Page 79 - EcoRéseau n°18
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n°18
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L’Air du temps - Tendances horlogères chez les hommes arT DE VIVrE & PaTrIMOINE Etude d'un sujet de loisir ou d'évasion pour en déterminer ses tenants et ses aboutissants, son évolution, ses innovations
L'heure du choix
LMême si elle s'en défend, l'horlogerie masculine est, comme d'autres industries, confrontée à des phénomènes de mode.
’esthétique, mais « Les technologies actuelles concurrence naissante de aussi la technologie, nous permettent de réaliser nouveaux acteurs. « Les évoluent à vitesse des complications de grande marques de haute techno-
grand V dans ce domaine précision, comme des tour- logie comme Apple ou Sam-
qu’on pourrait croire au pre- mier abord figé dans le temps. « Depuis une décen- nie, la tendance constante est celle d’un diamètre tou- jours plus grand et d’une plus grande importance don- née à l’aspect technique avec des sophistications voire des complications, tels qu’un chronographe, une réserve de marche, un re- montage mécanique ou en- core de multiples fuseaux horaires », observe François Thiébaud, président de la marque Tissot, chez swatch Group. Les dernières années ont ainsi été caractérisées par une certaine exubérance dans les matières et les styles comme l’usage du caout- chouc associé à l’or chez Hublot, ou l’utilisation de la marqueterie de pétales de rose par Cartier par exemple, une augmentation de la taille des cadrans, une explosion des prix et du nombre de marques épousant ces nou- veaux codes (MB&F par exemple). « Le design mas- culin, sportif et très tech- nique de la marque Panerai a révolutionné les codes de l’horlogerie de luxe dans les années 2000, avec ses cadrans de 44mm », précise stéphane Belmont, directeur marketing & création, de Jaeger-LeCoultre.
billons capables de fonc- tionner quelle que soit la position de la montre, des calendriers perpétuels de l’épaisseur d’une pièce de monnaie, ou des modèles à répétition minute aux sono- rités multiples », décrit sté- phane Belmont.
sung peuvent récupérer les codes et les talents de l’hor- logerie de luxe, et proposer une richesse de fonctions que les marques de luxe sont loin de maîtriser, pré- voit Frédéric Godart. Des partenariats sont donc en- visageables dans ce sec- teur. »
Des innovations bien loin de survenir au goutte à goutte...
actuellement sur ses codes traditionnels en proposant des modèles plus durables, plus aptes à constituer un investissement », indique Frédéric Godart, professeur à l’Insead, spécialisé dans
de l’incroyable tourbillon floral de richard Mille. De fait, hormis quelques fabri- cants résolument classiques (Baume & Mercier Clas- sima, Piaget altiplano), de nombreuses marques jouent
de leur côté à une demande
en baisse (effondrement du
marché russe, ralentissement
en Chine, crise économique
durable en Europe, et dimi-
nution des revenus pétroliers
et donc de la demande
moyen-orientale) et à des la mode et le luxe. « La sur les deux tableaux, en
Pierre Havez
D’autres horlogers anticipent même une révolution liée aux objets connectés. « La Swatch Access a été la pre- mière montre connectée dans les années 1990. Elle per- mettait notamment de stocker des informations d’abonnements de ski, pour faciliter l’accès aux remon- tées mécaniques des stations, rappelle François Thiébaud. Un domaine dans lequel nos laboratoires de recherche continueront d’innover, comme pour la création, en 2005, d’un modèle connecté, en partenariat avec Micro- soft, permettant d’accéder à certaines informations en ligne comme les prévisions météorologiques, les résul- tats sportifs ou les informa- tions économiques. » Une volonté renforcée par la
Néanmoins, tous les fabri- cants n’emprunteront pas ce virage technologique. « Nous n’allons pas répéter les mêmes erreurs que celles que nous avons commises dans les années 60 avec le quartz, en oubliant que la valeur d’une montre ne ré- sidait pas seulement dans
sa précision, mais.
sa beauté et son esthétisme, avance stéphane Belmont. La durée de vie d’un objet connecté, comme pour un smartphone par exemple, n’est que de six mois, alors que la dimension de rêve d’une montre doit s’inscrire dans le temps. »
aussi dans
Nous ne répéterons pas l’erreur du quartz
Salon BaselWorld
UN RETOUR AUX SOURCES
Mais le marché tend au- jourd’hui à s’assagir. Une évolution dictée par de nou- velles conditions écono- miques. Depuis la crise de 2008-2009, les acheteurs privilégient en effet de nou- veau, par effet de réassu- rance, les matériaux nobles, les formes intemporelles et les fonctions de base dont la valeur est jugée plus pé- renne – voire certaines créa- tions à la dimension artis- tique indubitable. Confrontés
coûts de production plus élevés en raison de la hausse du franc suisse qui pénalise les fabricants helvétiques, les horlogers se sont donc lancés dans une course à l’innovation afin de main- tenir leurs parts de marché. Or, dans le monde feutré de l’horlogerie de luxe, l’in- novation consiste d’abord à réinterpréter des modèles passés et immuables, à l’image de la nouvelle re- verso de Jaeger-LeCoultre, dont l’original date des an- nées 30. « L’horlogerie mas- culine de luxe se recentre
majorité des acheteurs se tournent désormais vers des modèles discrets et extra- plats, qui reflètent le véri- table savoir-faire des hor- logers traditionnels, ajoute stéphane Belmont. Mais nous voyons également ap- paraître quelques nouvelles formes de boitiers, rectan- gulaires, tonneau ou coussin, par exemple. » L’esthétisme fait ainsi un retour remarqué dans les critères des acheteurs. Cer- taines marques misent donc sur la dimension artistique de leurs modèles, à l’image
faisant coexister une gamme recentrée sur les codes conventionnels et quelques modèles plus artistiques, à l’image de l’Excalibur Bro- céliande chez roger Dubuis, ou de la rendez-Vous Moon pour Jaeger-LeCoultre.
1500 marques exposent leurs nouvelles créations
Le salon mondial de l’horlogerie et de la bijouterie BaselWorld se tiendra du 19 au 26 mars prochain à Bâle, en Suisse. Un rendez-vous devenu incontournable depuis plusieurs années. « En 2006, Baselworld a enregistré un taux de fréquentation de 95000 visiteurs pour atteindre 150000 participants, venant de plus de 100 pays en 2014, pointe Sylvie Ritter, managing director Baselworld. Dans le même temps, nous avons privilégié la qualité en réduisant le nombre d’exposants, afin d’accroître leur surface d’exposition. » Cette année, quelque 1500 marques (contre 2000 marques en 2010) exposeront simultanément leurs dernières créations, alors que le rythme d’innovation de cet univers ne cesse de s’accélérer. « La technologie, tout comme nos goûts, a toujours évolué au fil du temps. Mais, les nouvelles tendances s’imposent aujourd’hui à un rythme effréné et les habitudes de consommation
changent continuellement », observe Sylvie Ritter.
LE VIRAGE
DES MONTRES CONNECTÉES
Les innovations les plus marquantes interviennent néanmoins plutôt sur le plan technique, ouvrant la voie à des mécanismes horlogers toujours plus complexes.
Mars 2015
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