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n°24
STRATÉGiE & iNNOVATiON NUMÉRiQUE Haute résolution - Outils de dématérialisation/mobilité
Une relation à distance s’entretient Le mariage entre technologie et management à distance ne s’est pas encore réalisé. Dommage.
A nnée 2019. Paré de son superbe py- jama à pois et chaussé de ses babouches en guise de chaussons, Julien T. s’apprête à entrer dans ses bureaux. Nous sommes un vendredi et Julien T. ne fait pas dans la dentelle en matière de « friday wear ». Normal. il travaille chez lui, réalise ses conf-call sans « visio » et grignote des su- creries sans vergogne... Comme à l’accoutumée, Ju- lien se plonge dans ses mails, confirme ses rendez-vous par Doodle le tout en jonglant avec son iphone 8 qui ne cesse de vibrer. Rien de bien différent au regard de ce qui se passait quelques années en arrière lorsque ce pro- fessionnel nomade optait pour le télétravail entre deux déplacements. Sauf peut-être une chose. Un robot, sorte de segway à tablette com- mence à biper. Le visage de son supérieur apparaît à l’écran, qui lui indique sur une barre de tâches l’humeur de son dirigeant et une to- do list hiérarchisée selon l’urgence. Julien enfile alors une chemise. La réunion peut commencer. Un scéna- rio un peu tiré par les che- veux me direz-vous. Pour- tant, ces technologies existent déjà. Mais comme toute in- novation, ces dernières pei- nent à se démocratiser dans le cadre du management à distance. L’occasion pour EcoRéseau de revenir sur la
fluencent nouvelles techno- logies et management vir- tuel.
d’une visioconférence, nous allons nous concentrer sur la tâche à accomplir sans connaître le contexte. C’est pourquoi je préconise de faire un tour de table pour capter
sera équipé d’un boîtier de télématique pour observer la conduite et rationaliser les déplacements... Fini l’époque où le commercial donnait rendez-vous à sa maîtresse
Pas de Wifi...Je suis fini...
tandis que les technologies progressent, les mœurs ma- nagériales stagnent. Frédéric Rey-Millet, cofondateur du cabinet EthiKonsulting com- plète : « L’enjeu qui prime, c’est celui des comportements qui doivent changer. En 2015, nous sommes à la dixième version de Windows alors que sur cette même période de développement, les tech- niques managériales n’ont pas tant évolué. » D’autant que la perception des habi- tudes numériques est contra- dictoire dès lors qu’il s’agit d’en différencier l’usage dans les sphères publique et privée. Si twitter, skyper, envoyer un mail ou snapchater créent du lien pour beaucoup d’entre nous, le numérique n’est pas synonyme de proximité au travail. « Nous expliquons aux entreprises que le pré- sentiel doit se réaliser sur des temps plus courts, en par- ticulier en matière de forma- tion, lorsque les dirigeants passent à une forme de ma- nagement très connectée voire 3.0 ; mais ces temps doivent être consacrés à un véritable échange, tout comme l’on doit de nouveau humaniser et revaloriser le manage- ment », explique isabelle Rey- Millet, cofondatrice d’Ethi- Konsulting. Dans cette op- tique, les nouvelles techno- logies concourent à fournir du contenu stratégique qui permettrait également de tra- vailler efficacement en dehors des échanges physiques. « A
de réfléchir à des applications pour smartphones qui consis- teraient en des formats vidéos de trois minutes sur un trajet pendulaire consultable pour préparer un rendez-vous », illustre Frédéric Rey-Millet. Une manière d’optimiser les temps de déplacement pour les nomades. Toutefois cette capacité à rentabiliser toujours plus sur des temps informels (déplacements, à domicile,...) doit en contrepartie être com- pensée par un présentiel plus lâche que dans les organisa- tions classiques. « Sociolo- giquement, nos organisations sont verticales et ne font pas confiance aux personnes si elles ne sont pas présentes sur leur lieu de travail. Dé- passer cette méfiance passe par l’exercice d’une autre forme de leadership où le manager est davantage un coach qui aura défini ce qu’est la performance et la valeur ajoutée du travail. Dans notre économie de services, il ne s’agit plus de rester un nombre d’heures pour produire, mais d’obtenir un résultat. Dans cette vision du management,
SIMULER LA PRÉSENCE RÉELLE
« La généralisation du travail à distance est un phénomène notoire depuis quelques an- nées. C’est une norme qui s’est développée dans un souci de productivité et de réduction des coûts. Des sociétés comme HP, basée à Grenoble, orga- nisent des équipes dont les managers ne voient jamais leurs collaborateurs », avance barthélémy Chollet, ensei- gnant-chercheur, spécialisé dans la gestion des équipes distribuées et virtuelles, à Grenoble École de Manage- ment (GEM). En contrepartie, bien évidemment, le mana- gement à distance et ses tech- nologies ont rendu accessibles des compétences parfois dif- ficiles à trouver dans les cou- loirs des mêmes bureaux. Tout est donc fait pour rendre les échanges fluides. Écrans et tableaux partagés entre les personnes connectées, salles de conférence interactives avec possibilité de switcher sur un contenu à la demande, etc. Une manière de com- penser la distance. Mais le distanciel n’est pas sans poser plusieurs limites. Premier piège qui se profile, celui d’une perte de certains réflexes adoptés naturellement en pré- sentiel mais qui ne sont pas du tout pris en compte lors d’un®e conférence télépho-
l’humeur de chacun. Il est
essentiel de s’assurer que
nous échangeons sur de l’in-
formel, de simuler au mieux
la présence réelle. » Dans
cette optique, la société Dou-
ble Robotics commercialise
depuis peu des robots dont le
contrôle se réalise à distance
avec ipad intégré, lequel re-
transmet le visage de la per-
sonne pour autoriser les ren-
contres fortuites même à dis-
tance. Fun ou flippant ? Les
solutions de travail à distance
amènent aussi les nomades
vers d’autres pratiques. Qui
ne connaît pas dans son en-
tourage un ami commercial
affublé récemment d’une ta-
blette pour faire du reporting,
afin de continuer à bosser sur
le CRM de son entreprise ?
De même que son véhicule la technique. Autrement dit, ce titre, nous sommes en train Geoffroy Framery
Dématique & Gouvernance
USAGES LIMITÉS ET LIMITES DES USAGES « Mais globalement, nous ne faisons qu’un usage limité des nouvelles technologies », continue l’enseignant de GEM. Vous l’aurez compris, le problème ne relève pas de
manière avec laquelle s’in- nique ou numérique. « Lors
La réponse à la sécurité de l’authentification
par
Qui n’a pas rêvé d’avoir un système d’authentification unique et fiable nous affranchissant des multiples mots de passe que nous sommes encore obligés de mémoriser, et, faut-il le rappeler, l’une des principales faiblesse en matière de sécurité ? La société canadienne bio- nym propose depuis quelques années un bracelet d’authentification basé sur le rythme cardiaque, baptisé Nymi. Ce bracelet est équipé de multiples capteurs qui mesurent en particulier le temps entre les battements du cœur, unique pour chaque individu.
il se substitue ainsi aux mots de passe pour déverrouiller l’accès à des termi- naux, des services en ligne, mais peut également servir à payer ou contrôler des interfaces gestuelles.
verrouiller son téléphone, ouvrir sa chambre d’hôtel et même personnaliser ses notifications (e-mail, messages, ré- seaux sociaux).
entre deux rendez-vous. Outre le tracking – la CNiL vient d’ailleurs de clarifier les usages en termes de géolo- calisation –, d’autres dérives existent. Le management à distance peut ainsi inclure du travail caché. « D’où les ré- flexions menées par les en- treprises pour notamment fer- mer les serveurs du vendredi soir au lundi matin », note Matthieu Poirot, fondateur de Midori Consulting.
le manager.
les leviers qui permettent d’at- teindre le résultat plutôt que de se focaliser sur une pré- sence », conclut Matthieu Poirot. En d’autres termes, le nomadisme d’affaires et les nouvelles technologies enterrent le management à la papa... RiP.
agira ainsi sur
Jean-Marc Rietsch
Salesforce Wear compte ainsi utiliser les bracelets Nymi pour accéder à des bâti- ments ou à des espaces publics tandis que Mastercard vient de lancer en juillet dernier l’authentification des paiements via ce bracelet. On peut d’ores et déjà penser à beaucoup d’autres applications autour de l’optimisation de tâches quo- tidiennes comme : ouvrir la porte de sa voiture par un mouvement de bras, dé-
Même si les études montrent qu'un sys- tème biométrique multimodal est plus efficace qu'un seul capteur biométrique on ne peut que rester admiratif devant cette technologie dont le seul défaut pour nous, Européens, est d’être biométrique et donc soumis à certaines contraintes lé- gales avant de pouvoir se généraliser. Quant à son prix, moins de 100 dollars, il est d’ores et déjà inférieur à bon nom- bre de certificats électroniques.
Expert international en dématique, président du Digital information institute ou D2i
68 OCTObRE 2015


































































































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