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L’Air du temps - La chasse revisitée ART DE VIVRE & PATRIMOINE
loisir. C’est une philosophie de vie. Cela commence par se lever tôt, s’habiller, par- tir quand il fait -5°C, mar- cher 4 heures... Il faut le vouloir. Quelque part... cela se mérite. Cela passe par le filet de biche à 8h du matin, le bon vin... Le casse-croûte est important ! Et il y a cet échange entre les générations qui est for- midable. » Une émotion re- venue comme un boome- rang lors d’un récent jeu- concours qui permettait de gagner un permis de chasse. «J’aireçucemail:«Jene sais pas comment vous re- mercier. Je vais pouvoir aller chasser avec mon père... comme avant. » ». D’habi- tude on reçoit des remer- ciements mais là... Cela m’a beaucoup touché. »
fondé l’association il y a 15 ans afin de créer du dia- logue, de donner une autre image de la chasse en in- sistant sur le fait qu’il s’agit d’un univers très riche. C’est la nature qui nous rassemble, également le contact avec les chiens dont nous nous occupons. Nous mettons en place des ate- liers photos, d’autres de cuisine de gibier, nous dé- veloppons l’artistique au- tour de la chasse. » Facile d’être une chasseresse en 2014 ? Cette infirmière li- bérale n’esquive pas la ré- ponse : « Passer le permis de chasse reste le premier frein, avant le choix et le maniement de l’arme. Il faut l’avouer, il est encore diffi- cile pour une femme de dire qu’elle chasse, elle préfère le garder pour elle. » Jean-Sébastien Tavernier, officier général de l’armée de terre en retraite, désor- mais gérant de Polka Consulting, a emmené ses fils mais aussi sa fille ar- penter avec lui les terres bretonnes, à pas feutrés en suivant ses chiens de l’oreille. « Nous avons cha- cun notre manière de vivre la chasse, mais nous sommes tous dans la posi- tion du prédateur, et il y a la mort d’un animal à la
tériel de l’Unesco, comme la corrida. D’autant que cette activité humaine im- mémoriale fait partie inté-
tant que les écolos radi- caux. La chasse est-elle mo- derne?J’aidumalàle dire. Pourquoi aurait-elle
braye, dynamique proprié-
taire du château de Che-
verny, qui ne se lasse pas
du spectacle offert par les
départs de chasse à courre grante de la culture du bâti,
d’une grande modernité ? Olivier d’Ussel et ses 25 ans en sont convaincus : « Aujourd’hui, le temps est un bien précieux, plus en- core qu’il y 50 ans, car le monde va très vite. La chasse permet de s’arrêter, de se retrouver soi-même. Quand je reste deux heures au poste à la chasse au gros, j’ai –enfin – le temps de penser. » Charles-An- toine de Vibraye pose le débat autrement : « Ce qui est important, c’est le lien entre l’homme et la nature. Les chasseurs apportent au-
s ? La mo-
Nous sommes entre 3 et 4% de chasseresses
avec la centaine de chiens du domaine et les équipages devant le Château, va plus loin. « La vènerie est l’hé- ritage d’un mode de chasse qui pourrait avoir sa place dans le patrimoine imma-
à l’être d’ailleur. dernité n’est pas la clé du bonheur. En revanche, plus la technique progresse, plus nous assistons à un retour aux valeurs d’harmonie en- tre les gens autour de choses simples ». Saint-Hu- bert, patron des chasseurs, s’en félicitera...
de la peinture, de la sculp- ture... », avance celui qui se définit davantage comme un veneur que comme un chasseur.
La chasse, finalement, ne serait-elle pas une tradition
Olivier Remy
CHÂTEAUX
LANGOA & LEOVILLE BARTON
GRANDS CRUS CLASSÉS EN 1855 SAINT-JULIEN
www.leoville-barton.com
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
AU PATRIMOINE MONDIAL ?
Et les grands patrons de côtoyer sur les domaines, politiques, ténors du barreau mais aussi représentants de commerce, ouvriers agri- coles... sans oublier les femmes qui depuis quelques années revendiquent aussi leur présence sur le terrain et au milieu des battues, avec l’ambition de parler de la chasse autrement et de bousculer les vestes kaki
à cols de velours. « Nous sommes entre 3 et 4% de chasseresses, estime Mar- tine Pion, présidente et fon- datrice de l’Association na- tionale de la chasse au fé- minin (ANCF) qui compte 900 adhérentes réparties dans 30 départements. J’ai
fin. C’est peut-être là que le bon chasseur est aussi celui qui sait attendre le moment opportun, se rete- nir, faire preuve d’une forme de délicatesse parce que la chasse peut-être considérée comme un art. » Charles-Antoine de Vi-
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