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n°14
STRATÉGIE & INNOVATION NUMÉRIQUE Haute résolution - Cloud en France
Plan Montebourg : encore vivant, mais...
François Hollande a confirmé le 9 septembre le maintien des 34 plans de soutien de relance votés en juin dernier. Ouf ! Mais à l’heure de la modernisation numérique de l’État, le plan élaboré par Arnaud Montebourg semble encore timide sur certains points. Passage en revue.
1. La création d’un label européen Secure Cloud C’est l’une des mesures phare du plan, qui permettrait au grand public et aux entre- prises de se sentir plus en confiance avec les prestataires de l’Union. Il reste encore à définir les « normes de qua- lités et de sécurités élevées » mentionnée par le plan. Le rapport originel préconise une révision de la réglemen- tation européenne, mais elle pourrait bien ne pas s’avérer nécessaire. « Depuis plusieurs mois, un groupe travaille au niveau européen pour déve- lopper un « Code of Conduct Cloud » (guide des bonnes pratiques), précise Christian Comtat, directeur de la stra- tégie et du développement des activités Cloud Compu- ting d’IBM France. Le travail est déjà avancé ; le document final devrait être adopté très prochainement. » Le label pourrait bâtir sur ce qui se fait déjà dans l’Union.
2. Exemplarité de l’action publique et création d’une place de marché numérique pour les collectivités locales L’État peut difficilement de- mander à tout le monde de se mettre sur le nuage sans lui-même montrer l’exemple. Il s’est déjà doté de sa propre DSI (la Disic, Direction in- terministérielle des systèmes d’information et de commu- nication), créée par décret en février 2011. Mais il est vrai que le passage au Cloud de l’administration n’est pas des plus rapides. Cependant, le deuxième objectif est plus avancé qu’il n’y paraît, grâce à l’intérêt pris dans le logiciel libre depuis une circulaire de Jean-Marc Ayrault de 2012 : des sites comme open- mairie.org et adullact.org sont déjà des « appstores-like » pour les collectivités locales.
7. Faciliter l’installation de datacenters en France
Un point prometteur, mais qui évidemment suppose beaucoup de travail. Notam- ment parce que pour être vraiment efficaces, les me- sures de simplification des démarches de création des datacenters devront être ac- compagnées d’une harmoni- sation avec les législations européennes – et la bonne nouvelle, c’est que « la lé- gislation sur les données eu- ropéennes existe déjà, et elle s’applique à tous les pays », rappelle Christian Comtat. Du fait de son faible coût énergétique et d’un bon ré- seau de fibre optique, la France était déjà attractive, mais cette mesure pourrait définitivement faire pencher la balance.
8. Aider les éditeurs de lo- giciels et fournisseurs à faire la transition vers le cloud et les offres aas (as a service) C’est un point qui avait sou- levé beaucoup d’intérêt lorsqu’il avait été annoncé en juin. « Pour une petite entreprise, il est très com- pliqué de passer à la taille supérieure, d’un effectif de 20-30 personnes à 150-200 personnes, qui permet d’avoir une vraie présence interna- tionale », souligne Miguel Membrado, fondateur de Cloudlivia, qui propose son offre Cloud aux entreprises depuis 2013. Bonne nou-
9. Soutenir l’innovation dans le cloud
Il s’agit ici d’aides et de sub- ventions, provenant notam- ment de Bpifrance. Elles se- ront destinées en priorité aux projets répondants aux be- soins de communautés : la santé, l’éducation, les se- niors... Cela viendra com- plémenter des dispositifs d’as- sociations privées déjà exis- tantes, comme EuroCloud.
10. Renforcer la formation cloud, l’attractivité de la filière et son organisation C’est le dernier point, mais c’est l’un des plus importants. Il existe des partenariats entre des entreprises et des écoles et universités, mais ils sont encore rares. Il reste encore à voir quelle forme prendront les mesures sur la formation et l’attractivité notamment. Et, bien sûr, la formation d’un « observatoire du cloud » est envisagée, confor- mément à une habitude très répandue chez nous (et qui a eu des résultats variables).
3. Neutralité vis-à-vis des offres dans les marchés pu- blics, et politique « Cloud First »
plan parle entre autres du mier dans son ambition et velle : c’est le point le plus « lancement d’une initiative dans ses nécessités de réali- avancé. La « Saas Académie pour permettre à chaque Fran- sation. Du coup, soit il peut » (c’est son nom) devrait dé- çais d’avoir son nom de do- bâtir sur ce qui existe déjà marrer dès le mois d’octobre, maine à faible coût ». Il ne en Europe, soit il peut tenter sous forme d’accompagne- faudra pas, là, se tromper de de relancer les discussions – ment aux éditeurs pour leur méthode et lancer une po- ce qui pourrait faire perdre migration vers le Saas (fi- tentielle usine à gaz. un temps précieux. nancement, conseil et accom-
américaines.
L’offre existante de presta-
pagnement technique).
Jean-Marie Benoist
58 OCTOBRE 2014
« Ouf, l’orage est passé ! »
tions dans les nuages est déjà suffisamment variée pour ré- pondre aux demandes expri- mées (la France compte plus de 2 000 éditeurs de logi- ciels). Mais un écueil sub- siste : une solution cloud n’est pas considérée comme un investissement, mais oc- casionne des frais de fonc- tionnement, qui doivent être équilibrés, ce qui limite les budgets. Le plan se propose d’agir sur ce point. Il va falloir cependant veiller à ce que les procédures d’attri- bution n’en soient pas ral- longées – elles peuvent déjà dépasser un an.
4 et 5. Encourager l’adop- tion du cloud par les en- treprises et le grand public On l’a déjà dit, l’offre fran- çaise et européenne existe ;
et si les entreprises sont convaincues du bien-fondé économique du cloud, les particuliers l’ont déjà large- ment adopté. Dans l’idéal, il faudrait surtout faire savoir que l’offre existe – mais le
6. Garantir un traitement sécurisé des données en Eu- rope
Ce point, qui comme les sui- vant est tourné vers l’offre (les précédents concernaient la demande), rejoint le pre-
Au final, le plan est promet- teur et présente beaucoup d’excellentes intentions, mais il y a quelques manques. S’il prévoit un certain nombre d’aides publiques, il est en revanche peu disert sur l’en- couragement des investisseurs privés. Or « il faut, pour que les choses bougent vraiment, que les investisseurs comme les entreprises puissent pren- dre des risques », souligne Miguel Membrado. Par ail- leurs, il faudrait que, dans la pratique, les mesures s’ins- crivent dans la logique ac- tuellement mise en place à Bruxelles. Cela non seule- ment pour une question de cohérence, mais également pour une raison de taille de marché : la France seule ne suffit pas à construire une entreprise qui serait capable de rivaliser avec les offres
Si le plan prévoit un certain nombre d’aides publiques, il est en revanche peu disert sur l’encouragement des investisseurs privés
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Vue d’ensemble