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Les élections de mi-mandat offrent une très courte victoire aux républicains, qui retrouvent une majorité à la Chambre des Représentants.

Joe Biden n’aura plus les coudées franches dans la deuxième moitié de son mandat. Le presque octogénaire prépare désormais le prochain scrutin présidentiel…

Étrange fascination française pour la démocratie américaine. La chose n’est pas nouvelle : elle dure depuis Tocqueville et même Lafayette. Le scrutin a longtemps étonné de ce côté de l’Atlantique, par sa complexité et ses mœurs baroques, à mi-chemin entre le saloon et le casino, tant l’argent y compte plus encore qu’ici. L’élection de Kennedy fut la première à défrayer la chronique. Voici désormais que notre pays, en plus du grand scrutin présidentiel, se prend de passion pour les longues primaires, et désormais pour les « Midterms », ces élections de mi-mandat qui font l’objet d’un suivi médiatique constant, journalier. Comme si l’avenir du monde se jouait dans les plaines de l’Alabama ou de la Géorgie…

Une démocratie essoufflée et à bout de nerfs

Revoilà donc les énièmes conclusions, toujours les mêmes, qui pointent « deux Amériques face-à-face », celle des wokes et des trumpistes les plus extrêmes, lancés dans un interminable bras-de-fer.

Sur les écrans des chaînes d’information défilent les jeunes experts, biberonnés à House of Cards, Scandal et The West Wing ; trois séries qui romancent jusqu’au ridicule une vie politique américaine plus plate qu’il n’y paraît. Les voilà qui s’exclament du basculement d’un comté situé au fin fond du Wyoming ou qui qualifient « d’extrêmement cruciale » l’élection au poste de gouverneur de Pennsylvanie…

En sourdine, l’affrontement entre Biden et Trump

Plus drôle encore était l’alerte info émise par l’AFP, à quelques heures du scrutin. Notre vénérable agence titrait de la sorte : « Joe Biden et Donald Trump jouent leur avenir politique. » Il faut bien donner de l’ampleur ! Pour rappel, le milliardaire aux mèches blondes est âgé de 76 ans tandis que Joseph Robinette Biden (son vrai nom) fêtera, ce 20 novembre, son 80e anniversaire, sous le patio de la Maison-Blanche… Si nous souhaitons le meilleur à l’un comme à l’autre, on avouera tout de même qu’ils ont surtout beaucoup d’avenir derrière eux…

Pour rappel, les élections de mi-mandat sont assez multiples. Elles visent à renouveler la totalité des 435 sièges de la Chambre des Représentants – dont nous pourrions dire, en nous avançant un peu, qu’elle est l’équivalent de notre Assemblée nationale. Les démocrates y étaient majoritaires, sous l’impulsion fébrile de Nancy Pelosi. Ils vont laisser la main aux républicains qui virent majoritaires d’une très courte tête. Une défaite normale pour Joe Biden. Les élections de mi-mandat sont quasiment toujours défavorables au président en exercice. Elles sont, pour les électeurs, le moyen de lui envoyer un signal et de rééquilibrer la « balance of power », principe prépondérant de la démocratie américaine.

Le rôle important du Sénat

Les élections de mi-mandat concernent également le renouvellement d’un tiers du Sénat. La chambre-haute, au contraire de pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande-Bretagne, est la plus importante du système politique américain. Elle se compose de 100 membres élus au suffrage universel à raison de 2 sénateurs par État. La Californie ou la Floride y disposent ainsi du même nombre de sièges que l’Alaska ou Hawaï.

Pour l’heure, difficile de dire qui des démocrates ou des républicains l’emportera vraiment. Le plus probable est que certains sénateurs centristes, qu’ils soient officiellement de l’un ou de l’autre camp, continueront d’y faire l’appoint.

Et maintenant… la présidentielle !

Les « midterms » sont aussi l’occasion, pour bon nombre d’états, de procéder à l’élection du gouverneur. De ce point de vue, en Floride, la réélection de Ron DeSantis, un farouche républicain, considéré comme l’adversaire le plus crédible à Donald Trump, est à noter. Bien que lui aussi très à droite, il a remporté le scrutin avec 20 points d’avance sur son adversaire démocrate.

Les élections de mi-mandat à peine achevées, les États-Unis vont se lancer à corps perdu dans la pré-campagne présidentielle. Du côté démocrate, c’est pour l’heure l’expectative. Joe Biden, bien que très âgé et visiblement instable mentalement, compte tout donner pour se lancer dans un second mandat. Aucun adversaire crédible ne semble pour l’heure se dessiner face à lui… Surtout pas Kamala Harris, la vice-présidente quasiment muette.

Les républicains, en revanche, se préparent à une campagne très animée. Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, devrait y affronter un de ses administrés… Donald Trump. L’ancien président compte opérer un retour en force. Le 15 novembre, il prononcera, depuis sa résidence de Mar-a-Lago, au cœur de Palm Beach, une « Very Big Announcement ».

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