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obtenir l’adhésion. Jérôme Cahuzac n’a pas su non plus véhiculer d’émotion, d’ail- leurs également coaché par une équipe proche de Sté- phane Fouks (Havas World- wide) », pointe Elodie Mielc- zaeck. Les leaders se pré- parent dans leur corps, leurs gestes, leur authenticité. Les éléments de vécu, les anec- dotes se révisent en amont. Mais cette touche d’émotion ne s’invente pas.
chauffeurs de salle, aux ap- plaudissements. Mais les décideurs qui en font trop ne sont pas épargnés, à l’exemple de Ségolène Royal
français des plus pessimistes et désenchantés à l’égard de ses élites. Un débat comme celui qui a opposé Jean-Marie Le Pen à Ber-
Grand Angle - L’Art de débattre .PANORAMA « spectacularisation ». Les « les formules toutes faites, tion », déplore Jeanne Bor-
gants de boxe distribués fe- sophistiques, ne font plus deau. L’annonce d’un retour raient encore sourire. Mais mouche. Qu’ont retenu les en force du fond sur la pour plaire les protagonistes gens du débat présidentiel ? forme dans les débats fu- ne devraient plus s’attaquer « Moi, Président » ? Seule- turs ?...
Les leaders se préparent dans leur corps, leurs gestes, leur authenticité. Eléments de vécu et anecdotes se révisent en amont. Mais la touche d’émotion ne s’invente pas
1 « L’expression gestuelle de la pensée d’un homme politique », de Geneviève Calbris, CNRS Editions, 2003
2 « Accélération. Une cri- tique sociale du temps », de Hartmut Rosa, éd. La Découverte, 2010
Julien Tarby
DÉBUT D’UNE NOUVELLE ÈRE
Les débats s’uniformisent dans leurs formats et leurs déroulements. Même en France ils ont évolué vers plus de talk shows à l’an- glo-saxonne pour Elodie Mielczareck : « place aux
et de son « one woman show » très préparé à l’amé- ricaine. Les Français, pa- radoxalement, ont envie de ce spectacle, tout en se mo- quant du côté américain ». Car la présence plus mar- quée du storytelling et des mises en scène ne satisfont pas pour autant un peuple
AVIS D’EXPERT
nard Tapie pourrait encore survenir entre deux fortes personnalités, parce que la « peoplisation » des déci- deurs s’accompagne d’une
sur leur physique. L’heure est grave, la crise est une réalité, et surtout la lassitude des débats entichés de cli- chés et stéréotypes guette :
ment une anaphore ? Rien n’a marqué les téléspecta- teurs, si ce n’est une petite figure de style soufflée par un conseil en communica-
Paul Bocuse Lyon, France
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events.lyon-france.com
© Kasia WANDYCZ/PARISMATCH
Jeanne Bordeau
fondatrice et directrice de l’institut de la qualité de l’expression, bureau de style en lan- gage, lexico-picturaliste qui raconte l’année en mots, écrits sur des tableaux exposés :
« La petite phrase choc ? Dans certaines conditions seulement »
Les politiques fatiguent les gens avec leurs phrases courtes percutantes. Un slogan fonctionne si la phrase est reliée à une pensée dans l’air du temps, si elle fait appel à un concept en vogue. Là seulement il irradie. Le « Yes we can » d’Obama a fait appel à tout un imaginaire américain : on m’a toujours dit que la différence entre les Etats-Unis et la France était qu’outre Atlantique on disait oui et en France non. Sur un autre registre les petites phrases de Jean-Jacques Goldman – « elle a fait un bébé toute seule » – ont parlé à l’imaginaire collectif des années 80. Les Français sont intelligents. Pas toujours cultivés, mais in- telligents. Il faut que les petites phrases chocs irradient la mentalité d’une culture, pas qu’elles soient utilisées comme des armes à l’emporte-pièce.
OCTOBRE 2014
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AGENCE CORRIDA.COM - PHOTO : S. DE BOURGIES - *ACCRO A LYON


































































































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