Otan

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Le sommet de l’Otan s’ouvre ce 11 juillet, à Vilnius, en Lituanie. L’adhésion de la Suède, pour l’heure bloquée par la Turquie, sera au centre des négociations.

La France a une histoire particulière avec l’Otan. Le Général de Gaulle décida notamment, en 1966, de notre sortie du commandement intégré de l’organisation. Nicolas Sarkozy nous y réintégra en 2009.

L’Alliance atlantique fut instituée en 1949. Le Pacte de Varsovie, qui rassemble les nations de l’Est communiste, lui répondit en 1955. Si cette seconde institution fut démantelée après la chute de l’Union soviétique ; l’Otan est restée longtemps sans but, du moins apparemment… Emmanuel Macron la qualifia faussement d’institution « en état de mort cérébrale » lors d’un entretien donné à The Economist, en 2019. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Otan jouit d’un rôle assez central. La Finlande, jadis neutre, vient d’y adhérer.

Suède, Ukraine… Ces nations qui frappent à la porte

La Suède voudrait suivre, mais elle subit pour l’heure le veto turc. Erdogan fait monter les enchères. Deuxième armée de l’alliance, la Turquie entend montrer sa liberté de ton, par rapport à Washington. Et affaiblir le gouvernement de Stockholm, auquel le pouvoir turc reproche notamment d’accueillir sur son sol des réfugiés kurdes qu’il considère comme des « terroristes ».

Autre sujet majeur : la potentielle adhésion de l’Ukraine à l’organisation. Au contraire de la Finlande et de la Suède, les pays européens sont beaucoup plus réticents. Une telle perspective reviendrait à souffler sur les braises.

Même Joe Biden vient de fermer le ban. Juste avant de décoller pour l’Europe, le président démocrate a indiqué à CNN : « Je ne pense pas qu’elle soit prête à faire partie de l’Otan. Je ne pense pas qu’on ait une unanimité dans l’Otan pour faire entrer ou non l’Ukraine […] au beau milieu d’une guerre […] Nous serions en guerre contre la Russie, si c’était le cas ».

L’octogénaire en campagne oublie de dire que si Kiev ne fait pas formellement partie de l’Otan, elle en fait presque partie ipso facto, puisque tous ses membres, y compris la Turquie, lui livrent des armes. Autre preuve : la présence de Zelensky au sommet et la traduction de chaque discours en langue ukrainienne, reconnue au même titre que l’anglais ou le français !

L’impossible indépendance stratégique européenne

De manière plus anecdotique, les 31 membres de l’Otan décideront à Vilnius de prolonger d’un an le mandat de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’alliance. Le Norvégien rempile pour laisser du temps, puisqu’aucun successeur crédible ne s’est dégagé. La cheffe du gouvernement danois, Mette Frederiksen, est sur les rangs au même titre qu’Ursula von der Leyen.

Le fait que la présidente de la Commission européenne ait quasiment fait acte de candidature à un tel poste vient enterrer le projet d’autonomie stratégique européenne porté par Emmanuel Macron et largement rejeté ailleurs en Europe…

En dehors de la France, la plupart des pays d’Europe se satisfont très bien du parapluie militaire américain, Allemagne et pays de l’Est en tête. Pourtant, cette situation pourrait être remise en cause dès l’an prochain. Si Joe Biden venait à perdre les présidentielles, au profit par exemple de Donald Trump, les États-Unis engageraient sans doute un retrait de leur présence en Europe.

Un colosse aux pieds d’argile

L’inénarrable Jacques Attali, dans un récent billet publié sur son blog « Sonner le Tocsin » – tout un programme – se lance dans un récit de science-fiction. « Si, dans un an, le prochain président américain décidait de retirer ses troupes d’Europe, (ce qu’aurait fait Donald Trump), les troupes russes seront vite, et sans coup férir, aux frontières de la Roumanie, de la Tchéquie, de la Slovaquie et peut-être même de l’Autriche. » Qui peut croire un seul instant que la Russie ait la volonté et les moyens d’une telle politique ?

OtanSelon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) les dépenses militaires états-uniennes s’élevaient en 2020 à 682 milliards de dollars. Contre 54,1 milliards pour la Russie et 46,2 milliards pour la France…

L’Otan, colosse aux pieds d’argile, est donc une organisation internationale qui dépend très fortement de la situation intérieure d’un seul pays, les États-Unis, qui jouent le rôle de pivot incontournable. Notons d’ailleurs l’étonnante procédure juridique à suivre pour un pays qui souhaiterait sortir de l’Otan.

La mainmise américaine

L’article 13 du traité indique que tout pays qui souhaite quitter l’organisation doit envoyer aux États-Unis un « avis de dénonciation », que ceux-ci transmettraient ensuite aux autres pays de l’Alliance, le retrait étant effectif après une période d’un an. En bref, pour sortir de l’Otan, il convient d’envoyer un courrier à la Maison-Blanche. Il n’est donc pas nécessaire d’informer les 29 autres membres… Étrange organisation internationale où une nation s’arroge une espèce de droit supérieur à toutes les autres. Symbolique, certes, mais cela dit tout.

Rappelons au passage que certains partis en France rêvent de prendre leurs distances avec l’Otan. Debout la France et Reconquête! prévoient la sortie du commandement intégré. Marine Le Pen assure vouloir faire de même, mais veut toutefois attendre la fin des hostilités en Ukraine. La France insoumise, le PCF ou encore l’UPR de François Asselineau prônent, eux, une sortie immédiate et complète. Renaissance, Horizons, le MoDem, EELV, le PS ou LR veulent enfin s’en tenir au statu quo. Un choix particulièrement étonnant pour LR (prétendument gaulliste) et EELV (prétendument pacifiste).

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