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n°14
ART DE VIVRE & PATRIMOINE La Sélection culturelle
Expos
Librairie
n Le Teckel
Guy Farkas, alias Le Teckel, est visiteur médical, "une légende de la profession"
au look assez improbable ; "tout droit sorti d'un épisode de Derrick". Repré-
sentant des laboratoires Duprat, deuxième groupe pharmaceutique européen,
il est ici chargé de "vendre [un] nouveau produit [aux] professionnels médecins
" : le Marshall 2. Qu'importe que "les rumeurs autour de la dangerosité du
Marshall 1 commencent à être très menaçantes", le M2 est un "nouvel" anti-
douleur. Pourquoi continuer à parler du précédent ? Pour mener à bien sa mis-
sion, le Teckel – aux méthodes toutes personnelles - se voit associer un certain
Jérémy Labionda. Officieusement, le jeune homme est chargé d'espionner
son aîné, pour le moins fort en gueule. Une mission loin d'être de tout repos.
Suspens, cynisme, humour... Un détonnant mélange, parfaitement mis en scène.
"Le Teckel", Hervé Bourhis, co-édition Professeur Cyclope - Arte -Casterman
n La Banque T1 et T2 (1815-1848)
"La Banque" est une saga familiale : Charlotte et Christian de Saint-Hubert,
deux jeunes français d'origine noble, ont perdu leurs biens en fuyant la Révo- lution. Les voilà prêts à tout pour retrouver leur fortune. Vengeance, trahison, manipulation, soif de pouvoir... Les personnages sont sans scrupules. Et si ce diptyque nous entraine en plein XIXe siècle, les faits mis en scène ne sont pas sans faire échos au présent. À l'orée de la bataille de Waterloo, en 1815, les plus fortunés disposaient déjà d'informations leur permettant de - judicieusement - investir, et de s'enrichir. Délit d'initié ? Un premier cycle très bien documenté, et parfaitement illustré. Deux albums denses et rythmés. Passionnants. On en redemande.
"La Banque T1 et T2 (1815-1848)", Pierre Boisserie, Guillaume Philippe et Julien Maffre, Dargaud
n LE CHAT PASSE À TABLE : Une coffret à ne pas rater
Dans ce 19ème album, Geluck confirme qu’il est un magicien du gag. Un an et demi après avoir quitté la presse, il nous sort ici un album majeur constitué de plus de 280 gags inédits. Le Chat ne faiblit pas. Au contraire, il tape sur tout ce qui bouge, ne respecte rien et continue de débusquer les failles, les bassesses et les contradictions de l’être humain. Guerre, religion, handicap, maladie, injustice, rien n’échappe à ce félin féroce, capable de passer de l’humour potache à la haute philosophie en un frémissement de moustache. On ne lui en veut pas de parfois dépasser les bornes car il le fait avec intelligence et sait faire appel à la nôtre.
Et n’oublions pas la Gazette du chat : La Gazette du Chat est née sous forme nu- mérique en novembre 2012. Sa mission ? Nous tenir informés de la marche du monde et des avancées du Chat. Enfin, soyons honnêtes, surtout des avancées du Chat. Un huitième numéro géant de 8 pages sur papier est offert au lecteur du Chat passe à table.
D’ailleurs Philippe Geluck expose ses dessins, toiles, objets et statues dans des galeries d’art, comme à Paris chez Huberty-Breyne (91 rue Saint-Honoré - 75001 PARIS du 16 octobre au 29 novembre 2014)
SORTIE DU COFFRET le 8 OCTOBRE 2014 (22,4 x 30,5 cm), contenant deux albums à l’ita- lienne de 96 pages (couvertures cartonnées) et La Gazette du Chat (Journal de 8 pages formatA3) - ÉditionsCasterman-17,95€
éatre
n Théâtre d’objets. Petite Grande Guerre
A l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, venez découvrir une manière totalement inédite de représenter le conflit. Ici, pas de texte ni de comédiens. Sur scène, un décor miniature fait de clous rouillés, de sciure, de terreau et de brins de persil. Ici, un vaporisateur fait pleuvoir, un brûleur à gaz provoque des bombardements. Autant d’éléments mis en mouvement avec brio par les membres de la compagnie Hotel Modern, passée maître dans l’art du théâtre d’objet. Le tout pour une représentation plus vraie que nature de la vie dans la caserne, de l’angoisse dans les tranchées, de la violence sur la ligne de front. Mais le rendu ne s’arrête pas au plateau. Chaque mouvement est filmé par une mini-caméra digitale qui projette sur écran géant cette Grande Guerre miniature. Pour un résultat saisissant de réalisme. On voudrait se cacher derrière ce brin de persil. Se réfugier derrière cette boîte d’allumettes. La lecture de lettres de Poilus ac- compagne cette magie visuelle. Pour ajouter, s’il en était besoin, du réalisme et de la poésie à un spectacle inoubliable.
La Grande Guerre, compagnie Hotel Modern.
A la Comédie de Béthune du 2 au 4 octobre ; A la Rose des Vents de Villeneuve d’Ascq du 8 au 11 octobre ; A l’Espace Malraux de Chambéry du 15 au 17 octobre ; Au Théâtre de Bourg en Bresse les 21 et 22 octobre ; Au Maillon à Strasbourg du 5 au 7 novembre.
n CYCLO, un hommage aux cycles et au Vietnam
La première exposition personnelle de Mai Taba-
kian vaut incontestablement le déplacement outre-Quiévrain. Elle met l’accent sur la notion de cycle en tant que phase ou alternance de phases : le cycle des saisons tel que représenté dans l’ins- tallation « 36 vues », hommage à Hokusaï et sa série d’estampes du Mont Fuji ; le cycle de la re- production mis en scène de façon drôle et cruelle dans la sculpture-objet « Les petits soldats », jeu de solitaire exigeant forcément qu’à la fin de la par- tie il ne reste plus qu’un seul pion... ; le cycle de création dans le mur de briques colorées de l’ins- tallation « The Wall » qui mélange joyeusement
une abstraction géométrique épurée à des formes organiques beaucoup plus terriennes, dans ce perpétuel jeu entre attraction et répulsion propre au travail de Mai Tabakian. Et enfin, le cycle matérialisé par le cercle, représentation de l’infini, de l'unité et du multiple, du plein et de la per- fection, de l’absolu, à l’instar de la quête de la moitié perdue du mythe d’Aristophane illustrée par Les « Trophées », étranges moitiés de fruits sur le point de reformer un tout. Mais CYCLO, c’est aussi un clin d’œil au Viêtnam, celui des cyclos, transporteurs mythiques aujourd’hui en voie de disparition. Le Viêtnam dont l’influence se fait sentir dans les formes utilisées par l’artiste, celle notamment du « lingam », pierre dressée ouvertement phallique issue des croyances hin- douistes ; le Viêtnam qui nourrit une recherche plastique inédite où l’hybride et l’organique oc- cupent une place centrale.
Cyclo, au MH Gallery à Bruxelles, du 18 octobre au 22 novembre 2014 11, rue Léon Lepage 1000 Bruxelles - Belgique Tel+32(0)26112034/Mob+32(0)478848981 contact@mathildehatzenberger.eu / www.mathildehatzenberger.eu
90 OCTOBRE 2014
PROCHAIN NUMÉRO LE JEUDI 30 OCTOBRE 2014