Ouïghours en Chine : le Parlement européen parle pour la première fois de « risque sérieux de génocide »

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Jeudi 9 juin, Strasbourg a voté pour établir deux nouvelles résolutions autour des Ouïghours et de la violation de leurs droits dans le Xinjiang.

Les eurodéputés emploient très rarement le terme de « génocide » dans l’un de leurs textes. Mais comment qualifier autrement ce qui est en train de se dérouler dans la région autonome du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine ? Là où vivent plus de 12 millions de Ouïghours, peuple majoritairement musulman.

Des sanctions contre les ministres chinois

La fuite le 24 mai des « Xinjiang Police Files », documents piratés provenant des serveurs informatiques de la police, constitue la principale raison qui a poussé le Parlement européen à agir. Parmi ces fichiers, deux discours ont retenu leur attention. Le premier, prononcé le 15 juin 2018 par l’actuel ministre de la Sécurité publique Zhao Kezhi, annonçait aux forces de police locales vouloir combattre les « plus de deux millions de personnes gravement influencées par l’infiltration de la pensée religieuse extrémiste ». Pour lui, la « pensée religieuse extrémiste » n’est autre que la pratique, même modérée, de l’islam : appeler son enfant Mohammed ou se saluer en disant « salaam aleikoum ».

Le deuxième discours est celui de Chen Quanguo, membre du bureau politique du parti communiste chinois. Il disait en 2016 avoir été envoyé en mission par le président Xi Jinping pour organiser l’internement et le déplacement massif de centaines de milliers de citoyen·nes. Toujours en exercice, ce sont ces hommes et tous les autres identifiés par les « Xinjiang Police Files » que les eurodéputés veulent punir, en demandant « instamment aux États membres et à la vice-présidente de la Commission et à la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité d’adopter rapidement des sanctions supplémentaires à leur encontre ».

Vers la fin du travail forcé en Europe

Une deuxième résolution, similaire au « Uyghur Forced Labor Prevention Act » adoptée par les États-Unis, demande d’interdire sur le territoire européen les « produits issus du travail forcé provenant d’un site de production particulier, un importateur ou une entreprise particulière, ceux d’une région particulière dans le cas du travail forcé soutenu par l’État ». Avec cette réforme en place, pour qu’un produit du Xinjiang puisse entrer en Europe, il faudrait que l’importateur démontre qu’à chaque étape de sa production, aucun travail forcé n’a été employé. Le passage à l’acte sur ces deux résolutions par la Commission européenne est prévu pour la rentrée en septembre.

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