Page 57 - EcoRéseau n°18
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n°18
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Décryptage - La maison connectée de demain sTraTéGIE & INNOVaTION NUMérIQUE
devrait exploser dans un proche avenir. Une étude de NextMarket Insight pré- voit, pour 2017, que le mar- ché mondial de la domo- tique atteindra près de 11 milliards de dollars – contre 2 milliards en 2012.
plus à gagner de la démo- cratisation de la domotique n’est pas celle à laquelle on pourrait penser, à savoir le jeune un peu geek adepte de la technologie. Non, ceux à qui la maison intelligente profitera le plus – et des installations-tests existent déjà –, ce sont les personnes âgées ou dépendantes. Le vieillissement de la popu- lation engendre des problé- matiques de dépendance
systèmes, aujourd’hui, vont beaucoup plus loin que la simple sirène : il est possible de faire de la simulation de présence, de disperser un gaz opacifiant en cas d’in- trusion, d’alerter les auto- rités automatiquement en cas d’effraction... Deplus,iln’yapasquele particulier qui profite d’une maison connectée. Les as- surances, télécoms, acteur de la sécurité (notamment
lance, la liste s’allonge tant et plus. En fait, la principale catégorie d’équipement qui manque encore à l’appel est l’élec- tro-ménager, mais les pre- miers produits (réfrigéra- teurs, machines à laver le linge, plaques de cuisson, hottes...) commencent à arriver sur le marché.
Prospective
En 2030...
Guillaume a eu une journée longue et difficile. Lorsqu’il s’approche de chez lui, à 21 heures – plus tard que d’habitude – sa maison analyse son attitude corporelle – épaules tombantes, regard fatigué –, ouvre la porte, met un éclairage doux et joue sa playlist préférée. Une fois son manteau enlevé (et mis au placard qui le nettoie automa- tiquement), la maison lui propose plusieurs options rapides de dîners livrés en un quart d’heure. Une fois le repas terminé (Guillaume a opté pour les burgers), la machine à café prépare un déca comme il les aime (long, un demi sucre). « Prépare un bain », demande Guillaume. Quelques minutes plus tard, l’eau est à la température parfaite, et Guillaume saisit la tablette fixée au mur pour continuer la lecture du dernier tome de Game of Thrones, enfin sorti. Pendant ce temps, la machine à laver se met en route, uti- lisant l’énergie récoltée par les vitres–panneaux solaires. L’aspirateur automatique nettoie silencieusement le salon. Une fois dans son lit, Guillaume, d’un geste de la main, transforme le mur d’en face en écran pour regarder les nouvelles. Avec un autre geste, les lumières s’éteignent et la maison se verrouille. Le lendemain matin, réveillé par un éclairage progressif exactement à la bonne heure (la maison a consulté son emploi du temps), Guillaume prend son premier café de la journée tout en feuilletant un journal sur la table-écran de la cuisine. Lorsqu’il sort, la maison lui souhaite une bonne journée, se verrouille toute seule, éteint les lumières, et passe commande pour re- remplir le frigo de fruits frais : Guillaume va avoir besoin d’une alimentation un peu plus équilibrée ces prochains jours, pour compenser les frites de la veille...
Déjà dynamique, composé principalement de PME et de quelques grands noms (somfy, schneider Electric, rexel...) le marché de la domotique est en plein bou- leversement, avec l’arrivée de nouveaux acteurs, dont Google, apple, La Poste, et presque tous les fournis- seurs d’accès Internet – y compris Orange et sFr. Tous ces acteurs ont en commun d’être très connus du grand public, auquel ils ont un accès direct. Du coup, la domotique bénéfi- cie d’une visibilité qui lui faisait cruellement défaut.
Il est déjà possible de bâtir des scénarii com- plexes – des scènes, dans
UN INTÉRÊT DÉCUPLÉ
Cette habitation futée a de solides arguments de son côté. Trois, pour être précis : l’économie, le confort et la sécurité. L’une des pre- mières conséquences du passage à une maison plus intelligente est l’optimisa- tion de la consommation globale d’énergie, un mes- sage porteur alors qu’EDF augmente le prix de l’élec- tricité. « La technologie permet de véritables gains : le contrôle à distance opti- mise les performances, ex- plique Pierre Colle, directeur de l’innovation activité retail chez schneider Electric. Par
« Arrrgh ! Plus d’une personne dans la chambre, alors que ma femme était supposée être seule »
aujourd’hui un certain tra- vail.
Et pour ceux qui, pour des manipulations qui ne fe- raient pas l’objet de scéna- risations, ne veulent même pas d’une télécommande, il existe déjà des systèmes de commande vocale, et la reconnaissance gestuelle n’est pas loin (elle équipe déjà des consoles de jeu).
gourmand en énergie pour être utilisable). L’arrivée fu- ture d’un standard commun, quel qu’il soit, permettra alors au consommateur de ne pas avoir à se soucier de l’aspect technique : il pourra acheter l’accessoire qu’il veut, l’installer facilement, et le remplacer sans contraintes. Un comporte- ment qui sera facilité par la tendance actuelle à décen- traliser l’intelligence : plutôt que toutes les fonctions soient concentrées dans la box domotique, chaque objet assure indépendamment ses fonctions, du moins celles de base.
fortes. La maison peut dès lors être capable de donner l’alerte si, par exemple, il est 13 heures et aucun mou- vement dans les pièces n’est
les systèmes d’alarmes), les chauffagistes... Tous sont intéressés. « Grâce aux in- formations récoltées, ils peuvent tous améliorer leurs
le jargon de la domotique.
Quand je suis à plus de 500 mètres de la maison (distance calculée grâce à mon téléphone), la maison
« Par exemple, la maison se connecte au calendrier. Si je travaille, elle va al- lumer la lumière dans la
FAIRE COMMUNI- QUER ENTRE EUX LES APPAREILS
En fait, la principale raison pour laquelle la maison qui réfléchit toute seule n’est pas encore là est qu’au- jourd’hui, il n’existe pas de norme standardisée en ma- tière de protocole de com- munication. « Les industriels se sont chacun spécialisés dans un domaine : l’économie d’énergie, la sécurité..., ex- plique Hervé Campion. Et leurs solutions ne commu- niquent pas entre elles. » aujourd’hui, plusieurs stan- dards commencent à émer- ger, tels que Z-Wave, Zig- Bee, X10... et, plus connus du grand public, le bluetooth et le WiFi (mais ce dernier est encore pour l’instant trop
exemple, l’installation d’un chauffage avec des fonctions de programmation horaire, des thermostats, etc., dimi- nue considérablement – jusqu’à 40% – la consom- mation d’énergie néces- saire. » sur les blogs, les témoignages d’utilisateurs en ce sens abondent.
éteint les lumières et met l’alarme
chambre et le séjour, mettre en route le chauffe-ser- viette... décrit Cédric Loc- queneux. A l’heure du dé- part, mon lapin connecté (le Nabaztag, qui a connu un certain succès il y a quelques années, NDLR) me dit qu’il est l’heure, et le portail s’ouvre automa- tiquement. Quand je suis à plus de 500 mètres de la maison (distance calculée grâce à mon téléphone), la maison éteint les lu- mières et met l’alarme. » Elaborer une telle scène demande cependant encore
La question du confort est en fait double. Il y a celui du particulier qui, sans tou- cher à quoi que ce soit, va par exemple entrer dans un appartement baigné de sa température préférée. Mais l’une des clientèles qui a le
Dernier argument, et non le moindre, la sécurité. « Aux Etats-Unis, la porte d’entrée vers la domotique est le système d’alarme », signale Pierre Colle. Les
De fait, aujourd’hui, on peut déjà tout contrôler, ou presque : lumière, chauf- fage, musique, home ci- néma, porte, alarme, ba-
entre eux, il devien. sible au système central d’utiliser toutes les données et de les traiter sous tous les angles utiles, selon des méthodes d’analyse qui, là encore, existent déjà, dans le Big Data. La maison in- telligente est plus proche que l’on ne croit...
survenu, ou si elle détecte des signaux biologiques anormaux, ou encore rap- peler vocalement de prendre ses médicaments. Une telle configuration peut reculer considérablement la date du déménagement en maison de retraite, permettant ainsi aux personnes âgées de res- ter plus longtemps chez elles.
services : optimiser les contrats, repérer les pannes à distance... », énumère Pierre Colle.
Cette question du langage commun est cruciale. En ef- fet, une fois que les appareils pourront communiquer tous
DÉJÀ BEAUCOUP DE FONCTIONNALITÉS L’arrivée des objets connec- tés a également donné un coup de fouet au secteur, en élargissant considéra- blement ce qui était pilota- ble dans la maison.
dra pos-
Jean-Marie Benoist
Mars 2015 57


































































































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