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Dans ce ciel noirci par les mastodontes comme Apple, Amazon ou Google, un cloud de confiance 100 % français a-t-il une chance de voir le jour ?
Voilà un secteur en expansion. Les systèmes de cloud se multiplient depuis une dizaine d’années. Au départ, seules les grandes entreprises y trouvaient un intérêt. Du stockage à moindre coût et la réduction de budget IT ! Puis – comme toutes les bonnes idées – la pratique s’est démocratisée jusqu’aux particuliers. Aujourd’hui, de plus en plus rares sont les irréductibles qui résistent à cette technologie.
Sur le marché du cloud en France, Amazon Web Services domine largement. Avec 46 % de parts de marché, le système infonuagique du géant distributeur surplombe Microsoft et Google. Respectivement à 17 et 8 %. Derrière les Gafam, certaines entreprises de la tech française essaient de se frayer un chemin. Ambition irraisonnée ? Pas tellement. Les sociétés qui tentent l’aventure d’un cloud à la française, comme OVH, proposent un positionnement différent. Et ça plaît !
Prenons l’exemple de Leviia, l’un des acteurs du cloud souverain qui promet un nuage fiable. Les données d’utilisateurs sont stockées en France et y restent. Le système de protection – à chiffrement militaire – est pensé pour éviter tout risque de fuite. Écologique ? Il l’est aussi. L’entreprise compense à 200 % l’émission de carbone liée au stockage des données. Voilà les avantages concurrentiels qui permettent à cet acteur du numérique français de trouver une clientèle. Encourageant. Mais pas suffisant pour espérer être considéré comme un cloud de « confiance » par l’État et ainsi devenir la référence pour les institutions publiques…
Numspot, le petit nouveau
Dassault Systèmes, La Poste et Bouygues Telecom se lancent à trois dans la création d’un cloud 100 % français qui devrait voir le jour courant 2023. Le système sera prioritairement proposé aux acteurs économiques et institutionnels, avant, peut-être, de s’ouvrir au plus grand nombre. Plusieurs objectifs sont à venir pour ce projet baptisé Numspot.
Le premier sera de concurrencer les autres offres de cloud d’entreprises françaises. Celles qui se sont alliées à des groupes américains. Une bataille de souveraineté, presque une « chasse aux traitres ». Ainsi on retrouve dans le collimateur de Numspot les projets « Bleu » et « S3NS », initiatives des sociétés Thalès, Orange, Capgemini… en partenariat avec Google et Microsoft.
Le deuxième sera de faire mentir Guillaume Poupard, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) qui a déclaré en début de mois : « Les acteurs français du numérique ne sont pas capables de développer un cloud de haut niveau avec des technologies exclusivement nationales. » Pour ce faire, la coalition va s’appuyer sur la technologie de Docaposte. Une filiale de La Poste qui stocke et crypte les données. Le PDG de l’entreprise, Olivier Valet, estime que « l’expertise de Docaposte dans les domaines de la confiance numérique contribuera à la réussite de Numspot ». Alors, à travers tous ces nuages, voit-on enfin la lueur d’un cloud de confiance 100 % français ? Pour l’heure, seuls OVH, Cloud Temple, Outscale (filiale de Dassault Systèmes) et Worldline Cloud ont obtenu le précieux sésame de l’Anssi… bien trop maigre.