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CLUB ENTREPRENDRE A la Une - Entreprendre au sein d'un grand groupe L’intrapreneuriat. Au-delà du blabla...
Les salariés débordent d’idées et certaines peuvent rapporter gros ! Mais pour capter cette énergie L« intrapreneuriale » trop souvent étouffée dans les vastes organisations, encore faut-il se doter de process
RH souples et ouverts aux nouvelles formes d’open innovation. La maturité, enfin ?
e Post-It de 3M, le d’être challengé dans une c’est dire si un tel concept a tiques hétérogènes ne relè- la nécessité de réintégrer, « Nous voulons être le fer premier PC d’IBM nouvelle activité et ce, tout de quoi séduire. Pourtant, vent pas toujours de l’intra- une fois le projet terminé, de lance de nouveaux modes ou encore le web- en profitant de l’enveloppe force est de constater que preneuriat stricto sensu. des collaborateurs alors ha- de travaux collaboratifs au
service Google Maps. Autant protectrice de la grande « la déferlante intrapreneu- La cause d’un tel bitués à être autonomes. sein du groupe. C’est pour-
d’innovations de rupture, fruit d’un levier managérial venu tout droit des Etats- Unis : l’intrapreneuriat. La singularité d’une telle ap- proche un tantinet jargon- neuse : doper l’énergie en- trepreneuriale dans les or- ganisations grandes et – de fait – peu agiles pour booster les idées nouvelles. « Il s’agit d’accorder aux salariés une certaine liberté pour entre- prendre au sein de leur struc- ture. Par exemple, chez Goo- gle, les ingénieurs peuvent consacrer une part de leur temps de travail à la conduite de nouveaux pro- jets, l’objectif étant d’ins- taurer une culture d’entre- prise valorisant la créati- vité », raconte Véronique Bouchard, professeur de stra- tégie à l’EM Lyon Business School. Chez IBM, c’est un service ad hoc qui fut isolé pour pouvoir sortir en 1981 le premier PC, en mode start- up. Car la vocation finale de l’intrapreneuriat consiste bien à créer des structures internes spécifiques, alors confiées à des managers chargés de développer des projets stratégiques. « C’est ni plus ni moins de l’exter- nalisation à de petites entités autonomes, dotées des moyens financiers et maté- riels suffisants pour fonc- tionner en roue libre par rapport à la « maison mère ». Le grand compte crée ainsi un ‘bébé’ en in- terne en s’inspirant du mo- dèle de la petite entreprise », détaille Alain Bosetti, pré- sident du salon des micro- entreprises. Voilà un formi- dable coup de pouce pour doper les innovations radi- cales tout en permettant à « l’intrapreneur », et à son équipe, de s’affranchir des pesanteurs hiérarchiques de la grande organisation. En effet, quoi de plus stimulant pour un cadre dynamique en quête d’autonomie que
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boîte ? Une manière d’en- treprendre à moindre risque. « Non seulement l’intrapre-
riale est loin d’avoir pris en France, rappelle Frédéric Tavera, dirigeant d’IP Mon-
blocage reste connue : « La difficulté pour les grands comptes de s’engager dans
D’ailleurs, certaines direc- tions redoutent le scénario du pire : l’éventualité que
quoi nous avons réalisé une série de livres blancs pour repenser nos pratiques à long terme, le dernier por- tant sur l’intrapreneuriat », relate Claire Bussac, res- ponsable innovations et tech- nologies RH au sein de la banque. Pourquoi mettre l’accent sur un tel thème ? « Il est important de faire valoir en interne cette ap- proche collaborative effi- cace, mais trop méconnue en France. Car ce levier pourrait permettre d’opti- miser notre marque em- ployeur auprès des jeunes salariés », détaille la res- ponsable, en rappelant que Crédit Agricole SA reste au stade de la réflexion en la matière. « Car tout projet d’intrapreneuriat ne peut être déployé à la légère ! Il suppose un vrai cadrage au niveau RH pour gérer l’évo- lution professionnelle des futurs ‘intrapreneurs’. »
Quand certains intègrent une équipe d’intrapreneurs au sein d’un groupe, ils se sentent différents et le montrent...
DES BOÎTES À IDÉES...
Face à un attentisme géné- ralisé, nombre de grands comptes se contentent donc d’une participation moins « impliquante » des équipes, via des concours internes ou des « boîtes à idées ». « Les collaborateurs peuvent alors exprimer les idées qui leur tiennent à cœur mais sans toutefois disposer des moyens pour les concrétiser jusqu’au bout », commente Frédéric Tavera. Les nou- velles technologies de com- munication (smartphone, ta- blette, visioconférence, etc.) pourraient-elles changer la donne en favorisant des dé- marches intrapreneuriales plus structurées ? « Oui, ré- pond Alain Bosetti, les outils online fluidifient davantage la communication et le par- tage de savoir au sein des grandes organisations. A terme, cela pourrait permet- tre l’émergence d’un intra-
neuriat attire et fidélise les tage, spécialisé dans le mon- un tel projet bouleversant « l’intraprise » s’émancipe profils créatifs, mais il tage de projets, car si cette les organisations exis- pour devenir, in fine, un
constitue surtout une réponse notion s’est
adaptée aux grandes entre- les discours, elle peine à se Tavera. Alain Bosetti nécessité, face à un tel risque, prises souvent peu adaptées concrétiser dans la pratique confirme : « Les freins sont de bien préparer un tel chan-
imposée dans tantes », analyse Frédéric concurrent ! C’est dire la
De l’externalisation à de petites entités autonomes, dotées de moyens financiers et matériels pour
fonctionner en roue libre
pour accueillir et faire gran- dir les innovateurs en leur sein », affirme Véronique Bouchard.
». Certes, moult poids lourds du CAC 40 – Michelin, Re- nault, Airbus, etc. – se sont inspirés à des degrés divers d’un tel modèle (en cassant les silos pour favoriser le mode projet, en lançant des spin-off...), mais ces pra-
multiples, comme la crainte d’allouer des ressources dé- diées à une activité qui ne sera pas de suite profitable, les rivalités possibles entre les équipes intégrées au pro- jet et celles qui n’en font pas partie... ». Sans oublier
tier, « en s’appuyant sur une DRH pragmatique, mobilisée pour valoriser le potentiel humain », indique Alain Bo- setti. C’est le cas des RH de Crédit Agricole SA qui in- vestiguent largement sur la question de l’intrapreneuriat.
CASSER LES SILOS
A l’heure où l’open innova- tion est sur toutes les lèvres,
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