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n°14
CLUB ENTREPRENDRE Business guides - Emploi du temps des séminaires
Le timing, toujours le timing !
SLes séminaires ont réduit la voilure sous l’effet de la crise. L’alternance de travail et de loisirs constitue donc d’autant plus un élément crucial de leur réussite. Savant dosage en perspective...
ource de stress pour pratiques évoluent. Ces ras- doit être transmis au début certains salariés, at- semblements professionnels du séminaire, là où l’atten- tendu par beaucoup ont vu leur durée moyenne tion est la plus forte, quitte
d’autres, le séminaire reste passer en 15 ans de trois à à ce que le message soit ré-
un rendez-vous incontourna- ble dans la vie de l’entreprise. Malgré une conjoncture éco- nomique morose, une multi- plication des plans sociaux et une chasse aux notes de frais, les entreprises conti- nuent d’organiser des « team building » pour reprendre un célèbre néologisme anglo- saxon du parler managérial. La dernière enquête de l’Ob- servatoire des séminaires et congrès, menée à l’initiative du consultant Coach Om- nium, bible des organisateurs de réunions professionnelles, fait état d’une croissance de 1,1% des budgets en 2013, à 8,55 milliards d’euros. « Le secteur résiste. Pour preuve, nous continuons d’organiser régulièrement des séminaires d’envergure au Maroc », as- sure Isabelle Duplenne, di- rectrice associée de La Conciergerie de Marrakech, une agence spécialisée dans ce type d’évènements. Certes, les entreprises ont besoin de se réunir et crise ou pas, les « messages » doivent conti- nuer de passer ; c’est là la vocation essentielle des sé- minaires et conventions : mo- biliser les troupes, contribuer à l’accroissement des ventes et informer.
deux journées, précise l’Ob- servatoire. Surtout, moins de la moitié des séminaires d’en- treprise inclut désormais l’or- ganisation d’une activité an- nexe, sportive, ludique ou culturelle, contre trois sur quatre jusqu’en 2009. Depuis quelques années maintenant, les organisateurs de sémi- naires privilégient en effet les temps de travail aux temps de loisirs/incentives. Pour Pascal Visintainer, directeur commercial et marketing Hô- tels de Lucien Barrière Hôtels et Casinos, « cela s’explique par la crise. Les incentives, lorsqu’ils sont maintenus, sont moins “luxueux” et plus orientés “business”, c’est à dire avec un objectif de team building ou d’apprentissage utile ». Une observation confirmée par Pierre Lasry : « Deux tiers du temps de nos séminaires sont consacrés au travail. Il ne s’agit donc pas de vacances, mais bien de travailler ensemble dans un cadre différent sur des sujets stratégiques pour l’entre- prise ».
Moins d’un séminaire d’entreprise sur deux inclut désormais l’organisation d’une activité annexe, sportive, ludique ou culturelle, contre trois sur quatre jusqu'en 2009
pété ensuite l’après-midi puis véhiculé sous la forme d’activités ludiques. La pé- riode après le déjeuner doit se limiter à des messages superficiels ou des redites du matin », assure l’associé de DayOne. De même, tra- vailler jusqu’à 19h puis dîner à 20h n’est pas un gage de réussite. Mieux vaut s’arrêter de travailler plus tôt, se don- ner rendez-vous à l’apéritif à 19h30 et dîner ensuite. « Durant l’apéritif, les par- ticipants pourront décom- presser et partager leurs connaissances », confirme Olivier Chaduteau. Question timing entre travail et loisir, tout est possible. « Certains clients exigent une sépara- tion marquée entre travail et loisir, avec séance plénière le matin et visite ou activité sportive l’après-midi. Tou- tefois, j’observe de plus en plus la tendance au mélange des genres avec par exemple, départ à l’aube pour une excursion jusqu’à une tente installée en plein désert. Là, une heure ou deux de travail, puis poursuite de la balade jusqu’à un déjeuner de tra- vail en bivouac avant un re- tour à l’hôtel », révèle Isa- belle Duplenne de La Conciergerie de Marrakech. Dans l’organisation des sé- minaires, aucun spécialiste ne connait de recettes mira- cles. « Cela dépend avant tout des objectifs du sémi- naire et de la population qui est réunie », confirme Pascal Visintainer. Alors que la pé- riode des festivités d’entre- prise vécue dans les années 2000 semble révolue, les sa-
UN EMPLOI DU
TEMPS DE MOINS
EN MOINS LUDIQUE Mais la crise économique à laquelle sont soumis la plu- part des secteurs d’activité contrarie cet objectif. Les réunions professionnelles sont alors un poste facilement ro- gné afin de réduire les frais. « Jusqu’à il y a quelques an- nées, nous organisions chaque année un grand sé- minaire avec l’ensemble des collaborateurs. Aujourd’hui, pour des raisons de coûts, nous limitons les séminaires à l’équipe de direction, avec les grands clients », confirme Pierre Lasry, président fon- dateur de Lowendalmasaï, un cabinet de conseil en ma- nagement. En somme, les
LA FAUSSE BONNE IDÉE DU « TRAVAIL- LER PLUS »
« Attention, prévient Olivier Chaduteau, associé chez Day
instruments de percussion n’est-il pas une manière sym- pathique de montrer que la capacité d’écoute de l’autre est fondamentale dans une entreprise ? Faute d’un
de la journée. Or, un sémi- naire, c’est aussi un moment de partage des connaissances entre collaborateurs qui se parlent finalement peu le reste de l’année », rappelle
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One, cabinet de conseil en stratégie et organisation des entreprises, parfois, les or- ganisateurs ont tendance à minorer les activités ludiques au profit des sessions de tra- vail. C’est une erreur selon moi. Une activité ludique peut très bien véhiculer le même message qu’une heure de formation intense. Ap- prendre à jouer ensemble des
rythme unique entre chaque participant, la tentative finit en brouhaha. » « Bourrer » le séminaire et le mener sur le même rythme que le quo- tidien constitue le principal risque quant au succès de l’évènement. « Dans ma par- tie, le côté travail, je constate régulièrement que les orga- nisateurs cherchent à tout prix à occuper chaque minute
Olivier Chaduteau. Et ce der- nier de recommander d’al- longer les temps de pause entre deux sessions de travail. « En les fixant à 40 minutes au lieu de 20, les collabora- teurs peuvent décompresser mais aussi discuter, échanger leurs points de vue sur ce qu’ils viennent d’apprendre. Ces échanges de connais- sances, loin d’être une perte
ter discrètement leurs smart- phones.
gré tout
« Nous commençons la session de travail dans l’avion. Essayez de prendre des places proches les unes des autres s’il vous plaît »
de temps, créent au contraire de la valeur ajoutée à l’en- treprise. » Enfin, ces temps de pause évitent que les par- ticipants ne passent une partie des plages de travail à consul-
GÉRER LES TEMPS FORTS ET LES
TEMPS FAIBLES
Autre recommandation de bon sens : prohiber les ces- sions de travail après le dé- jeuner, moment où la concentration est la plus fai- ble. « Le principal message
lariés continuent mal. de plébisciter le concept : près de neuf collaborateurs sur dix sont toujours aussi enthousiastes d’aller en sé- minaire/convention, assure l’Observatoire. Nouvelle preuve, s’il en était besoin, de l’attachement des Français à leurs entreprises !
Jean-Pierre Guidoni


































































































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