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Créer aujourd’hui - Reprise d’entreprise à la barre CLUB ENTREPRENDRE
viable à long terme, mais connaître un sévère coup d’arrêt en raison d’un gros impayé de 100 000 euros ou davantage, synonyme de dé- but d’une spirale fatale. Par ailleurs, une mauvaise ges- tion qui a conduit une société à la déroute ne signifie pas que l’activité de cette der- nière n’est pas prometteuse. C’est la raison pour laquelle de très belles opérations sont réalisables au tribunal de commerce », indique Damien Noël. Les délais de paiement expliquent parfois d’autres échecs, alors même que le marché se montre souriant et les clients présents. « Si vous êtes payé à 90 jours et que de votre côté vous devez régler vos dettes à 30 jours, avec un banquier peu com- préhensif, les choses peuvent vite évoluer négativement. Les sociétés qui grossissent trop rapidement sont souvent confrontées à ce genre d’écueil », poursuit-il. L’acquisition d’une entreprise intéressante à moindre coût au tribunal a son revers de médaille. Gare aux pièges qui accompagnent ce genre d’opérations. « Il arrive d’avoir affaire à des diffi- cultés masquées, des prix gonflés artificiellement. L’ad- ministrateur judiciaire ne le remarque pas forcément. Mais en étudiant correcte- ment la situation de l’entre- prise, on relèvera une sur- évaluation. Il vaut mieux faire confiance à ses propres connaissances si on connaît bien le secteur en question », estime Michel Dubois-Cou- tant. La maîtrise du domaine d’activité et l’expérience for- ment des critères essentiels sur ce plan. « Une machine- outil dans le secteur méca- nique peut s’avérer bien plus vieille et abîmée que ce qu’on pourrait croire si l’on n’est pas du métier. Ce type d’in- formations peut totalement
échapper à l’audit des ac- tifs », illustre-t-il. « Un re- preneur d’une société de la filière du bâtiment peut être réjoui de voir qu’au moment de l’acquisition, deux années de carnet de commandes sont garanties, puis tomber de haut lorsqu’il se rend compte que tous les chantiers ont été signés à perte. Cette pra- tique est fréquente dans ce
quemment 70 % de la valeur globale.
même aguerries se heurtent parfois à de cuisants échecs en voulant se charger seules d’une reprise. Résultat : des vérités stratégiques essen- tielles sont oubliées. L’ac- compagnement est indispen- sable car il permet toujours d’avoir un œil critique, ex- térieur, plus objectif », constate Michel Dubois-Cou- tant. Formaliser l’offre de
solides pour les dépenses à court terme à réaliser dans la foulée. Pour remettre les comptes à flots en reprenant l’activité, on estime généra- lement qu’un fonds de rou- lement de l’ordre de 10 % du chiffre d’affaires est né- cessaire. « Cette partie est indispensable pour repartir sur de bonnes bases. A ces fonds s’ajoutent les inves-
qui sont aussi les plus pré- cieux. Les écouter est d’em- blée un bon réflexe à adopter car ils détiennent générale- ment des informations cru- ciales qui recèlent des nuances et compléments que le discours de la direction n’apporte pas. « C’est en cela que la reprise représente un grand travail de psycho- logie. Les salariés boulever- sés vivent dans la crainte, veulent des explications. Il faut pouvoir leur apporter des réponses claires, ce qui suppose une bonne compré- hension des causes structu- relles de l’échec », souligne Michel Dubois-Coutant. Re- motiver les troupes doit être une priorité. « Les meilleurs collaborateurs peuvent être
UNE DÉMARCHE À PLUSIEURS ACTEURS Qu’elle concerne un parti- culier désireux de développer une idée prometteuse ou une entreprise souhaitant concré- tiser une stratégie de crois- sance externe, la reprise peut être un formidable accéléra-
Le contact direct avec le fournisseur, les concurrents, certains clients permet souvent de compléter l’information, d’avoir des éléments supplémentaires essentiels à apporter à son dossier
milieu. Si on l’ignore, les désillusions peuvent être de taille », rappelle Damien Noël.
teur si elle est bien travaillée. Mais l’analyse est un travail lourd. « Il est rare de disposer facilement de toutes les don- nées importantes. Le contact direct avec le fournisseur, les concurrents, certains clients permettent souvent de compléter l’information, d’obtenir des éléments sup- plémentaires essentiels à ap- porter à son dossier », conseille Michel Dubois- Coutant. Être à l’écoute des priorités de l’administrateur judiciaire et de tous les res- ponsables qui influencent le processus est également in- téressant. Quels sont les en- jeux de la reprise ? La dé- fense d’un microcosme local, le soutien d’une dynamique sectorielle, d’une logique in- dustrielle ? Connaître les ré- ponses à ces questions permet aussi d’affiner son dossier. En raison de la lourdeur de ce type de procédure, l’ac- compagnement est décrit comme indispensable par les professionnels du domaine. « Un avocat et un expert- comptable ne seront pas de trop pour épauler le repre- neur », assure Patrice Bri- gnier. « Des entreprises
reprise ne s’improvise pas. « Une fois qu’une proposition de rachat est faite, on ne peut plus se dédire », rappelle Damien Noël. « Il faut donc être absolument sûr de ses engagements ». Être capable de signer le chèque de banque dès la sortie du tri- bunal est une obligation. Du cash qui ne représente que la partie émergée de l’ice- berg. Il faut avoir les reins
tissements, déterminants pour l’avenir de la société », confirme Patrice Brignier. Enfin, en plus des facettes comptables et stratégiques, l’avenir de l’entreprise dé- pend en grande partie de sa première valeur ajoutée : les ressources humaines. Les équipes se retrouvent souvent traumatisées par le dépôt de bilan, notamment les colla- borateurs les plus anciens
de
« Il vaut mieux être un pro- fessionnel du secteur concerné », recommande également Patrice Brignier, président de l’ASPAJ. « Au- delà de cet aspect, d’autres précautions doivent être prises. Il faut s’assurer que la société est bien propriétaire des actifs corporels et incor- porels. Certains brevets peu- vent être tombés dans le do- maine public sans qu’on n’y prête attention. Autre réflexe à avoir : veiller à ce qu’au- cune dette ne soit associée à ces actifs ». Un commissaire priseur est chargé dans ces cas de l’estimation de la va- leur de tous les éléments. Celle-ci est indiquée dans un rapport remis au greffe. « Il existe des différences entre la valeur réelle du bilan et celle exposée au tribunal », résume Patrice Brignier. La prise en compte de l’imma- tériel, comme la fidélité clients, représente un autre piège. L’importance de ce volet est souvent minimisée. On estime qu’il atteint fré-
en partance au moment . la reprise sans que les diri- geants le sachent », confie Damien Noël. Si le contact avec les employés ne se fait pas rapidement dans ce genre de situation, un rendez-vous avec les représentants du personnel doit néanmoins être organisé au plus vite.
Mathieu Neu
OCTOBRE 2014 43
treprises malades
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