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n°14
RH & FORMATION Réseaux & Influences - Clubs automobiles
Cercles de belles mécaniques
Plus d’un siècle après sa création, l’Auto- mobile Club de France conserve une part de mystère, savamment entre- tenue par ses membres et par son mode de recrutement. A l’origine véritable outil au service du développement de l’automobile, ce club privé est aujourd’hui devenu un lieu où les échanges peuvent tourner autour d’autres sujets. Toujours aussi sélect, ce cer- cle nourrit les fantasmes de certains. Géré par la société de gestion de l’Automobile Club de France, il est tout simplement le plus ancien club automobile au monde. Certes, on est bien loin des loges maçonniques et de leurs rites d’intronisation, mais in- tégrer ce club privé relève du défi. Fondé le 12 novem- bre 1895 et installé derrière les murs de l’hôtel de Ples- sis-Bellière, sur la luxueuse place de la Concorde, dans le VIIIe arrondissement à Pa- ris, il est encore aujourd’hui réservé exclusivement aux hommes, et la liste de ses membres suffit à résumer le niveau des échanges qui s’y déroulent. Présidé depuis
est encore très mesuré...
Liens et réseaux se tissent aussi en parlant de voitures. Mais le mélange des genres
Mieux vaut ne pas accrocher une voiture d'un des membres en se garant sur le parking...
C’est un cercle, aux conditions d’admission rigoureuses, mais la passion automobile n’est pas nécessaire pour en faire partie ». Une sélection rigou- reuse qui garantit surtout le maintien d’un certain niveau d’échanges. « Nous sommes là effectivement pour faire en- tendre notre voix sur des ques- tions relatives à l’automobile, notamment au travers d’une Commission dédiée qui réunit régulièrement membres et non membres pour étudier les prin- cipaux sujets d’actualité, mais cela ne constitue pas la voca- tion fondamentale de l’ACF aujourd’hui. » En effet, si les statuts et les « us et coutumes » en vigueur ne permettent pas, en principe, de se servir du Club pour développer des re- lations d’affaires, il est évident que rien n’empêche les adhé- rents d’échanger sur des ques- tions d’ordre professionnel. « Les relations d’amitié peu- vent déboucher sur des op- portunités d’affaires », recon- naît Patrick de Dumast. Une méthode pour développer et enrichir son réseau que l’on retrouve d’ailleurs dans d’au- tres clubs privés dédiés à l’au- tomobile, au sein desquels les adhérents sont passionnés de belles mécaniques, mais n’en oublient pas pour autant le domaine professionnel. Ainsi Georges Betton, patron d’Acore Industries, une petite PME du Nord Isère, à Saint- Quentin Fallavier, reconnaît avoir rejoint le Club Aston Martin pour plusieurs raisons : « J’aime la voiture et parti- culièrement les belles an- glaises, mais ce n’est pas ce qui a motivé mon adhésion. Je participe à quelques sorties dans l’année, parfois assez loin de chez moi, pour ren- contrer d’autres dirigeants
Jacques Donnay
Clubs de voitures anciennes
La passion, rien que la passion
Les clubs dédiés aux voitures anciennes ont le vent en poupe. Il suffit pour s’en convaincre de s’arrêter un instant sur le succès rencontré par des événements grand public comme les salons Rétromobile de Paris et Epoqu’Auto de Lyon. Alain Guillaume, commissaire du salon lyonnais et longtemps président du Club des Amateurs d’Automobiles Anciennes (Club des 3A), confirme : « Chaque année les propriétaires de véhicules historiques sont plus nombreux sur le salon et dans les clubs. Le renouvellement des générations est assuré ». Un engouement pour les voitures anciennes qui interpelle. Les nouveaux adhérents ne viennent-ils pas chercher dans ces cercles privés des contacts privilégiés avec des professionnels plus âgés au carnet d’adresses bien rempli ? Pour Alain Guillaume, la réponse est clairement non. Si la plupart des adhérents du Club des 3A évoluent professionnellement dans des fonctions dirigeantes ou d’encadrement, ils laissent en revanche de côté les questions business. « Nous sommes avant tout des passionnés, affirme-t-il. Cela ne signifie pas que nous nous interdisons de parler de nos affaires respectives, mais les conversations tournent naturellement autour de nos voitures. Et puis, en dépit du renouvellement des générations, nous sommes pour la plupart à la retraite ou en fin de carrière. Ce n’est donc pas avec les réunions du Club des 3A que les plus jeunes vont
développer leur chiffre d’affaires. »
62 OCTOBRE 2014
GRANDS DIRIGEANTS DE TOUS HORIZONS Mais il y a bien longtemps que les acteurs majeurs du monde de l’automobile par- tagent les lieux avec d’autres chefs d’entreprise, dont les activités n’ont aucun rapport
2012 par Robert Panhard, descendant d’une illustre fa- mille automobile, on peut ainsi y croiser les membres de la famille Peugeot,
puisque Thierry, Roland et Robert y ont leurs entrées.
trinal (ex-président du direc- toire d’Unibail Rodamco et aujourd’hui à la tête de Woo- deum & Compagnie), y cô- toient les plus grandes for- tunes de France, à l’instar de Bertrand Puech (Hermès) et Patrick Sayer (Eurazeo). Et les plumes les mieux in- formées de l’Hexagone, à l’instar de Claude Imbert,
21 membres, dont les noms ne sont pas connus, examine alors le dossier et désigne un rapporteur qui rencontre le candidat à son domicile. Ensuite, celui-ci, assisté de ses deux parrains, est présenté à cette commission pour un entretien, à l’issue duquel le conseil consultatif procède à un vote à bulletin secret. Un
C’est un cercle, aux conditions d’admission rigoureuses, mais la passion automobile n’est pas nécessaire pour en faire partie
avec cette industrie. De Ni- colas Seydoux à Bertrand Bélinguier (ex-PDG du PMU, aujourd’hui à la tête de France Galop) en passant par Fran- çois Nusse (Clairefontaine), Christophe Blanchard-Dignac (La Française des Jeux) et Patrick Lucas (Gras Savoye), les univers économiques se croisent et s’entrecroisent. D’anciens patrons du CAC 40, comme Guillaume Poi-
vont y chercher les confi- dences « off » qu’elles se garderont bien de divulguer. Une forme de secret entretenu par un mode de « recrute- ment » parfaitement encadré. Pour intégrer l’Automobile Club de France, le parrainage est obligatoire. Chaque can- didat doit pouvoir compter sur deux parrains et sept sous- parrains. Une commission des candidatures réunissant
vote défavorable annule trois votes favorables et l’admis- sion n’est définitive qu’après approbation par le Président.
je
RELATIONS D’AFFAIRES ?
Patrick de Dumast, associé de PGD Finances et Développe- ment, résume ainsi les choses : « L’Automobile Club de France n’est pas à proprement parler un club automobile.
d’entreprise avec lesquels. peux éventuellement dévelop- per une relation profession- nelle. Cela fait maintenant trois ans que j’ai adhéré au Club et j’ai déjà signé trois affaires, directement ou indi- rectement, grâce à cela. Pour moi, c’est une façon de conju- gueur loisir et business. »


































































































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