Olaf Scholz

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Le social-démocrate peut-il marquer durablement la politique allemande en dépit d’un caractère rentré et assez mystérieux ?

Un an après sa prise de fonction, le chancelier allemand peine à convaincre. Seulement 6 % des Allemands approuvent sa communication. L’Allemagne semble errer sans direction claire.

François Mitterrand disait : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. » En poussant le principe à l’extrême, Olaf Scholz finit par provoquer la méfiance générale. Personne ne sait vraiment ce que pense ce grand taiseux qui a fait du silence une technique politique. Depuis son arrivée à la tête du gouvernement allemand, il doit conduire une étrange coalition qui regroupe les sociaux-démocrates, les verts et les libéraux.

Tout cela tire à hue et à dia. Chaque acteur est à contre-emploi. Les sociaux-démocrates, traditionnellement pacifistes, doivent soutenir la guerre d’Ukraine. Les écologistes, en raison de l’arrêt du nucléaire, doivent organiser le retour du charbon. Les libéraux, gardiens de l’orthodoxie financière, appartiennent au gouvernement le plus dépensier de l’histoire récente.

Il faudrait un vrai chef pour conduire ce mariage à trois. Mais Olaf Scholz ne pipe pas mot et se laisse fréquemment dépasser par ses ministres – surtout les écologistes – qui mènent le tempo. Résultat : les sondages sont mauvais et les conservateurs de la CDU, héritiers d’Angela Merkel, sont favoris pour reprendre le pouvoir aux prochaines élections.

Style peu diplomate

Sur la scène européenne, Olaf Scholz ne s’embarrasse pas des précautions. Lorsqu’il prononce son « discours de Prague », son vade-mecum européen, il ne cite pas la France. Lorsqu’il s’envole pour Pékin, afin de négocier avec Xi Jinping, il ne prévient pas la France. Tandis qu’Emmanuel Macron se bat naïvement pour une « Europe de la Défense », Olaf Scholz prévoit de se doter d’un bouclier anti-missile, sans consulter la France. La méfiance entre les deux pays, censés incarner « un couple » est plus forte que jamais. Le Conseil des ministres franco-allemand de Fontainebleau, prévu le 26 octobre, a été annulé et reporté aux calendes grecques.

L’Allemagne s’agite mais fait du surplace. La guerre en Ukraine est venue saper l’idée qu’elle se faisait du monde – un bouleversement stratégique dont elle ne se remet pas. Berlin croyait sa puissance économique insubmersible, mais n’a pas vu que celle-ci reposait toute entière sur une énergie bon marché… fournie par Moscou. Le « changement d’époque » prôné par Scholz, devant le Bundestag, aux lendemains du conflit, doit se traduire par un investissement militaire spectaculaire. Scholz veut faire de l’Allemagne la première puissance militaire du continent. Mauvais signe.

Un homme austère retranché dans sa tour d’ivoire

L’ancien bourgmestre d’Hambourg a bien le caractère de sa région natale. C’est un luthérien frugal, aussi chaleureux que peut l’être le vent de la Baltique. Il compte d’ailleurs faire entrer un armateur chinois dans le capital du port stratégique de sa ville. Autre crispation européenne… Ses collaborateurs le décrivent comme un homme isolé, qui aime à prendre ses décisions seul, sans consulter. Le contraire d’une Angela Merkel toute acquise à l’esprit de concertation. Enfermé dans la « machine à laver », le nom du bâtiment berlinois qui abrite la Chancellerie, celui que l’on surnomme parfois « tête de poisson » instaure un style de gouvernance basé sur le non-dit.

Tout juste communique-t-il avec ses compatriotes par le biais de « Chancelier Compact » son podcast hebdomadaire – assez rasoir. Il y a aussi sa récente tribune dans Foreign Affairs, une revue très atlantiste. Il s’y livre à un exercice d’autosatisfaction plein de morgue. Son arrogance n’est pas un mystère : lorsqu’il juge un interlocuteur pas assez au niveau, ce « Juppé allemand » peut lui lancer, froid comme tout : « Si vous aviez lu mon livre, vous le sauriez ». Pince-sans-rire, il promène partout sa vieille sacoche en cuir, avec sur le visage un éternel air pincé. Beaucoup plus extraverti, le patron de la Bavière, le conservateur Markus Söder, lui a récemment demandé « d’arrêter de grimacer comme un Schtroumpf ».

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