Le parti de Meloni s'est imposé aux élections législatives italiennes

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« Je suis une femme. Je suis une mère. Je suis italienne. Je suis chrétienne. Vous ne me le retirerez pas. » Le credo de la cheffe de file de Fratelli d’Italia a visiblement payé dans les urnes.

Une élection décisive pour l’avenir de notre continent s’est tenue dimanche 25 septembre, du Trentin à l’île de Lampedusa, sur l’ensemble du territoire de l’Italie. Rien de moins que la troisième économie de l’Union européenne.

Renouvellement intégral de la Chambre des Députés et du Sénat de la République. Les deux assemblées parlementaires sont élues au suffrage universel direct et disposent strictement des mêmes pouvoirs (bicamérisme parfait). Il faudrait un fascicule entier pour expliquer convenablement les subtilités florentines d’un mode de scrutin qui donne des migraines carabinées. Tentons le coup en une phrase : deux tiers des sièges sont répartis à la proportionnelle via des listes provinciales ; le dernier tiers est attribué au scrutin majoritaire par circonscription (comme en France). Ce fonctionnement vaut pour la Chambre comme le Sénat. Mais alors, quelle est l’utilité d’élire deux chambres, le même jour, avec les mêmes modalités de scrutin – et donc un résultat quasiment identique ? Mystère italien !

Comment Meloni est parvenue à doubler Salvini

Son nom est désormais connu dans l’Europe entière. Giorgia Meloni. En 2018, sa formation Fratelli d’Italia obtenait 4,35 % des voix (32 sièges à la Chambre ; 18 au Sénat). Une force d’appoint. Un petit parti aux marges de la vie politique. Elle est alors la femme derrière les deux fauves de la droite italienne : Salvini et Berlusconi. Dans un pays où l’union des droites est toute naturelle (le tabou est brisé depuis 1994) elle incarnait la frange la plus radicale, et très particulière, d’un prisme politique agité. « Post-fasciste », résume la presse européenne. « Conservatrice », préfère la candidate.

De 4,35 %, sa formation est passée en cinq ans à plus de 26 % (l’étiage exact reste encore à préciser). Étrange personnage que cette blonde aux yeux perçants, habillée à la dernière mode, dans une sorte de style bohème-chic inattendu. Baskets aux pieds, micro à la main, elle a écumé les places des grandes villes italiennes : Milan, Bergame, Bari, Palerme… Elle draine les foules, prend des selfies, tonne de sa voix grave, tutoie l’assistance, danse, chante… Mais ce n’est qu’une image. Meloni est une militante organisée, qui n’oublie jamais son sérieux. Elle veut séduire et surtout convaincre. Les milieux d’affaires italiens ne sont nullement effrayés par son arrivée prochaine au pouvoir.

Elle n’a pas fait l’erreur de Salvini, qui par sa posture de gai luron, presque de pitre, a visiblement lassé les électeurs. La « Lega », son parti historiquement implanté dans les terres du Nord, s’effondre littéralement. De 17 % des voix en 2018, il passe à près de 8 %. Toutefois, il participera au gouvernement de coalition avec Giorgia Meloni, et ambitionne déjà de retrouver le ministère de l’Intérieur.

L’infatigable Berlusconi lorgne la présidence du Sénat

Meloni devra également composer avec Silvio Berlusconi (85 ans). Forza Italia, son parti historique et personnel, ne pèse pas plus de 8 % des voix (contre 14 auparavant). Mais néanmoins, l’ancien propriétaire du Milan AC, toujours à la tête d’un empire médiatique – et désormais star de Tik Tok – sera indispensable à Giorgia Meloni. La coalition dite de « centre-droit » qui rassemble les écuries de Meloni, Salvini et Berlusconi devra, pour gouverner, demeurer unie. Pas si simple, tant les inimitiés, derrières les sourires, demeurent tenaces.

Le Président de la République, Sergio Matarella, va désormais devoir nommer le nouveau Président du Conseil des ministres (le chef du gouvernement, souvent faussement nommé par les médias français « Premier ministre »). Ce ne devrait pas être un casse-tête cette fois-ci. Le président sera une présidente. C’est d’ailleurs une première.

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