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Elles ressemblent à une carte de crédit classique. Elles acquittent des paiements de toute nature. Mais le compte qui les alimente est libellé en bitcoins, ethereums, tether et autres monnaies cryptées. Quoi, ces fausses devises spéculatives dont le cours grimpe et chute ? Celles-là mêmes. Celles qui entrent dans la rémunération de Messi. Allons, il doit bien exister des avantages – au-delà du snobisme – à s’encarter en crypto !

Il est vrai qu’a priori, la monnaie ancrée à une blockchain sent le soufre. Les économistes patentés vous ont assez mis en garde. Difficile d’envisager de réaliser les paiements de ses commandes libellées dans une monnaie telle que le bitcoin dont la valeur risque de varier fortement d’un jour à l’autre à la faveur d’un tweet d’Elon Musk. Et les histoires de gains comme des pertes colossaux relayées à l’envi donnent l’impression que, décidément, ce marché serait bien trop instable pour qu’une entreprise puisse s’y aventurer.

En réalité, il semblerait plutôt que la période de prime jeunesse des cryptos soit en train de s’achever : un peu partout, les régulateurs ont commencé à s’immiscer dans cet univers. Les États-Unis ont été prompts à vouloir placer un cadre juridique autour des transactions en cryptomonnaies. L’Europe a suivi. Puis l’apparition des stablecoins tels que l’USDT ou le BUSD a dressé une passerelle entre l’univers des cryptos et le monde réel. À ce stade de l’exposé, des rappels s’imposent.

Stablecoins, USDT, BUSD

Son nom en dit long, une monnaie stable dans le secteur des cryptomonnaies coche la case indispensable : en finir avec la forte volatilité des cours (même si le bitcoin, la plus valorisée, a tendance à limiter ses variations). Les stablecoins obéissent à un principe simple. Supposons un bitcoin à 6 000 dollars. Vous échangez 1 bitcoin contre du stablecoin adossé au dollar : vous obtenez 6 000 unités de ce stablecoin. Si le bitcoin fluctue à la baisse, votre stablecoin vaut toujours 6 000. Mais toujours 6 000 dollars si le bitcoin prend de la valeur. La règle : 1 USDT (USD pour dollar américain) = 1 $ où le « T » de l’USDT est le tether (ex-realcoin), devise « inventée » par Tether Limited. Et donc, quoi qu’il arrive, vos avoirs en USDT seront toujours équivalents à un certain montant en dollars1. Idem avec le BUSD (« B » pour Binance, le créateur).

Comme un grand nombre des mécanismes de la crypto, notamment celui de la blockchain qui rend une transaction infalsifiable, ont gagné droit de cité, les cryptos stables s’inscrivent désormais dans le paysage sans nécessairement lever des boucliers. Un grand nombre de banques, notamment Bank of America, ont décidé d’adopter la monnaie XRP de Ripple pour gérer une partie de leurs compensations interbancaires. Et de nombreuses banques centrales planchent sur des MDBC (Monnaies digitales de banque centrale). Nous pourrions dès lors compter en Europe sur une monnaie numérique qui bénéficierait des atouts de la blockchain.

Les cryptocartes adaptées par Visa et Mastercard

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il existe des cryptocartes analogues aux cartes de crédit usuelles… Visuellement, une « cryptocarte » est similaire à une carte de crédit habituelle. La différence, c’est que le compte d’une cryptocarte est approvisionné en ethereum, bitcoin, BNB, CRO, SOL et autres avatars. Souvent de belle allure, une cryptocarte sera acceptée dans presque tous les points de vente du monde. Elle autorise des retraits d’euros depuis n’importe quel distributeur, que vous soyez en France, à New York, à Singapour, ailleurs. Il se trouve simplement que lorsqu’un paiement est passé, la plate-forme qui gère la cryptocarte opère une conversion à la volée : ethereum/euro, BNB/euro…

Point essentiel : ces cryptocartes sont soutenues par Visa ou Mastercard, les deux firmes leaders dans les systèmes de paiement engagées dans la transformation numérique des services financiers. D’ailleurs, selon Visa, les dépenses passées en cryptocartes qu’elle soutient ont atteint le milliard de dollars au cours du 1er semestre 2021.
Questions : quels avantages peut-on tirer à attribuer à ses cadres des cryptocartes pour leurs frais et leurs paiements au nom de l’entreprise ? Le risque existe-t-il de voir ses avoirs fondre comme neige au soleil ?

Comment fonctionnent les cryptocartes ?

Prenons un exemple concret. Imaginons qu’un directeur des achats paie l’un de ses fournisseurs avec une cryptocarte fournie par Crypto.com. Posons, pour faire simple, que l’achat équivaut à 10 000 euros. Lorsque la carte est introduite dans un terminal de paiement classique, un débit de 3 ETH (ethereum) est affecté au compte détenu chez Crypto.com (ce montant en ethereum correspond plus ou moins à 10 000 euros en septembre 2021).
De son côté, Crypto.com, convertit ce montant de 3 ETH en 10 000 euros qui sont versés au fournisseur en passant par un traitement cryptographique.
Rien de plus compliqué.

Dans un même ordre d’idées, le même directeur des ventes pourrait introduire sa carte Crypto.com dans un DAB et retirer des euros ou consulter son solde. Ou assurer des paiements sur mobile (Apple Pay, Google Pay), avec la même cryptocarte.
Bien évidemment, au préalable, il a fallu ouvrir un compte chez Crypto.com et y déposer des euros qui ont été convertis en cryptomonnaie – ce qui est de plus en plus simple de nos jours. À l’instar d’un établissement bancaire, Crypto.com aura demandé plusieurs éléments à même d’authentifier l’identité de l’intéressé. La nuance, c’est que Crypto.com demande d’approvisionner le compte avec une monnaie telle que l’ETH (ethereum) ou le CRO (sa propre cryptomonnaie).

Cashback et autres avantages

Mais quel est l’intérêt d’une « cryptocarte » par rapport à une carte classique ? Ils sont nombreux.
Le premier atout d’une cryptocarte : des frais de gestion notablement réduits. La carte coûte bien moins cher à l’année que sa comparse classique. De plus, les limites de dépenses sont habituellement élevées.
Second avantage : les cryptocartes sont parfois assorties de bonus ou récompense, notamment du cashback sur les achats. Chez Crypto.com comme chez Binance, ce cashback peut atteindre 8 % si l’on est prêt à « immobiliser » (conserver) un certain montant sur son compte. Ce cashback est reversé en cryptomonnaie et contribue donc à faire grossir le portefeuille détenu à chaque achat. C’est le cas, par exemple, chez Binance qui récompense son client positif en BNB (la monnaie de Binance).
Troisième atout : la fiabilité des transactions se révèle très élevée puisque la technologie sous-jacente aux cryptomonnaies (la fameuse blockchain qui assure une trace immuable de chaque transaction) est par nature extrêmement sécurisée.
Quatrième argument : la cryptomonnaie stockée dans le portefeuille va très probablement prendre de la valeur. Un exemple : à l’automne 2020, 1 ETH valait environ 330 euros. Un an plus tard, en dépit de divers soubresauts, il vaut aux alentours de 3 250 euros. Donc, sur le long terme au moins, un portefeuille en cryptos devrait acheter de plus en plus de biens.

Les cryptocartes présentent d’autres atouts. En premier lieu, elles obligent à une certaine éthique de gestion des fonds. Eh oui… Il est bon de savoir que le crédit n’existe pas dans l’univers des cryptos. En d’autres termes, il ne sera pas possible d’acheter un service donné si l’on ne dispose pas de la somme correspondante sur son compte.
Il existe un point à bien gérer : le fisc a décidé, depuis 2018, de taxer les revenus des cryptomonnaies. Utiliser une cryptocarte pourrait dans certaines situations obliger à déclarer des plus-values. Explication : chaque fois qu’un paiement est passé avec une cryptocarte, il en résulte la vente d’un crypto-actif. Par exemple, des BNB sont convertis en euros. Si cette monnaie a pris de la valeur entre-temps, il se peut que l’acheteur réalise, sans le savoir, une plus-value importante, à déclarer à l’administration fiscale. Pour information, le taux d’imposition est fixé à un forfait de 30 % qui englobe 12,8 % d’impôt et des prélèvements sociaux de 17,2 %. Si les plus-values entre l’achat et la revente réalisées dans l’année ne dépassent pas 305 euros, ce montant fait l’objet d’une exonération. Une des façons d’éviter cette imposition serait de posséder un portefeuille constitué uniquement de stablecoins puisque le cours de ces monnaies ne varie pas.

Et les risques ?

Il règle autour des cryptomonnaies un relent de suspicion, parfaitement fondé. Certains usagers se font régulièrement arnaquer, attirés un peu trop vite par des miroirs aux alouettes. Mais il suffit de choisir des sites sûrs, tels que Crypto.com et Binance, pour échapper au risque. Ces plates-formes se révèlent désormais parfaitement fiables quand les « douteuses » disparaissent peu à peu, au fil des sélections. Dans le même temps, bitcoin, ethereum, BNB ou cardano ont largement fait la preuve de leur solidité sur le long terme. Une certitude : cryptomonnaies et instruments de paiement n’échapperont plus à la conversion dollar/euro et autres devises stables. Elles préfigurent peut-être une autre approche des monnaies du futur. Soyons prêt·es. Daniel Ichbiah, auteur, avec Jean-Martial Lefranc, de Bitcoin et cryptomonnaies pour les nuls.

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