche d’emploi, start-up », qui a accueilli ficher sa foi. En fairisme est exclu. « Nous comme l’association chré- autour de 200 personnes
dehors de quelques poli- n’avons pas vocation à faire tienne pour le travail et lors de sa sixième édition
tiques et grands patrons comme Edouard Michelin ou Gérard Mulliez, rares sont les dirigeants qui s’y risquent. Mais à couvert, les réseaux confessionnels conservent un vrai pouvoir d’influence. En 2011, Marc Baudriller constatait déjà dans son ouvrage Les ré- seaux cathos (éd. Laffont) la volonté d’affirmation des catholiques pratiquants, de- venus minoritaires au sein de la population française. Les manifestations contre le mariage pour tous ont montré la capacité de mo- bilisation des réseaux confessionnels. Des insti- tutions aussi diverses que le secours catholique, le collège des Bernardins à Paris ou encore le groupe de presse Bayard illustrent le pouvoir d’influence per- sistant de la sphère catho- lique au sein de la société française.
du réseautage, même s’il existe une vraie proximité entre les membres », martèle Patrick Degiovanni. Même son de cloche du côté du mouvement des Entrepre- neurs et dirigeants chrétiens (EDC). rassemblant plus de 2700 dirigeants et chefs d’entreprise, il fonctionne par cooptation. « Les EDC sont un mouvement œcu- ménique qui offre aux mem- bres un lieu de prière et de réflexion, mais ce n’est pas un réseau d’affaires », in- siste Guénola de la seiglière, en charge de la communi- cation de l’association. Ce mouvement a toutefois l’oreille du Medef et ac- cueille des grands patrons,
l’emploi (acte), l’associa- tion Petra ou encore Visem- ploi.
en janvier dernier. Le réseau organise également des ate- liers de formation et de coa- ching. « Nous avons la chance d’avoir des sponsors et des institutions juives derrière nous, ce qui va nous permettre de mettre bientôt en place un incu- bateur de start-up », lance, enthousiaste, son fondateur. Même positionnement laïque du côté du réseau Connec’sion, un club créé en 2002 et dédié aux infor- maticiens juifs de France. « Nous n’avons rien de re- ligieux, affirme andré Dan, cofondateur et vice-prési- dent de l’association. L’idée est d’abord de s’entraider entre membres. » Le club organise classiquement ren- contres, conférences et oc- casionnellement des évène- ments en lien avec des cé- lébrations juives, comme Hanouka. L’association met aussi en avant ses liens avec Israël. « De plus en plus de Juifs font leur alyah [émi- grent, NDrL] en Israël, constate andré Dan. Nous n’encourageons pas ce phé- nomène, mais nous pouvons donner des contacts si be- soin. »
CERCLES DE RÉFLEXION CHRÉTIENS
Dans le monde des affaires, bien que la religion se fasse discrète, la foi demeure un trait commun qui relie nom- bre de dirigeants. afin de favoriser les échanges entre professionnels partageant les mêmes convictions, plu- sieurs associations sont nées au cours du XXe siècle. Parmi ces cercles de ré- flexion figure le Mouvement chrétien des cadres et diri- geants (MCC), qui fête ses 50 ans cette année. accueil- lant autour de 5000 adhé- rents, l’association organise des rencontres mensuelles au niveau des régions. « Le Mouvement cherche à offrir à ses membres un temps de partage et de réflexion », souligne Patrick Degio- vanni, responsable national du MCC. Les membres sont notamment invités à déve- lopper un questionnement
comme Henri de Castries ou encore Xavier Fontanet, lors de conférences-débats. Pudeur toute chrétienne ? Force est de constater que les clubs à vocation affichée de « réseautage » se comp- tent sur les doigts d’une main. Parmi les rares struc- tures existantes, le réseau professionnel chrétien (rPC) vise à rassembler les professionnels qui souhai- tent « vivre leurs valeurs dans le monde du travail ». Fonctionnant par parrainage, il propose sur son site des forums de discussion ainsi que des offres d’emploi. si l’affairisme est mal vu, le coup de pouce est bienvenu. « Le MCC a contribué à la mise en place de groupes de recherche d’emploi », indique Patrick Degiovanni. Ouverts aux non-membres, ces groupements aident bé- névolement les cadres à re- trouver du travail. Cette tra- dition d’entraide a suscité la création d’autres asso-
un réseau d’affaires visant à développer les échanges avec Israël.
« Malgré l’image qu’on en a, les Juifs n’utilisent pas les réseaux communautaires autant que les autres ré- seaux », déplore Jeremy Navon. Pour pallier cette absence, ce trentenaire di- plômé d’une école de com- mercealancéilyaunan Nevatim, un réseau dédié aux entrepreneurs juifs, basé à Paris. « L’objectif est d’ai- der les jeunes à monter leur entreprise et créer de la va- leur en France », indique son fondateur. Communautaire, mais pas confessionnel. « Il s’agit de se regrouper car nous partageons la même histoire et les mêmes valeurs, mais nous ne sommes pas un ré- seau religieux, précise son fondateur. Nos soirées sont d’ailleurs ouvertes à tout le monde ». Très actif sur les réseaux sociaux, Neva- tim est à l’origine d’un évé-
Du côté des Musulmans, les réseaux mêlant islam et af- faires sont également rares, malgré la naissance notable en 2009 de la synergie des professionnels musulmans de France (sPMF). affi- chant pour objectif de dé- velopper un réseau et de promouvoir le business dans
A chacun ses réseaux, à chacun son logo...
Catherine Quignon
Si l’affairisme est mal vu, le coup de pouce est bienvenu
RÉSEAUX PROFESSIONNELS JUIFS ET MUSULMANS
Du côté des Juifs, contrai- rement aux idées reçues, les clubs d’affaires institués sont peu répandus. si la communauté juive est très structurée autour du puissant Fonds social juif unifié (FsJU), qui regroupe près de 300 associations, celles- ci sont principalement à vo- cation culturelle ou sociale. a signaler toutefois au ni- veau international l’Israël Club for Business (ICB),
des valeurs mu-
le respect.
sulmanes, la sMPF ne paraît plus très active aujourd’hui. Une association pour la pro- motion de l’entrepreneuriat féminin dans le cadre de l’éthique musulmane, akha- wate Business, a également vu le jour en 2011. affaire à suivre ?
Mars 2015
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