Page 12 - EcoRéseau n°18
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n°18
PaNOraMa Regard sur l’actualité - Michel Cymes
Dans chaque numéro une personnalité inattendue (artiste, philosophe, sportif, personnalité médiatique,...) parle de sa carrière et
« Personnalisation du diagnostic, impact garanti ! »
porte son regard personnel sur l'actualité.
Médecin, animateur TV et radio, mais aussi entrepreneur. Michel Cymes lance Betterise, une plateforme numérique de
santé ultra personnalisée, car lui aussi a sa petite idée sur les soins de demain...
parcours (médecin, entrepreneur, homme de télévision...) ? C’est un mélange d’envies et de hasards. J’ai eu la chance de faire des rencontres inté- ressantes, qui m’ont permis d’aller plus loin dans mes envies. D’autres n’ont pas eu ce coup de pouce du des- tin. Pascal Delannoy a su me faire confiance chez France Info, c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier. Jean-Marie Cavada m’a beaucoup trans- mis et m’a évité de faire des
pourra mieux le suivre et le surveiller.
Cette notion de surveillance n’est-elle pas un peu effrayante justement ?
Les nouvelles générations sont prêtes à se fier un peu plus aux données et aux ap- pareils qui les récoltent. Ce qui ne doit pas empêcher d’être extrêmement vigilant
pas par jour, comme recom- mandé, nous réduisons le risque d’avoir une maladie cardio-vasculaire. Betterise aide à atteindre les objectifs.
Comment imaginez-vous l’hôpital du futur ? Compte-tenu des difficultés financières du système de santé et du prix d’une journée dans un établissement, il est évident que beaucoup plus
nons pour des prodiges au- jourd’hui deviendra normal demain, que des organes pourront être changés par exemple. Mais il subsistera selon moi un facteur limitant, qui est le cerveau. Celui-ci n’est pas seulement une ac- cumulation de neurones. Les choses sont beaucoup plus compliquées, on le connaît encore très mal. alzheimer et Parkinson ne sont pas gué-
La perception qu’ont les gens de la santé évolue-t-elle ?
Ils se tiennent beaucoup plus informés que par le passé, et prennent enfin conscience de l’intérêt de la prévention. La raison ? Ils subissaient par le passé les messages impersonnels et moralisateurs comme « il ne faut pas fu- mer»,«ilnefautpasboire» du ministère de la santé, et devaient admettre que faire du sport empêchait de grossir, donc d’accumuler des graisses, donc limitait les ac- cidents cardiovasculaires. sans démonstration tangible, certains se disaient que mal- gré les comportements à risque ils pouvaient passer au travers des mailles du filet. Mais aujourd’hui nous sommes capables de person- naliser le diagnostic en leur disant qu’ils ont tant de pré- dispositions au cancer du
poumon et que s’ils persistent à fumer, ils auront neuf risques sur dix d’avoir un cancer. Etonnamment cela a plus d’impact ! Nous pouvons leur démontrer que des gestes qu’ils modifient légèrement au quotidien augmentent ra- dicalement leur espérance de vie et surtout améliorent leur santé sur les dernières années. Les données scientifiques prouvent ce que l’activité physique apporte à chaque organe. Nous sommes ca- pables de démontrer que l’ac- tivité sportive oxygène mieux le cerveau et donc diminue les risques d’alzheimer. Les objets connectés ajoutent des données et donnent des ob- jectifs, ce qui devient ludique. Les data deviendront toujours plus importantes pour le mé- decin, qui saura quand le pa- tient est tombé dans un som- meil profond, quand il a moins fait de sport... Il
Bio
Le médecin de demain devra être beaucoup plus « geek » qu’aujourd’hui, mais il restera au centre de tout le système
bêtises.
« L’immortalité ? Non. Le cerveau sera un facteur limitant »
Je suis médec.
un point c’est tout. Les chro- niques et émissions que j’anime découlent de ce mé- tier, que j’exerce encore avec bonheur. J’évite de donner mon avis sur des sujets qui ne sont pas médicaux, et uti- lise ma célébrité à des fins humanitaires.
sur la manipulation des don- nées. Mon obsession est le secret médical. Le système ne peut fonctionner que si les data sont exploitées dans le cadre d’une politique de santé. avec notre plateforme Betterise nous sommes très vigilants, il ne s’agit pas de vendre des données, ou d’en divulguer. Personne n’aura accès aux données person- nelles des autres. si une en- treprise décide de s’y abonner, elle pourra savoir combien de ses salariés dorment mal ou sont stressés, mais ne connaîtra jamais à leurs noms. Cela lui permettra d’adapter sa façon de gérer le person- nel.
Quel est au juste le rôle de Betterise ?
Il s’agit d’une sorte de ma- jordome de la santé, un al- gorithme qui permet de per- sonnaliser les conseils mé- dicaux. Les internautes ré- pondent à quatre ou cinq questions pour permettre à l’algorithme de les connaître. Ensuite, au fil des connexions, ils recevront des conseils santé à la carte. L’OMs parle d’une augmentation de 60% des maladies liées au style de vie au cours des dix der- nières années. La moitié des salariés sont sédentaires. Donc si nous marchons 6000
de soins seront administrés au domicile des patients. Ceux-ci seront reliés par in- formatique à des centrales qui les feront hospitaliser quand leurs données seront alarmantes. Ils seront en contact avec des praticiens qui leur transmettront des conseils dans le cadre de la chirurgie ambulatoire. Le mé- decin de demain devra cer- tainement être beaucoup plus geek qu’aujourd’hui, mais il restera au centre de tout le système, car la rela- tion interhumaine médecin/patient est primor- diale.
Croyez-vous en cette immortalité annoncée par certains ?
Je connais bien le Dr Lau- rent alexandre. Il est très intelligent et a le sens de la formule mais je ne pense pas que celui qui vivra 1000 ans est déjà parmi nous. Ceux qui naissent au- jourd’hui profiteront indé- niablement, dans 90 ans, d’avancées médicales for- midables. Il y a peu, le can- cer des testicules était mortel un ou deux ans après le diagnostic dans 95% des cas. aujourd’hui, ce même cancer est guéri dans 95% des cas. Il est donc fort à parier que ce que nous pre-
rissables. Les seuls progrès notables dans ce domaine sont attendus au niveau du diagnostic. si demain on me dit que j’ai de fortes chances de contracter alzheimer dans sept ans, je ne vois pas ce que cela va m’apporter concrètement...
Comment expliquez-vous la diversité de votre
Ne vous arrive-t-il pas de vous perdre entre vos différentes casquettes ?
in et je le reste,
Julien Tarby
Coup de pouce de l’humour carabin
Michel Cymes est un médecin et chirurgien spécialisé en ORL de 57 ans, devenu une figure du PAF grâce à sa verve et son humour naturel. De France Info où il présente une chronique médicale à partir de 1990, ce Parisien d’origine passe à la petite lucarne pour présenter des émissions mé- dicales destinées au grand public qui battent rapidement tous les records d'audience, tels « Le Magazine de la Santé » et « Allô Docteurs ». Michel Cymes n'en délaisse pas pour autant les ondes. Il anime jusqu'en 2008 une émission hebdomadaire sur Europe 1 intitulée « Comment ça va bien... merci », et depuis avril 2011, chaque matin sur RTL, exerce son ironie acérée dans une chronique intitulée « Ça va déjà mieux », de la Mutuelle Générale. Depuis 2009, toujours avec la complicité de Marina Carrère d'Encausse dont les fous rires sont restés célèbres, Michel Cymes est également aux commandes du site web Bonjour, docteur. Père de trois garçons, âgés de 17, 15 et 4 ans, il continue d'assurer des consultations aux urgences de l'Hôpital eu- ropéen Georges-Pompidou, à Paris. Ce petit-fils de Juifs po- lonais arrivés en France en 1922, puis tués à Auschwitz durant la guerre, est l'un des membres fondateurs de l'as- sociation humanitaire La Chaîne de l'espoir.
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Mars 2015