Page 55 - EcoRéseau n°18
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n°18
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L’innovation autrement
Le baromètre de l’innovation sTraTéGIE & INNOVaTION NUMérIQUE Pourquoi centenaire ?
L’OPEN SOURCE, POUR IMPOSER SA NORME
L’innovation survient dans les secteurs les plus inattendus. La preuve avec Griffon, qui a su rebondir dans les chasses d’eau depuis 1886...
On connaissait déjà le coup de tonnerre dans l’industrie d’Elon Musk, le célèbre entrepreneur, actionnaire de PayPal, constructeur d’Aérospatial SpaceX, et surtout P-Dg de Tesla, champion de la voiture électrique haut de gamme. Avec la formule « tous nos brevets vous appartiennent » lancée à ses concurrents, le Sud-Africain a permis aux constructeurs au- tomobiles de réutiliser ses inventions. Son objectif ? Imposer sa techno- logie (notamment ses batteries), et donc les normes qui en dépendent, tout en incitant la concurrence à innover. Toyota lui emboîte le pas en libérant 5680 brevets de sa première voiture à hydrogène, Miraï. Une ouverture symbolique vers l’open source qui va certainement aider le monde de l’automobile à se convertir à l’hydrogène, mais aussi Toyota. Le constructeur japonais a besoin d’accélérer la création d’un vaste ré- seau de stations de recharge compatibles entre constructeurs, indispen- sables à la commercialisation de ses nouveaux véhicules...
La rupture du mois
Peu de gens le savaient. Le fait de freiner diffuse des parti- cules fines dans l’air (41% du total rejeté). L’entrepreneur Christophe Rocca-Serra, président fondateur de Tallano Technologie, a inventé l’aspirateur à poussières... Simple- ment.
si l’entreprise familiale stéphanoise, qui réalise un chiffre d’affaires de 500000 euros, a su perdurer, c’est bien parce qu’elle a transformé un produit ba- sique – réservoir cylindrique en
manie avec un certain talent depuis plus d’un siècle. L’affaire familiale évoluait dans la plomberie. après la seconde Guerre mondiale, la naissance de la fa-
acier, mécanisme simple et ma-
nette depuis les années 40 – en vé-
ritable objet de déco. Il fallait oser,
alors que la tendance actuelle du
marché consiste à la cacher en
l’encastrant derrière un mur. La so-
ciété assume pleinement cet objet
qui se voit et vient habiller les toi-
lettes. « Nous travaillons l’acier,
l’aluminium ou le béton comme
dans l’industrie, quand tradition-
nellement l’industrie sanitaire est
abonnée à l’injection plastique,
aux gros volumes et faibles prix.
Nous sommes passés d’un produit
moche à un objet qui en appelle à
l’affect des années 50 et 60 », ré-
vèle le responsable commercial
Vincent rousseau. Un pari ga-
gnant puisqu’aujourd’hui la société, qui a exposé à la CCI lors de la Biennale Internationale du design à saint-Etienne en 2013, tire 25% de son Ca grâce aux gammes colorées. Un art du rebond qu’elle
meuse hydrochasse a favorisé son développement, portant ses effec- tifs jusqu’à 100 salariés. au- jourd’hui seulement quatre personnes font tourner la boutique en produisant entre 3500 et 5000 hydrochasses par an. La société di- rigée par Michèle Griffon et sa fille Frédérique innove aussi sur le plan technique « avec un réservoir en aluminium, un fonctionnement si- lencieux, une amélioration du mé- canisme. Nous avons investi dans les machines, pour fabriquer plus en moins de temps », ajoute Vin- cent rousseau. Place au design ex- travagant et à l’innovation produit créant un marché de niche, et pour- quoi pas à l’international. « Nous cherchons à augmenter l’export,
Comment avez-vous abouti sur cette solution ?
strategy review
Je ne suis certainement pas un inventeur, mais un entrepreneur, qui est à l’écoute du marché. J’avais un véhicule de fonction très mal conçu, dont le train avant était trop lourd. Je devais souvent freiner, et laver les jantes qui étaient recouvertes de particules. En allant sur les forums, je me suis aperçu que nombre de conduc- teurs rencontraient les mêmes soucis et s’échangeaient des astuces pour limiter les salissures. En faisant mes recherches, j’ai compris que le problème était technique, esthétique, écologique à cause de l’eau gâchée lors des lavages, mais aussi de santé publique : ces particules, composées de plomb, de zinc, de nickel, de chrome, etc., ne sont pas plus grandes qu’un virus et peuvent donc s’immiscer dans les voies respiratoires.
par Pascal Junghans Enseignant à l'international - University Of Monaco et à l'université de Troyes - Membre du conseil scientifique du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique.
Comment expliquez-vous que les grands constructeurs n’y aient pas songé plus tôt ?
Celui qui n’a pas le nez dans le guidon pense différemment. Je venais de la chasse de tête, du consulting et de la finance. Les gens du secteur considéraient que les particules étaient inévitables pour le freinage. Le programme européen Horizon 2020 de lutte contre la pollution avait même fixé un objectif de réduction de 50% d’émission pour les freins. L’aspirateur, qui fonctionne avec une dynamo et les conduit directement dans des filtres, atteint les
M
sont les exemples d’un constat plus général dressé par l’aGEFOs PME, financeur de la formation dans les petites organisations, dans son baromètre 2015. L’institution relève que les PME consacrent des budgets en croissance à la formation continue de leurs salariés. Et surtout, que ces sommes sont dirigées plus volontiers vers des stages réalisés en interne, dans des cursus construits spécialement, comme des universités d’entreprises. Celles-ci se révèlent alors un fabuleux outil pour la conquête des marchés à l’international et la sécurisation des implantations locales.
Car les PME françaises sont enfin bien lancées à la conquête de l’asie ou de l’afrique, dans les zones les plus dynamiques de la planète. alors que l’expatriation devient toujours plus coûteuse, elles recrutent des collaborateurs locaux. Les former en France permet, bien sûr, de leur permettre de connaître l’entreprise, ses process et ses produits.
98%.
Comment avez-vous été accueillis ?
De surcroît, la formation du salarié local renforce la protection de l’entreprise dans les zones sensi- bles qui se sont multipliées sur la planète. ainsi, la perte de réputation, qui est relevée comme un des principaux risques en asie-Pacifique en 2015 par la compagnie d’assurance allianz, peut être com- battue par une action des salariés locaux. Très na- turellement, ils peuvent diffuser auprès de leur environnement les réponses de l’entreprise atta- quée, avec plus de crédibilité qu’une action de communication classique. La France dispose d’un savoir-faire en matière de formation continue et de budgets importants imposés par la loi. Les PME doivent en faire bon usage.
Fort de mon expérience de chasseur de tête, j’ai fait appel aux meilleures équipes pour avoir un peu de légitimité. Nous n’accu- sons personne et ne faisons pas preuve d’arrogance, nous propo- sons une solution. Nous ne fabriquons pas, pour ne pas être considérés comme le sous-traitant du sous-traitant. Nous distri- buons des licences, ce qui nous permet de nous adresser au mar- ché sur une échelle globale. Notre but est d’imposer notre norme, car le nombre de constructeurs est restreint. Il n’existe d’ailleurs qu’un système d’aBs ou d’essuie-glace. Je veux m’inspirer de M. Dolby, ingénieur acousticien, qui a gagné 1$ à chaque fois que les sharp, Yamaha, etc., vendaient des amplis. Notre prix doit être faible et nous nous rattraperons sur les volumes quand notre standard sera adopté.
Mars 2015 55
Le levier formation à actionner se développer à l’international
ultiplast, soperma, Le Duff, toutes ces ETI créent et renforcent leurs universités d’entreprise, comme les grandes. Elles
Mais il y a plus. L’expérience des grands groupes, comme Veolia ou Danone, montre que des salariés locaux formés en France dans les locaux du groupe sont d’excellents vecteurs de communication au- près du marché local qui sait gré au groupe français d’investir dans la main d’œuvre locale.
car pour l’instant nous bricolons avec des gens hors des frontières qui nous ont trouvés sur Internet », constate le responsable commercial.