Les montres connectées sont à l’heure

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La smart watch, qui émerge avec l’arrivée d’Apple et des grands noms de l’horlogerie suisse, ne semble pas être un gadget de plus…

« Ma femme est censée être en voyage pro au Japon… Qu’est-ce que cela peut bien signifier ?... »
« Ma femme est censée être en voyage pro au Japon… Qu’est-ce que cela peut bien signifier ?… »

Les différents cabinets d’études ne donnent pas tous exactement le même chiffre, mais l’ordre de grandeur reste le même : il devrait se vendre dans le monde en 2015 plus de 25 millions de montres connectées, contre 4 millions l’année précédente. Avec de tels chiffres, les smartwatches sortent du domaine du gadget technophile et commencent à avoir un impact sensible sur différents secteurs d’activités. Les deux premiers sont ceux qui ont engendré l’objet : les terminaux mobiles (téléphones et tablettes) et l’horlogerie traditionnelle. Les premiers vont devoir faire avec un troisième écran, ce qui créé potentiellement une problématique de choix, mais ils ne sont pas menacés à moyen terme, compte tenu de la relation pour l’instant symbiotique entre la montre et un autre terminal. Le problème de l’horlogerie traditionnelle est plus épineux et plus urgent. « À l’exception du très haut de gamme, de près ou de loin, l’arrivée de la montre connectée va avoir un impact sur toutes les marques », prédit Pascal Koenig, fondateur de Smartwatch Group, un think tank suisse. Car les montres connectées ne sont pas des concurrents classiques : les arguments habituels (style, personnalité…) ne sont plus nécessairement décisifs comparés aux fonctionnalités. Du coup, les acteurs du secteur se sont lancés – ou sont en train. Tag Heuer, un des leaders du marché, va ainsi sortir à la fin de l’année sa première montre connectée, élaborée avec Google et Intel. Si le prix (1 400 euros) est connu, les fonctionnalités n’ont pas encore été dévoilées. Swatch, également, a annoncé son propre modèle. Et la liste continue… Mais la montre connectée va également avoir un impact sur d’autres secteurs que ses géniteurs. On peut les diviser en deux types : ceux qui utiliseront en majorité les données ayant trait au physique (nombre de pas, fréquence cardiaque…) récoltées par la montre et ceux qui utiliseront en majorité les données numériques (applications, fonctionnalités).

 

Les data, toujours les data

L’un des secteurs les plus prometteurs et les plus évoqués est la santé. On a une assez bonne idée de l’impact potentiel des montres grâce à l’existence, depuis quelques années, des bracelets connectés. La présence de capteurs permet de mesurer nombre de données médicales : le rythme cardiaque, les cycles de sommeil… Et bientôt, la tension sanguine, le niveau de glucose dans le sang, la température, etc. Cette surveillance continue permettra de développer des traitements plus préventifs, plus spécifiques à la personne – ce qui est en soi une révolution – et la montre pourra jouer un rôle actif dans les thérapies : contrôle de la prise de médicaments, voire administration des traitements, lancement d’alertes sous certaines conditions… Le développement des applications prendra plusieurs années, mais les montres connectées devraient devenir des outils précieux dans l’univers de la santé. Du coup, le secteur de l’assurance sera lui aussi impacté. L’un des développements des plus intéressants sera l’arrivée d’applications qui exploiteront les données récoltées pour aider l’assureur à guider le parcours de santé et à l’optimiser. Mais « il reste un obstacle de taille à franchir, d’ordre légal : savoir qui est propriétaire des données, où elles sont stockées et comment exactement elles sont exploitée, explique Daniel Matte, analyste spécialiste des wearable technologies au sain du cabinet d’étude Canalys. Cela freine notamment les assureurs américains. »

Les derniers secteurs à être affectés par la récolte de données physiques sont le sport et le fitness – de façon moins drastique, les bracelets connectés ayant déjà commencé le travail. Mais les smartwatches sont plus polyvalentes que les bracelets, et peuvent proposer des applications plus complexes. Par exemple, Garmin, un pionner du GPS qui se tourne vers les produits connectés destinés au sport, produit des modèles adaptés à des niches très spécifiques : les golfeurs (la montre donne des informations sur le trou, les distances, etc.), les nageurs, les cyclistes… Un positionnement qui rencontre plutôt le succès.

 

Killer app’ en approche

En fait, sur le long terme, presque tous les secteurs peuvent être impactés par les montres connectées. « Elles prendront un certain temps pour impacter le monde de l’entreprise, tout simplement parce qu’on ne sait pas encore quelle est l’utilité de l’objet dans ce contexte », estime Iain Tomkinson, pdg d’ASM Technologies, spécialiste londonien de l’IT. Mais il suffit que survienne la bonne application, comme cela se produit régulièrement sur les smartphones. Celle-ci ne pourra pas être un simple portage de quelque chose déjà présent sur les autres terminaux mobiles, ce qui est pour l’instant le cas de l’immense majorité de l’offre : d’une façon ou d’une autre, elle devra être spécifique à la montre et à ses capacités. Même si pour l’instant certains doutes subsistent quant au potentiel de l’objet, celui-ci présente suffisamment de différences avec les tablettes et les téléphones mobiles pour pouvoir évoluer en quelque chose d’unique. Ce qui pourrait survenir plus vite qu’on ne le pense : Tim Cook, pdg d’Apple, a annoncé le 8 juin dernier que des applications pourraient vite tourner de façon indépendante sur sa montre.

Par exemple, la sécurité informatique dispose d’un nouvel outil pour mettre en place des authentifications fortes, ainsi que d’une multitude de données biométriques. Il n’est pas impossible d’imaginer que dans quelques années, on pourra signer des contrats et s’identifier en posant son pouce sur l’écran de sa montre ; cela sera également valable pour les transactions. « De façon générale, les métiers manuels – de l’ouvrier aux professions médicales – gagneront en confort et en connectivité avec une montre, que l’on peut consulter avec un minimum de mouvements », analyse Jan Dawson, fondateur du cabinet d’analyse Jackdaw Research. Le secteur du retail sera d’ailleurs également affecté par l’arrivée des montres connectées, même si cela ne demandera pas forcément beaucoup de nouveaux investissements (à condition d’être déjà passé au paiement sans contact). Réduire le temps de passage en caisse reste une des problématiques principales du secteur, et les quelques secondes supplémentaires gagnées à ne pas sortir le portefeuille ou le téléphone seront recherchées.

 

Jean-Marie Benoist

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