Page 13 - EcoRéseau n°18
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Grand Angle - La santé de demain PaNOraMa L'occasion pour EcoRéseau d'enquêter sur le sujet principal du panorama, politique, sociétal ou macro-économique
Quoi de neuf, docteur ?
Les grandes révolutions ont commencé dans la santé, en attestent les huit start-up biotechs présentées, esquissant la manière de se soigner dans le futur...
Dossier réalisé par Philippe Flamand, Aymeric Marolleau et Julien Tarby
L’arrivée de données génomiques massives constituera la pierre angulaire du dossier médical de chacun
Profils des révolutionnaires de la santé
Une place pour les entrepreneurs ?
Les révolutions explicitées semblent impliquer une mé- decine très capitalistique, qui deviendra l’apanage des grands groupes. Ainsi, selon le Dr Laurent Alexandre, fon- dateur de Doctissimo ou DNAvision, « des bases de don- nées de milliards de personnes seront nécessaires pour développer des algorithmes performants. C’est pourquoi les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) sont bien placés dans cette course qui s’amorce en matière de data management ». Mais l’ingénierie du vivant implique aussi bien les multinationales que les start-up biotech, voire les entrepreneurs particuliers nommés les « biohackers ». Ces adeptes de la biologie de garage qui font de l’opens- cience et du partage des connaissances le moyen de se réapproprier la manipulation du vivant. Le « biohacker- space » La Paillasse, laboratoire communautaire, a d’ail- leurs ouvert ses portes rue Saint-Denis à Paris et a déjà donné lieu à la création d’une start-up dans l’encre bio- logique. A chaque nouvelle révolution un écosystème se met en place, avec des acteurs de taille inégale et de bu- siness models différents. « Prenons la bio-impression : il existe trois technologies d’impression de cellules. Celle par extrusion ne nécessite pas trop d’utilisation de bre- vets et ne présente donc pas beaucoup de barrières à l’entrée. En revanche la technique par laser, plus précise, sur laquelle nous travaillons, nécessite l’utilisation de bre- vets et un savoir-faire. De gros investissements sont à réa- liser », illustre Fabien Guillemot, chercheur de l’Inserm à Bordeaux, cofondateur de la start-up en bio-impression Poietis. De plus dans ce secteur des acteurs vont se dé- velopper sur le développement de machines, d’autres la création de tissus organiques, d’autres encore sur l’utili- sation de tissus. De quoi donner des idées à de nombreux entrepreneurs isolés.
L
e Dr Lefèvre accé- lère sur son robot de couloir pour at-
CHAPITRE 1
en train de se réaliser. Les TIC se révèlent en effet une aide précieuse pour les pa- tients et les praticiens, amé- liorant le quotidien de tous. Mais le véritable tsunami provient des NBIC (nano- technologies, biotechnolo-
reprogrammation de cel- lules cardiaques, Biomup et ses implants chirurgi- caux résorbables), et sur- tout de la manipulation du génome (cf. Cellectis et ses copier-coller de gènes, PhageX et la nouvelle gé-
teindre au plus vite l’étage ingénierie du vivant. Il évite de percuter un patient âgé de 148 ans non loin du ser- vice thérapie génique, puis croise le Dr Giraud, chef du service de bio-impres- sion, spécialisé en cartilages, muscles et organes... Hello ! On se réveille ! Vous n’êtes pas assoupi(e) sur le canapé, devant une vieille série B de science fiction. Changer votre aDN, interfacer vos cellules et neurones avec des compo- sants électroniques, créer des organes... ne seront plus des opérations si uto- pistes. L’histoire est en marche, quelques pages en ont d’ailleurs déjà été écrites. La preuve...
QUAND NOUS SORTIRONS
DE NOS SILOS...
II y a encore quelques an- nées, les rêveurs un peu dingues évoquaient un pa- cemaker envoyant instan-
Les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives) ouvrent une ère de bricolage du vivant
tanément au médecin des informations détaillées sur l’état de santé de son patient, ou d’un malade atteint d’un cancer à Mumbai bénéfi- ciant de l’expertise des can- cérologues les plus réputés au monde... Ils se voyaient souvent traités de fous, et faisaient mine d'ignorer les sourires en coin, alors que leurs prédictions sont déjà
gies, informatique et sciences cognitives) qui ou- vrent une ère de bricolage du vivant : dans le domaine des prothèses et de l’élec- tronique médicale (cf. Pixium Vision et ses im- plants rétiniens, Carmat et son cœur artificiel en busi- ness story), de la régénéra- tion tissulaire (cf. Cardio3Biosciences et sa
nération d’antibiotiques). autant d’avancées toni- truantes qui doivent être mises bout à bout pour se poser les bonnes questions. Le Dr Laurent alexandre, chirurgien urologue et neu- robiologiste, serial entre- preneur, en vient par exem- ple à entrevoir à terme « la mort de la mort » (1), qui suppose de changer
Mars 2015
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